Divisés sur la suite à donner aux propos controversés du député Haroun Bouazzi au sujet du racisme à l’Assemblée nationale, les délégués de Québec solidaire (QS) ont adopté une motion d’urgence pour épargner la chèvre et le chou, dimanche, à la toute fin d’un congrès dont les débats ont été éclipsés par cette affaire.
La résolution – débattue à huis clos, loin des journalistes – a été adoptée à l’unanimité. forte majorité
votes, a déclaré le parti, une fois le vote terminé.
Il a finalement été décidé que le Congrès :
-
réaffirme son engagement historique et fondamental en faveur de la lutte contre le racisme systémique, la haine et toutes les formes d’intolérance;
-
dénonce l’exploitation injustifiée dont les immigrés sont régulièrement victimes […];
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condamne fermement les menaces, les violences et la campagne de diffamation dirigées contre le député Haroun Bouazzi et lui offre son soutien face à ces circonstances ;
affirme clairement et sans ambiguïté que Québec solidaire n’appuie pas et n’a jamais soutenu que l’Assemblée nationale et ses députés sont racistes et réitère que telle n’est pas la position du parti.
Cette formulation découle en fait de deux résolutions d’urgence – l’une pour appuyer le député de Maurice-Richard, l’autre pour inviter QS prendre ses distances par rapport à ses commentaires – qui ont été fusionnés par la direction du parti en une seule motion plus consensuelle.
Selon les porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal, qui ont rencontré les médias dimanche en fin de journée après avoir annulé un premier point de presse qui devait avoir lieu dans la matinée, cette décision des délégués clôt un congrès dont les résultats demeurent malgré tout positif
selon eux.
Le parti, ultimement, n’exigera pas que M. Bouazzi s’excuse, a déclaré M. Nadeau-Dubois.
Nous sommes, aux dernières nouvelles, dans une société de libre expression
il a lâché.
Quatre jours de polémique
L’avenir de M. Bouazzi au sein du caucus de QS était incertain depuis la publication, jeudi, d’une tribune dans le Journal de Montréal soulignant les propos tenus par le député au début du mois devant la Fondation Club Avenir, un OSBL travailler pour l’intégration des communautés maghrébines dans la société d’accueil
.
Le principal concerné a alors déclaré qu’il tous les jours
témoin à l’Assemblée nationale de propos visant à construire l’Autre
– maghrébin
, musulman
, noir
, indigène
– et sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure
.
Ces propos, présentés a posteriori comme de la « pédagogie » par M. Bouazzi, avaient notamment suscité l’ire de ses adversaires politiques, mais aussi des porte-parole de son propre parti, qui les avaient qualifiés de « pédagogie ». maladroit
d’exagéré
et de polarisant
.
Tous les députés interrogés sur le sujet samedi se sont également dits d’accord avec la première réaction de M. Nadeau-Dubois et de Mme Ghazal.
Le caucus devra cependant respecter la décision du Congrès, a souligné le porte-parole masculin de QSDimanche.
Le fond de notre réflexion n’a pas changé, mais maintenant, les membres ont décidé de la position qui est celle de Québec solidaire et que chacun doit défendre. [y compris] tous les députés
dit-il.
Bouazzi se réjouit de la tournure des événements
Haroun Bouazzi a réagi sur X après l’adoption de la résolution le concernant en disant qu’il était très heureux
que les délégués de QS avoir a réaffirmé l’engagement du parti dans la lutte contre le racisme systémique
et qu’ils ont réprimandé l’exploitation injustifiée des immigrés dans le débat public
.
Il les a également remerciés pour leur soutien, lui qui a reçu de nombreux messages haineux depuis la médiatisation de ses propos polémiques.
Le soutien spontané que j’ai reçu des membres et la manière dont ils ont répondu [mobilisés] trouver la meilleure façon d’exprimer leur soutien ces derniers jours m’a ému et dynamisé
a déclaré M. Bouazzi, ajoutant que, selon lui, cette proposition d’urgence réaffirmait unité du parti et du caucus
.
Pierre-Alexandre Bolduc takes stock.
PSPP accuser QS ne pas avoir aucun respect pour les faits
Il n’est cependant pas dit que la question ne continuera pas à faire l’objet de débats.
De passage à Victoriaville, où se tenait en fin de semaine le conseil national de son parti, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a notamment critiqué samedi Haroun Bouazzi pour avoir utilisé une « technique diffamatoire » afin de rendre inaccessibles les groupes politiques. comme le sien.
Dimanche, il a également accusé QS ne pas avoir aucun respect pour les faits
visiblement irrité qu’au lendemain des élections américaines, il y a deux semaines, Gabriel Nadeau-Dubois lui ait reproché de s’inquiéter de l’arrivée possible au Québec de des millions
de migrants au moment où Donald Trump prendra ses fonctions en janvier.
Considérez la possibilité qu’il y ait une vague migratoire [quand] notre voisin américain, le président, dit que c’est ce qui s’en vient, en quoi est-ce négatif ? S’accrocher à la vérité et aux faits est-il négatif ?
L’affaire Bouazzi aura en tout cas éclipsé le congrès du QS tout au long du week-end, notamment lorsque Ruba Ghazal a été officiellement élue porte-parole du parti.
Le rassemblement partisan, qui a débuté vendredi, s’est terminé brusquement dimanche après-midi pour laisser la place au débat sur la résolution d’urgence. L’exercice visait à revoir les statuts du parti. Cela a notamment mené à la création d’une Commission nationale pour les personnes racisées.
Les délégués ont également voté dimanche pour permettre l’organisation de référendums internes dont les résultats auront force de décision et pour maintenir en place les collectifs du parti, comme celui d’Option nationale, que certains souhaitaient voir transformés en comités d’action politique.
On n’a pas tout à fait fini, mais il y a de gros morceaux qui ont été adoptés, et ça me rend assez fier
a conclu la députée Manon Massé dimanche soir.
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