« Poutine est concentré sur la victoire. Cela ne s’arrêtera pas tout seul. Plus il dispose de temps, plus les conditions se détériorent. » C’est ce qu’a déclaré mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un discours devant le Parlement européen. Recevant une standing ovation des députés, ce discours est venu marquer une date symbolique : les 1 000 jours depuis que son pays a été attaqué par les forces armées russes, déclenchant le plus grand conflit que l’Europe ait connu sur son sol, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Guerre.
Guerre en Ukraine : feu vert à l’utilisation de missiles à longue portée
Trois jours avant cette déclaration, l’administration Biden avait autorisé Kiev à utiliser des missiles américains à longue portée sur le territoire russe. Une mesure considérée par le Kremlin comme une ligne rouge à ne pas franchir, qui a en réponse annoncé mardi la signature d’un décret élargir ses possibilités de recours aux armes nucléaires. Parallèlement, l’intensification de ses bombardements aériens sur la capitale ukrainienne, ainsi que sur les infrastructures énergétiques du pays. toin’est pas considéré comme une posture« escalade » par Emmanuel Macron, qui a appelé hier Vladimir Poutine “raisonner”.
Cette nouvelle situation militaire est-elle annonciatrice d’une escalade incontrôlable du conflit, même au-delà des frontières ukrainiennes ? ETéléments de réponse en quatre points.
1. L’Ukraine est désormais mieux armée contre la Russie
«Si des missiles à longue portée sont utilisés depuis l’Ukraine vers le territoire russe, cela signifie qu’ils sont exploités par des experts militaires américains. Nous considérerons cela comme une nouvelle phase dans la guerre occidentale contre la Russie et réagirons en conséquence.» C’est ce qu’a déclaré Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, mardi au G20, à la suite du lancement de six missiles américains à longue portée ATACMS contre un site militaire dans la région frontalière russe de Briansk.
La Russie accuse l’Ukraine de tirer des missiles américains
Sans précédent depuis le début du conflit en Ukraine, l’usage de ces missiles stratégiques a un impact « impact immédiat »selon Cyrille Bret, spécialiste des questions de défense, et chercheur associé aux instituts Montaigne et Jacques Delors : « Ce nouvel équipement permet aux forces armées ukrainiennes de frapper les bases arrière russes qui ravitaillent ses unités sur le front. Cela permet, sur ce point, de réduire une certaine inégalité, car la Russie pourrait déjà utiliser ce type d’équipement contre l’Ukraine. »
Un autre avantage de l’utilisation des missiles ATACMS pour l’Ukraine selon l’expert : « Arriver autant que possible dans une position de moindre affaiblissement en vue des prochaines négociations sur l’issue du conflit. »
2. Il ne s’agit pas d’une déclaration de guerre de l’OTAN à la Russie
“Court terme”ajoute le chercheur, l’utilisation des missiles ATACMS peut être considérée comme un « aggravation du conflit ». Ceci, dans la mesure où les États-Unis «n’assure plus uniquement l’autodéfense de l’Ukraine»mais permettez-lui d’attaquer la Russie elle-même. « Le Kremlin considérera sûrement que les Occidentaux repoussent les limites de la cobelligérance »précise le chercheur.
Guerre en Ukraine : l’Otan « ne cédera pas » dans son soutien à Kiev, prévient Mark Rutte
De là à considérer cette initiative comme une déclaration de guerre de la part de l’Otan ? “Non, dans la mesure où aucune troupe portant l’uniforme de l’OTAN n’est engagée en Russie et qu’il n’y a pas eu de déclaration officielle de guerre entre les deux camps.”répond le spécialiste de la défense. « D’un autre côté, cette nouvelle situation sera largement utilisée par la Russie pour sa propagande contre l’Occident et l’Alliance transatlantique. »
3. La Russie ne devrait pas utiliser ses armes nucléaires
Mardi en fin d’après-midi, la Russie a annoncé avoir procédé à de nouveaux exercices militaires nucléaires, sous la supervision du président Vladimir Poutine. Plus tôt dans la journée, ces derniers ont signé un décret élargissant les possibilités de recours aux armes nucléaires. « Parmi les conditions justifiant le recours à l’arme nucléaire figure le lancement de missiles balistiques contre la Russie »indique le décret.
De quoi susciter de nouvelles inquiétudes quant à l’usage de ces armes, bien plus puissantes que leurs homologues conventionnelles. Sur ce point, Cyrille Bret tient à rassurer : « En apparence, nous avons l’impression qu’il y a un abaissement du seuil d’utilisation du feu nucléaire russe. Mais en réalité, rien ne suggère que le Kremlin puisse l’utiliser efficacement. »
Vladimir Poutine modifie dangereusement les règles d’utilisation des armes nucléaires
Et le chercheur évoque deux raisons à cela. D’une part, sur le plan militaire, la Russie est “à l’offensive”elle gagne ” succès “ avec ses armes conventionnelles, et il voit que les capacités de résistance des forces ukrainiennes “sont limités”. En revanche, avec le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, Vladimir Poutine « est plutôt en position de force pour négocier la fin du conflit ». Et de préciser : « À cette fin, recourir au feu nucléaire serait totalement contre-productif. »
4. Poutine retarde les négociations avec Trump
Raison pour laquelle le chercheur estime que l’augmentation de l’intensité du conflit en Ukraine sur le plan militaire est certainement due à « notable », mais ne sera que « à court terme ». « Poutine prédit que le président Trump, contrairement à Biden, annulera l’autorisation des missiles américains à longue portée »analyse Cyrille Bret. Ceci, pour être fidèle à sa promesse électorale de mettre fin à la guerre en Ukraine en “24h”et ainsi soulager les États-Unis du fardeau financier que représente le soutien militaire à l’Ukraine.
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