(BFM Bourse) – La monnaie de la zone euro est en baisse face au billet vert et recule ce vendredi suite aux indices PMI décevants. L’euro poursuit ainsi sa baisse entamée depuis plus d’un mois face à un dollar en grande forme.
L’euro poursuit sa chute face au dollar. La monnaie de la zone euro reculait de 0,44% face au billet vert ce vendredi vers 11h30, à 1,0428 $. Selon les données d’investing.com, la monnaie européenne est tombée jusqu’à 1,033 $ au cours de la séance, soit son plus bas niveau depuis fin novembre 2022.
La chute de l’euro a été brutale et s’est produite après la publication d’une vague d’indicateurs décevants. Le produit intérieur brut allemand a augmenté de 0,1% au troisième trimestre, a annoncé l’agence statistique Destatis dans un deuxième rapport. Ce qui est inférieur aux 0,2% de la première estimation de l’agence.
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Des PMI nettement inférieurs aux attentes
Il est important de noter que les indices PMI, indicateurs avancés de l’activité du secteur privé, ont montré une faiblesse surprenante. L’indice PMI composite, qui regroupe les services et l’industrie manufacturière, est tombé à 48 en octobre, selon S&P Global, après un indice de 50 le mois dernier. C’est un plus bas depuis dix mois.
Surtout, cette baisse n’avait pas du tout été anticipée par les économistes qui tablaient sur un indice de 50, chiffre qui marque la frontière entre une expansion et une contraction de l’activité.
«L’évolution de l’économie de la zone euro ne pourrait guère être plus défavorable. Alors que l’industrie manufacturière a plongé dans la récession en novembre, le secteur des services a enregistré une contraction de son activité après deux mois de croissance marginale”, a commenté Cyrus de la Rubia, économiste en chef de la Banque Commerciale de Hambourg, qui produit les données sur ces indices avec S&P. .
«Ceci n’est toutefois pas surprenant étant donné la situation politique actuelle dans les deux principales économies de la région : le gouvernement français manque de stabilité alors que des élections anticipées ont été annoncées en Allemagne. La récente élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis exacerbe encore le climat d’incertitude, la faiblesse de la situation économique n’est pas surprenante : les entreprises sont obligées de naviguer à vue », a-t-il expliqué.
“La forte baisse de l’indice PMI composite de la zone euro en novembre suggère que l’économie perd de sa dynamique au quatrième trimestre”, souligne Capital Economics.
Parité en vue
Ces données économiques délétères ont fait chuter les rendements obligataires des pays de la zone euro, le marché comprenant que la Banque centrale européenne a désormais une plus grande marge de manœuvre pour réduire les taux. Le rendement du titre de la dette allemande à 10 ans a perdu 6,3 points de base (0,063 point de pourcentage), à 2,257%, tandis que celui de même échéance sur la France a baissé de 5,2 points de pourcentage, à 3,05%.
Ces taux plus bas provoquent à leur tour une baisse de l’euro (plus les taux sont élevés, plus la demande d’une monnaie est forte, toutes choses égales par ailleurs).
Le nouvel accès de faiblesse de l’euro accentue sa baisse face au dollar. Depuis début octobre, la monnaie européenne a souffert, perdant 7% face au billet vert. En effet, le marché a anticipé (à juste titre) la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine.
Pour de multiples raisons, la politique souhaitée par le président élu américain est perçue comme favorable au dollar et donc défavorable à l’euro. D’abord parce que, bien que inflationniste, elle est censée amplifier la croissance aux Etats-Unis, ce qui soutiendrait la monnaie américaine. Ensuite parce que la hausse des droits de douane souhaitée par l’homme d’affaires, notamment vis-à-vis de la Chine, risque de nuire aux autres monnaies internationales.
Le programme de Donald Trump intègre « une possibilité réaliste de droits de douane américains de 60 % ou plus sur la Chine et de droits de douane généralisés de 10 % ou plus, augmentant les chances que les devises hors dollar américain se déprécient par rapport au billet vert pour anticiper la perte ». de compétitivité sur les marchés américains qu’impliquent les droits de douane», explique l’UBS.
À tel point que plusieurs bureaux d’études estiment que l’euro pourrait tomber sous la parité l’année prochaine. C’est le cas de Capital Economics, qui voit l’euro valoir 1 dollar ou moins « d’ici fin 2025 ».
Pour Deutsche Bank, « si le programme Trump est mis en œuvre rapidement et pleinement, sans une réponse politique compensatrice de la part de l’Europe ou de la Chine, nous pourrions voir l’eurodollar chuter à travers la parité jusqu’à « 0,95, voire en dessous ».
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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