The Marseillaise: Quel bilan dressez-vous de votre action depuis votre prise de fonction à la tête de Toulon ? ?
Josée Massi : Je n’ai pas occupé ce poste depuis très longtemps, moins de 18 mois, après ce tsunami arrivé en avril 2023. C’est vrai que j’ai fait des progrès très rapides, puisque je rappelle que je figurais seulement sur la liste d’Hubert Falco en 2014, avec l’idée d’être utile à ma ville, pas de faire de la politique. Ainsi, de douzième adjoint dans un domaine que je connais bien, qui est l’éducation et la petite enfance, je suis passé à deuxième adjoint, puis premier adjoint. Et puis six mois plus tard, maire de Toulon.
Ce que je peux dire, c’est que nous avançons chaque jour dans tous les domaines conformément à la feuille de route pour laquelle nous avons été élus en 2020 et que nous devons respecter. Même si, bien sûr, j’y mets un peu ma touche.
Par exemple, nous avons lancé la construction de cinq groupes scolaires. Y compris celle de Saint-Roch, dont les travaux ont déjà commencé, puisque la moitié de l’école a déménagé à Filippi. Nous avons aussi Cousteau. Mais aussi Beaucaire, où la Ville a acheté le terrain de la CAF. Une bataille difficile, car les promoteurs voulaient construire sur ce terrain. Il est vrai qu’un terrain de 12 000 m² au cœur de Beaucaire faisait envie. Mais nous nous sommes battus. Et aux côtés du groupe scolaire, nous en ferons le pendant de la Maison des services de Sainte-Musse. Et cela devrait aller plus vite, puisque le bâtiment est utilisable tel quel. Donc, je pense que cela arrivera en 2025. C’est important car je suis aussi très attaché à la prévention.
Le groupe scolaire du parc Raoulx rencontre quelques réticences…
JM : Donc là, c’était un choix de ma part de ne pas laisser partir les cliniques. Vous avez suivi la bataille, avec La Crau qui voulait regrouper deux cliniques à Toulon et Hyères. J’ai accepté une construction de plus sur la Crau, pour ne pas nous en enlever deux. Il y a des gens qui ont des difficultés à se déplacer, qui sont très contents de se rendre à celui de Saint-Jean-du-Var. J’ai donc travaillé avec le groupe Sainte-Marguerite. Même si je ne suis pas apparu dans les journaux. C’est un peu ma méthode. Leur souci était de s’agrandir pour disposer de plateaux techniques plus performants. Et pour trouver une solution, nous avons mis sur la table la carte du quartier de Saint-Jean-du-Var.
Je suis désolé, mais le seul endroit où nous pouvons construire est au nord du parc Raoulx. Attention, ce n’est pas tout le parc Raoulx. Il faut savoir aussi que ces deux écoles sont de type Pailleron [du nom du collège parisien dont l’incendie en 1973 avait coûté la vie à 16 adolescents, Ndlr]. Et que l’école maternelle de la Pinède, qui se trouve juste au-dessus des tours Sainte-Catherine, reçoit aussi des déchets. Nous avons également été obligés de mettre en place un filet pour la protéger.
J’ai donc consulté la communauté éducative, les directeurs et les enseignants. Nous avons rencontré les parents des élèves.
Il nous fallait un groupe scolaire qui ne soit pas trop loin non plus. La seule possibilité était le nord du parc Raoulx. Mais je comprends les riverains, même si ce sont parfois les mêmes qui m’ont dit qu’il fallait faire quelque chose pour le parc Raoulx parce que c’était un deal point. Nous allons donc apporter une assistance à maîtrise d’ouvrage pour construire une école la plus écologique possible sans détruire les arbres.
Et surtout, nous allons refaire un parc à la place de l’école maternelle de la Pinède. J’ai reçu des riverains et nous continuerons à les impliquer dans la concertation. Mais je le répète, nous vous donnerons une grande école et nous compenserons au mètre carré.
Concernant les grands projets prévus comme « de Mayol à Pipady », on entend un peu tout et n’importe quoi. Rassurez-nous ce n’est pas abandonné ?
JM : Pas du tout. C’est toujours en cours. et je vous invite à aller voir. Mais cela ne se fait pas d’un simple claquement de doigts. Je vous rappelle qu’il nous a fallu 15 ans pour réaliser Chalucet. En tout cas, les travaux ont commencé. Vous avez peut-être vu que la Défense a réalisé un nouvel accès qui est presque terminé. Cela prend des mesures. Et c’était important. Mais compte tenu du contexte national et international, certains ajustements devront sûrement être apportés. Nous avons réalisé ce projet en 2019 et en 5 ans, il s’est passé beaucoup de choses… Mais il y aura une ouverture sur la mer.
Votre opposition de gauche reconnaît en tout cas la qualité de votre écoute et la prise en compte de certaines de leurs demandes.
JM : C’est ma façon de fonctionner. Avec l’opposition de gauche, je veux dire. Parce que je ne conteste pas les extrêmes.
Sinon tout le monde peut avoir de bonnes idées. Déjà, côté éducation, ils sont plutôt satisfaits. Quoi qu’il en soit, je crois au dialogue. Là, par exemple, nous allons faire des consultations. Nous nous sommes rendu compte cet été que, concernant les plages du Mourillon, nous avions des marges de progression. Il a fallu écouter les restaurateurs, les riverains et les usagers.
Nous avons donc mis en place une concertation pour l’été 2025. Et j’ai chargé un conseiller municipal qui est aussi directeur du Yacht club, Pierre Parvigon, de le faire avec tout le monde pour voir ce qu’on peut améliorer pour mieux vivre ensemble. sur les plages du Mourillon l’année prochaine, en juillet et août essentiellement, lors de la forte fréquentation.
C’est un endroit populaire où l’on vit bien ensemble mais il y a un certain nombre de règles à retenir. Et peut-être qu’au lieu de prendre une dizaine de décrets, on pourrait simplement édicter des règlements sur les plages.
Ces réductions brutales des subventions communautaires ne mettront-elles pas en danger le développement de notre ville ?
JM : Il est certain que les réductions de financement affecteront la ville, comme toutes les communautés. C’est obligatoire. Mais nous avons de la chance. Parce que quand même, j’ai envie de le dire, depuis 20 ans, la ville est très bien gérée. Nous avons un niveau de réduction de la dette de 1,4 an. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de municipalités dans cette situation. Nous faisons partie du top 3 des communes qui se désendettent. Et nous avons des économies importantes. Nous pourrons donc absorber le choc sans réduire nos investissements. Nous resterons toujours au niveau de 60 millions d’euros.
Quant au montant exact de la réduction des dotations, nous en reparlerons vendredi, en conseil municipal lors du débat d’orientation budgétaire. Mais c’est sûr qu’on est au bout de la chaîne, puisque la Région, je crois, c’est 150 millions d’euros. Le Département, 51. La Métropole, 15… Mais je le répète, nous saurons absorber. Pouvez-vous imaginer? Cinq groupes scolaires, une base nautique, la médiathèque Marnata… Même si c’est vrai qu’il faudra être très prudent. Avez-vous de l’anxiété? Moi, non.
Ce qui est bien plus inquiétant, c’est que malgré l’état de délabrement dans lequel le FN a quitté Toulon au début des années 2000, l’extrême droite reste une menace sérieuse.
JM : Exactement. Oui, cela ne nous a pas donné de leçon, semble-t-il. Pourtant, lorsque nous avons récupéré la Ville en 2001, elle était endettée de 220 millions. Il nous a fallu trois mandats pour assainir nos finances. Alors, les Toulonnais auront-ils la mémoire courte ? Je ne sais pas. Je n’y crois pas. Regardez, au niveau législatif, c’est vrai, que le Var a envoyé 8 députés RN sur 7 à l’Assemblée nationale. Mais pas à Toulon où Mme Lavalette a obtenu le score le plus bas. Donc. Nous resterons donc optimistes. Et puis nous allons nous battre. Ce que je peux te dire, c’est qu’ils n’ont pas changé, tu sais…
Cela m’amène à vous poser la question… Si les circonstances étaient nécessaires, accepteriez-vous de mener la liste ?
JM : Nous verrons. Pour le moment, les procédures judiciaires ne sont pas terminées. Il y a peut-être encore de l’espoir pour le retour d’Hubert Falco qui fut un très grand maire. Nous saurons tout cela au premier trimestre 2025.
Mais au cas où il ne pourrait pas revenir, nous nous réunirons et il y aura une liste de la majorité municipale. Oui, c’est sûr.
Après, qui la conduira ? Il est un peu tôt pour le dire. Nous verrons. Il faudra voir qui est la personne la plus à même de mener la liste. Nous sommes une équipe et j’ai la chance d’avoir une solide majorité. En 18 mois, aucune voix ne lui a manqué. Il aurait pu y avoir des voix divergentes quand on voit les ambitions des uns et des autres ailleurs. Je n’ai pas 40 ans de politique. Je suis en espèces. Et je reste persuadé que nous ne partageons pas les mêmes valeurs avec le Rassemblement national. Nous devrons donc mener la bataille ensemble.
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