(BFM Bourse) – Le métal précieux a perdu environ 5% depuis la victoire des Républicains le 6 novembre. Le dollar a souffert de la hausse des taux d’intérêt et d’un retour à la prise de risque sur les marchés. Mais UBS estime que l’or pourrait encore coûter environ 3 000 dollars l’once l’année prochaine.
La folle envolée de l’or sur le marché a semblé résister à absolument tout, avec de nombreux records battus à maintes reprises depuis le début de l’année.
Le rallye de l’or s’est toutefois heurté à un obstacle majeur : l’élection de Donald Trump. Depuis la victoire du républicain à l’élection présidentielle du 6 novembre, le métal précieux a perdu du terrain, chutant de 6% au fixing (cours de clôture de référence) du vendredi 15 novembre. Selon UBS, il s’agit de sa pire semaine post-élection présidentielle depuis Victoire de Ronald Reagan en 1980.
Ce lundi, le métal précieux reprend un peu de couleur en gagnant 1,4% à 2.606 dollars l’once. Depuis le 6 décembre, sa baisse est actuellement de 5%.
L’or évolue ainsi contre les bourses qui ont clairement profité (du moins à Wall Street) du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives et obtenez un aperçu du portefeuille de trading
Fort en dollars
Pourquoi l’homme d’affaires a-t-il endommagé l’or sur les marchés ? Les raisons semblent assez nombreuses. La victoire de Donald Trump s’est traduite par un regain d’appétit pour le risque sur le marché, ce qui pourrait pénaliser l’or et son éternel statut de valeur refuge.
“Le déclin de l’or dans le contexte de la victoire de Trump marque un changement de sentiment, certains investisseurs choisissant désormais de se diversifier loin des actifs refuges”, a déclaré Fawad Razaqzada, analyste de marché chez City Index et Forex.com, à Marketwatch.
D’autres facteurs plus techniques ont pu entrer en jeu. Tout d’abord, l’or a été plombé par la hausse du dollar, elle-même portée par la politique économique de Trump. Notamment sa volonté d’introduire des droits de douane, un mécanisme protectionniste qui favorise le billet vert au détriment des autres monnaies. Cette mesure «augmente les chances que les monnaies hors dollar se déprécient par rapport au billet vert pour anticiper la perte de compétitivité sur les marchés américains impliquée par les droits de douane», explique l’UBS.
Cependant, comme pour de nombreuses matières premières, le prix de l’or est libellé en dollars. Une hausse de la monnaie américaine rend l’or plus cher, toutes choses égales par ailleurs, pour les investisseurs dont la monnaie de base n’est pas le dollar.
«Il y a eu un net retour aux corrélations négatives entre l’or et le dollar américain», explique UBS.
Des taux d’intérêt défavorables
En outre, la politique économique de Donald Trump, notamment la réduction de l’impôt sur les sociétés, est perçue comme inflationniste et susceptible d’accroître le déficit budgétaire. L’élection de l’homme d’affaires a ainsi entraîné une envolée des rendements obligataires. Le taux des obligations américaines à 10 ans a dépassé 4,5% la semaine dernière, ce qui n’était plus arrivé depuis mai. Dans le même ordre d’idées, le marché a revu à la baisse ses attentes d’une baisse des taux de la Fed pour les prochains mois.
Ce qui pénalise encore une fois l’or. En théorie, l’évolution du métal précieux est négativement corrélée à celle des taux d’intérêt. Plus les taux d’intérêt sont élevés, moins l’or est attractif, toutes choses égales par ailleurs. Contrairement aux actions (avec dividendes) et aux obligations (avec coupons), l’or ne produit pas de revenus. Son prix est par conséquent impacté par une hausse (ou une moindre baisse) des taux d’intérêt, car il devient alors de moins en moins intéressant d’investir son argent dans l’or plutôt que de l’investir.
« Historiquement, des taux plus bas réduisent le coût d’opportunité de la détention d’actifs sans rendement comme l’or, ce qui les rend plus attractifs pour les investisseurs. Cependant, les attentes ont depuis (l’élection de Trump) ) été considérablement réduites (…) Les rendements réels restant élevés, l’attrait de l’or comme alternative aux actifs portant intérêt a diminué, érodant l’un de ses principaux piliers de soutien », explique Stephen Innes. de SpiAM.
Vers un rebond ?
Deutsche Bank pointe un autre facteur technique : une baisse potentielle de la demande des banques centrales émergentes, qui achetaient beaucoup d’or depuis de nombreux mois. «Le raisonnement est simple : la politique de Trump risque d’exercer une pression à la baisse sur de nombreuses monnaies des marchés émergents, notamment sur le yuan. Par extension, de nombreuses banques centrales doivent désormais dépenser leurs réserves en dollars pour défendre leur monnaie contre les sorties de capitaux et empêcher un affaiblissement excessif. Nous avons montré que les banques centrales asiatiques ont diversifié leurs avoirs en or. Ils doivent désormais dépenser davantage de dollars pour défendre leur monnaie.
Toutefois, ces facteurs ne peuvent jouer qu’à court terme. Après la récente baisse de l’or, UBS estime que le métal précieux va rebondir. La banque suisse prévoit que l’or se situera à 2 750 dollars l’once fin mars, à 2 850 dollars fin juin et à 2 900 dollars fin septembre.
La banque suisse prévoit que les banques centrales émergentes continueront d’acheter de l’or pour diversifier leurs réserves en 2025. Elle juge également que les risques liés à l’agenda politique de Trump en matière de commerce et de finances publiques inciteront, dans les prochains mois, les investisseurs à acheter de l’or pour couvrir leurs réserves. paris.
Rajeev De Mello, gestionnaire de portefeuille chez Gama Asset Management, explique à Bloomberg que si Donald Trump crée des perturbations économiques et géopolitiques, les banques centrales chinoises ou russes pourraient être tentées d’acheter davantage d’or pour s’éloigner du système du dollar standard.
« De nombreux gestionnaires de réserves de pays « amis » et « neutres » seront un peu plus préoccupés par une politique étrangère plus erratique et par ses implications sur la sécurité de leurs réserves », affirme-t-il.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
Related News :