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Kamel Daoud accusé de s’être approprié le récit d’une victime de la “décennie noire” dans “Houris”, prix Goncourt 2024

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L’écrivain Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt, à son arrivée au restaurant Drouant, à Paris, le 4 novembre 2024. GREGOIRE CAMPIONE/AFP

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Un Algérien rescapé d’un attentat accuse l’écrivain d’avoir exploité son drame sans son accord pour écrire son roman sur la guerre civile des années 1990. Gallimard, l’éditeur de Kamel Daoud, parle d’attentats “diffamatoires”.

L’histoire a commencé à se répandre comme une traînée de poudre ce week-end. Vendredi 15 novembre, la chaîne de télévision algérienne One a diffusé un entretien avec Saâda Arbane, victime d’un attentat terroriste lors de la guerre civile algérienne des années 1990. Ayant survécu à une tentative d’égorgement, la jeune femme parle aujourd’hui grâce à une canule. Ses paroles, bien que difficiles à entendre, pourraient avoir un effet dévastateur sur l’écrivain Kamel Daoud, qui vient de recevoir le prix Goncourt pour son roman “Houris” (Gallimard), un livre sur la “décennie noire”, sujet tabou en Algérie. . .

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La trentenaire, qui a vu une partie de sa famille se faire massacrer, estime que Kamel Daoud s’est approprié et exploité son histoire pour écrire son livre, dont le narrateur, Aube, a également survécu à une gorge tranchée. Saâda Arbane a ainsi énuméré les similitudes entre le personnage du roman de Daoud et sa propre vie : « la cicatrice au cou, les séquelles physiques d’un égorgement raté, l’absence de voix, le traumatisme d’un massacre familial ». Comme elle, Aube tient un salon de coiffure et possède des tatouages.

Plus sérieusement, Saâda Arbane affirme que « Houris » reprend des éléments plus personnels, notamment sa relation avec sa mère ou son envie d’avorter. Des faits qu’elle aurait confiés lors d’une thérapie, en 2015, à une psychiatre qui deviendra l’épouse de Kamel Daoud. Elle évoque également les rencontres ultérieures avec le couple Daoud, où l’écrivain lui-même lui propose de raconter sa tragédie. « Il y a trois ans, j’ai été invité par MMoi Daoud a pris un café chez eux, selon Hasnaoui [à Oran]. Kamel Daoud m’a alors demandé s’il était possible de raconter mon histoire dans un roman, j’ai refusé », a-t-il déclaré lors de son entretien.

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Après avoir découvert l’existence de « Houris », grâce à une amie vivant en , Saâda Arbane estime avoir été trahie, notamment par l’épouse de Kamel Daoud qui a violé les règles de déontologie en révélant son histoire. Le journal algérien “El Watan”, qui a couvert l’affaire, souligne que cette histoire pourrait donner lieu à des poursuites judiciaires. « violation du secret professionnel ».

Dans l’entretien que Kamel Daoud avait accordé au « Nouvel Obs » en septembre, il ne cachait pas qu’il s’était inspiré de vraies personnes pour le personnage de l’Aube :

« Oui, j’ai connu une femme avec une canule, mais pas seulement une femme mutilée, car se trancher la gorge était le modus operandi des islamistes. Cette image a provoqué en moi une forte impulsion pour ce que je ne pouvais pas dire. Elle était la véritable métaphorisation de cette histoire qui ne peut être racontée même si elle est douloureuse. D’ailleurs, mon personnage central ne pouvait être qu’une femme, car ce sont les femmes qui, dans le monde dit arabo-musulman, sont réduites au silence et qui, dans les guerres, sont les victimes qui ne sont jamais « réparées ». »

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Contacté ce lundi 18 novembre, l’écrivain franco-algérien, qui vit actuellement en France et dont le roman est interdit en Algérie, n’a pas souhaité s’exprimer. Gallimard, sa maison d’édition, a plutôt publié un communiqué. Son PDG Antoine Gallimard dénonce les attentats “diffamatoire” contre Kamel Daoud.

« Si « Houris » s’inspire des événements tragiques survenus en Algérie lors de la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels »dit Antoine Gallimard. « Depuis la parution de son roman, Kamel Daoud fait l’objet de violentes campagnes de diffamation orchestrées par certains médias proches d’un régime dont on connaît la nature »poursuit le directeur de la maison d’édition, qui s’est vu interdire de présenter ses ouvrages au Salon international du livre d’Alger, qui s’est terminé samedi.

«Après l’interdiction du livre et de notre maison d’édition au Salon du livre d’Alger, c’est au tour de son épouse, qui n’est en aucun cas à l’origine de l’écriture de «Houris», de voir son intégrité professionnelle mise à mal»poursuit l’éditeur.

 
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