Au péage du Boulou, tout proche de la frontière franco-espagnole entre Barcelone et Perpignan, le blocage installé mardi midi dans le sens Espagne-France sur l’A9 tient toujours.
“Nous sommes toujours fermement attachés à notre action, nous avons le renfort de personnes qui n’étaient pas là hier”, a expliqué à l’AFP Philippe Maydat, président de la Coordination rurale (CR) des Pyrénées-Orientales.
Pour le deuxième syndicat agricole, qui a lancé mardi une vague d’actions, l’objectif est de bloquer “à terme” le trafic des poids lourds allant de l’Espagne vers la France.
Selon les autorités françaises, en lien avec leurs homologues espagnoles, « des déviations ont été mises en place pour limiter les perturbations ».
D’autres actions de la CR sont attendues mercredi en Occitanie, où un nouveau blocage est annoncé dans la matinée à la frontière espagnole à Fos, en Haute-Garonne.
A l’autre bout de la France, à Charleville-Mézières, des agriculteurs ont passé la nuit devant la préfecture des Ardennes, également à l’appel de la CR. Ils installaient de la paille dans des camions à bestiaux et dormaient dans des sacs de couchage, selon le dirigeant syndical Thierry Lebègue.
Ils prévoient encore d’y rester une partie de la journée et ensuite “probablement d’aller bloquer les frontières et on espère que ça suivra partout, jusqu’en Allemagne”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Alors que l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) a également manifesté en début de semaine, avec des actions symboliques comme l’allumage de « feux de colère » à la tombée de la nuit, le CR a choisi des méthodes de contestation plus virulentes.
Mardi, outre le blocage à la frontière espagnole, des manifestants CR ont déversé déchets et fumiers devant plusieurs préfectures. A Guéret, la porte d’entrée de l’Office français de la biodiversité a été forcée.
Selon des images diffusées par le journal La Montagne, il s’agissait de manifestants portant des casquettes jaunes et des gilets de la Coordination rurale.
Mercredi matin, le ministre de l’Agriculture a estimé sur France 2 que les « actes de dégradations, de blocages à la frontière espagnole » n’étaient « pas acceptables » et risquaient d’entamer la « sympathie » des Français envers la profession.
Moins d’un an après une mobilisation historique, les syndicats agricoles estiment ne pas avoir suffisamment progressé.
L’alliance majoritaire FNSEA-JA prévoit également de manifester à nouveau “mardi, mercredi et jeudi prochains” pour dénoncer les obstacles à l’agriculture”, a annoncé mercredi sur franceinfo le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
La semaine prochaine, « dans chaque département », ces syndicats « cibleront les contraintes ou obstacles qu’ils jugent importants. Il peut s’agir de représentants de l’État, d’agences, il peut s’agir de liens avec des administrations. Ce sont eux qui décideront», a esquissé Arnaud Rousseau.
« L’objectif est une fois de plus de faire pression pour dénoncer aujourd’hui ce qui n’est pas acceptable. Et, je le répète, toujours dans le respect des biens et des personnes», a-t-il ajouté, affirmant se distinguer des actions organisées par le CR.
A la campagne, « tout le monde est à bout. Et quand on est à bout, d’appeler au chaos, je considère que c’est totalement irresponsable”, a-t-il déclaré sur franceinfo.
La veille, la FNSEA et JA avaient salué « une première victoire » après l’annonce de la tenue d’un débat suivi d’un vote le 26 novembre à l’Assemblée nationale sur le traité de libre-échange négocié entre l’UE et les pays du Mercosur, en grande partie rejeté en l’état par la classe politique française.
Ces manifestations paysannes se tiennent à quelques semaines de leurs élections professionnelles, qui détermineront la gouvernance des chambres d’agriculture et les subventions versées à chacune.
A la tête de trois chambres d’agriculture (Lot-et-Garonne, Vienne, Haute-Vienne), le CR entend « prendre 15 à 20 » à la FNSEA à l’issue des élections de janvier.
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