(Kiev) L’Ukraine a utilisé pour la première fois des missiles britanniques à longue portée Storm Shadow contre le territoire russe, après avoir obtenu l’autorisation de Londres, ont rapporté mercredi des médias britanniques, au lendemain du lancement similaire de missiles américains ATACMS.
Publié à 6h41
Mis à jour à 15h40
Victoria LUKOVENKO
Agence France-Presse
Kiev réclamait depuis longtemps l’autorisation d’utiliser ces armes, mais l’Occident craignait la réaction de Moscou, qui présentait cela comme une ligne rouge.
Plusieurs missiles Storm Shadow, d’une portée de plus de 250 km, ont été lancés sur au moins une cible militaire russe, rapporte le Financial Times, citant trois sources anonymes, dont un responsable occidental informé de la frappe.
Le Royaume-Uni a donné son feu vert à l’utilisation de ces missiles contre le territoire russe en réponse au déploiement de troupes nord-coréennes pour aider l’armée russe, selon le quotidien. Le gardien.
Ni Kyiv ni Londres n’ont encore confirmé cette information.
Mardi, l’Ukraine a utilisé pour la première fois des missiles américains ATACMS, d’une portée de 300 km, contre une installation militaire dans la région russe de Briansk.
Elle a appelé les Occidentaux à ne pas alimenter « la tension » entretenue depuis plusieurs jours par Moscou, qui a une nouvelle fois recouru à sa rhétorique nucléaire face au feu vert donné par Washington aux frappes de missiles américains sur le territoire russe.
Plusieurs pays occidentaux ont fourni des missiles à longue portée à l’Ukraine, mais n’ont pas autorisé leur utilisation sur le territoire russe.
Le président américain Joe Biden, qui passera la main en janvier à un Donald Trump bien moins enclin à aider financièrement l’Ukraine, a finalement donné son feu vert à leur utilisation en Russie, a annoncé dimanche Washington.
Mines
La Russie a multiplié ces derniers jours ses avertissements à l’encontre de l’Ukraine et de l’Occident, en réponse au feu vert donné par les Etats-Unis à Kiev pour frapper le sol russe avec les missiles à longue portée qui lui ont été livrés.
L’administration de Joe Biden a par ailleurs annoncé mercredi son intention de fournir à l’Ukraine des mines antipersonnel, un type d’arme largement critiqué pour le nombre de victimes civiles qu’il provoque, y compris bien après la fin des conflits.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a toutefois assuré que ces mines étaient « très importantes » pour stopper l’avancée des soldats de Moscou.
L’armée russe continue d’avancer vers l’est et a revendiqué mercredi la prise d’une nouvelle ville proche de la ville de Kurakhové.
Selon Washington, les mines fournies à l’Ukraine seront « non persistantes », c’est-à-dire équipées d’un dispositif d’autodestruction ou d’autodésactivation.
Une organisation anti-mines, l’ICBL, prix Nobel de la paix en 1997, a condamné une “décision désastreuse des Etats-Unis” et appelé l’Ukraine à refuser d’utiliser ce type d’armes.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a accusé les États-Unis d’être « pleinement déterminés à prolonger la guerre en Ukraine ».
La Russie a également de nouveau émis des avertissements nucléaires ces derniers jours, tout en accusant l’Occident de « vouloir l’escalade ».
Selon sa nouvelle doctrine sur l’usage des armes nucléaires, rendue officielle mardi, la Russie peut désormais les utiliser en cas d’attaque « massive » d’un pays non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, une référence claire à l’Ukraine. et aux États-Unis.
Ce changement « exclut de facto la possibilité de vaincre les forces armées russes sur le champ de bataille », a souligné mercredi le chef des renseignements étrangers russes, Sergueï Narychkine, suggérant que la Russie aurait recours à la bombe atomique plutôt que de risquer la défaite. dans une guerre conventionnelle.
Washington, Paris, Londres et l’Union européenne ont dénoncé une attitude « irresponsable », tandis que Kiev a exhorté ses alliés « à ne pas céder à la peur ».
Le président chinois Xi Jinping, en visite d’État au Brésil, a appelé à “rassembler davantage de voix engagées en faveur de la paix pour ouvrir la voie à une solution politique” au conflit, après avoir rencontré son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, selon les informations officielles de Xinhua. agence a rapporté.
Le partenaire crucial de Moscou, la Chine, est accusé de participer à l’effort militaire russe.
Dans le même temps, le Brésil, le Chili, la Colombie et le Mexique ont exhorté « toutes les parties impliquées à respecter leurs engagements internationaux et à donner la priorité au dialogue et à la recherche de la paix », ainsi qu’à « éviter les actions qui aboutissent à une course aux armements », selon un communiqué de presse commun.
Fermeture des ambassades
L’Ukraine s’est agacée mercredi de la fermeture temporaire des ambassades occidentales qui craignaient les bombardements russes, soulignant que la menace était “quotidienne” depuis le début de l’invasion en février 2022.
Au moins cinq ambassades occidentales, celles des Etats-Unis, d’Espagne, d’Italie, de Hongrie et de Grèce, ont annoncé leur fermeture temporaire pour la journée de mercredi.
Cela fait suite à un avertissement de l’ambassade américaine, qui a mis en garde contre une « possible attaque aérienne importante » contre l’Ukraine.
La diplomatie ukrainienne a démenti mercredi que le risque soit plus élevé, ajoutant que la menace de frappes était « une réalité quotidienne pour les Ukrainiens ».
Pour Volodymyr Zelensky, la diffusion de ce type d’informations ne fait qu’« aider la Russie ». Lui aussi a déclaré que la menace reste la même : la Russie est « tout aussi folle » aujourd’hui qu’elle l’était au premier jour de l’invasion.
Les frappes de drones et de missiles, parfois massives, sont quasi quotidiennes à Kiev depuis des semaines et très régulières depuis le début du conflit, il y a près de trois ans.
Des alertes anti-aériennes ont retenti à plusieurs reprises dans la capitale pendant la nuit et le jour et des drones ont été abattus. Aucune victime n’a été enregistrée.
Une frappe russe contre un village de l’est de l’Ukraine, près de Kramatorsk, a en revanche tué mercredi un garçon de 11 ans et blessé sa sœur et son grand-père, selon le parquet régional.
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