Alors qu’on parle d’une éventuelle suppression d’un jour férié, un jour férié a déjà été supprimé du calendrier.
C’est la belle idée du moment : faire travailler davantage les Français, non pas en revenant aux 39 heures hebdomadaires, mais en supprimant un jour férié du calendrier. La France en compte 11, ce qui la place dans la moyenne européenne. La Hollande en compte 8, la Finlande 15. Ainsi, si la France ne fixe pas de limite maximale aux jours chômés, on murmure – avec insistance – que la suppression d’un de ces jours est bien réfléchie.
Reste à savoir lequel. Le 1ET Janvier ? Le 1ET Peut ? Le 8 mai ? Le 14 juillet ? Le 15 août ? Le 1erET Novembre? Le 11 novembre ? Le 25 décembre ? Lundi de Pâques ? L’Ascension ? Pentecôte? Question compliquée. Certains sont gravés dans la pierre, d’autres célèbrent l’histoire, beaucoup sont liés à la religion… Difficile de trancher, même dans un pays laïc. Pourtant, il y a quelques années, la situation était déjà réglée et un jour férié avait déjà été annulé.
Ce n’est pas nouveau, seuls les mémorisateurs les plus assidus s’en souviennent. Depuis 28 ans, le 8 mai n’est plus un jour férié en France. Entre 1946 et 1953, puis entre 1960 et 1981, l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale devient un jour ouvrable comme les autres. Cela « s’est avéré[ssait] augmenter le nombre des jours fériés, au détriment de l’activité nationale”, justifiait Charles de Gaulle en 1959.
Au cours de ces trois décennies, la reddition des nazis fut célébrée de diverses manières : soit le 8 mai s’il tombait un dimanche, soit le dimanche suivant, soit le 8 mai en fin de journée. L’option pourrait-elle être à nouveau sur la table ? Pourquoi pas, pourvu qu’il y ait toujours une commémoration à la mémoire des anciens combattants.
Entre 1975 et 1981, Valéry Giscard d’Estaing abandonne toute célébration, ce qui suscite l’indignation des associations d’anciens combattants. François Mitterrand a alors rétabli un jour férié, resté en vigueur depuis.
On pourrait étudier par exemple un retour aux règles en vigueur entre 1968 et 1980 (journée ouvrable et commémorations en fin de journée). Si l’idée devait plaire, elle risquerait cependant de faire frémir les opérateurs touristiques, étant donné que le mois de mai et ses longs week-ends privilégient les longs week-ends.
Seule la finance doit permettre de résoudre le débat : qu’est-ce qui rapporte plus d’argent à l’État ? Une journée supplémentaire de travail ou de tourisme pour quelques jours ?
Related News :