La croissance exponentielle des polymères et de leur utilisation est dénoncée depuis plusieurs années par des associations qui pointent ses conséquences, tant en termes environnementaux que sanitaires. “Cette recommandation mérite d’être complétée pour mieux comprendre l’impact des coûts de la pollution plastique sur la société et aussi pour mieux comparer le plastique au verre et au papier.», a expliqué, jeudi 14 novembre, le député Philippe Bolo lors de la présentation à la presse des conclusions du rapport sur les impacts sanitaires des plastiques. Le document, publié par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), dresse un état des lieux inquiétant de l’exposition humaine aux microplastiques et substances chimiques associées, soulignant les coûts économiques exorbitants pour la société.
4000 produits chimiques toxiques
Prenant soin d’indiquer les limites actuelles de la science, dues au manque de méthodologie et à la composition complexe des matériaux, le parlementaire a rappelé les faits. Les humains sont exposés aux plastiques par leur alimentation, leur respiration et leur contact cutané. “En région parisienne, 3 à 10 tonnes de plastiques présentes dans l’air sont déposées par an, principalement des fibres et on inhale jusqu’à 30 millions de particules plastiques par an. L’inhalation de microplastiques est au moins aussi importante que l’ingestion», précise le rapport. Outre les conséquences connues sur le système respiratoire et les organes d’absorption, l’élu de la 7e circonscription du Maine-et-Loire a insisté sur la dangerosité des substances chimiques contenues dans la matière pétrochimique. “Plus de 4 000 produits chimiques sur les 16 000 répertoriés peuvent être classés comme dangereux. Leur caractère toxique pour l’environnement, notamment aquatique, mais aussi pour la santé humaine, est scientifiquement bien documenté..»
Le vrai coût du plastique
Trois d’entre eux sont particulièrement pertinents : les polybromodiphényléthers (PBDE) utilisés comme ignifugeants dans les produits textiles ou électroniques ; le bisphénol A (BPA), présent dans les canettes et les canettes ; les phtalates et particulièrement le DEHP – bis(2-éthylhexyl) phtalate qui sert à ramollir le plastique. Faisant le lien entre l’exposition humaine à des substances et les problèmes de santé qui en résultent (malformations génitales, perturbations endocriniennes, troubles du développement cognitif de l’enfant, etc.), le député a mis en garde contre le coût pour la société. Une « méga-étude » exploratoire réalisée en 2024 aux Etats-Unis donne une petite idée de ce à quoi s’attendre. “Le coût de l’exposition à ces substances est estimé à 675 milliards de dollarsa indiqué Philippe Bolo. Même si nous avons une incertitude de 30 ou 40% sur cette étude exploratoire qui est une des premières, nous avons toujours affaire à des montants financiers qui sont loin d’être négligeables. ».
De quoi mettre à mal un argument souvent utilisé par l’industrie pour privilégier le plastique. Le matériel serait bien plus cher qu’on l’imagine. “Quantifier les externalités négatives du plastique remet en question l’idée répandue selon laquelle le plastique est bon marché», a affirmé l’élu. Reste désormais à savoir si cet argument, ajouté à la longue liste de ceux avancés par les pays de la coalition Haute Ambition pour mettre fin à la pollution plastique, fera mouche.
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