Après une campagne électorale de huit jours, environ 860 000 électeurs gabonais sont appelés aux urnes samedi 16 novembre pour dire « oui » ou « non » à la nouvelle Constitution élaborée par le gouvernement de transition. Selon la politologue Lysiane Neyer, ce référendum est un test pour les autorités nées du coup d’État, qui ont promis de restaurer les institutions et de rendre le pouvoir aux civils. Il invite ses compatriotes à voter en masse pour reconstruire un nouveau Gabon.
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Ce projet de Constitution est élaboré par les autorités de la transition à l’occasion du coup d’État du 30 août 2023. Ce référendum est un moment historique pour reconstruire un Gabon nouveau, fondé sur des valeurs éthiques, estime la politologue gabonaise Lysiane Neyer, également nationale. secrétaire aux médias et porte-parole du parti « For Change » (PLC). Dans une interview à Radio Vatican – Vatican Nouvelles, il invite tous les Gabonais inscrits sur les listes électorales à accomplir ce devoir patriotique, car la victoire ne sera pas celle d’un parti, mais de la démocratie. Il estime également que ce vote est un moment historique pour reconstruire un nouveau Gabon, fondé sur des valeurs éthiques. Entretien.
Quels problèmes ce référendum pose-t-il actuellement au Gabon ?
Ce référendum constitue un premier test pour les autorités qui mènent la transition au Gabon. Ils ont organisé le coup d’État du 30 août 2023 avec la promesse de restaurer les institutions. Et cette restauration passe par la révision de certains textes qui constituent le corpus juridique du Gabon, et ont proposé une constitution soumise au vote direct des populations. La question principale de ce référendum est donc de savoir si ce projet de Constitution reçoit l’assentiment de la majorité du peuple gabonais ou au contraire s’il faut prendre le temps de travailler davantage pour l’amender ou l’affiner davantage. Cette Constitution, qui est la mère des lois, l’épine dorsale qui régira le fonctionnement de l’État, est un texte fondamental pour toute nation démocratique. L’enjeu est donc de récolter le maximum de voix, tant pour le oui que pour le non, pour éviter ensuite les blocages qui pourraient survenir si les scores étaient très, très serrés entre les deux camps.
Vous venez de souligner l’importance de ces votes. Pensez-vous que le oui a une chance de l’emporter sur le non ?
Je n’ai pas la prétention de faire des estimations, je ne suis pas un institut de sondage. Je pense que chaque camp a présenté des arguments valables et que chaque citoyen devra faire l’effort de décider, de toute façon, oui ou non, sachant que de toute façon ce sera la démocratie gabonaise qui en sortira renforcée.
Pensez-vous que le peuple gabonais est suffisamment préparé et votera en connaissance de cause, en connaissance de cause ??
Il est vrai que le temps qui s’est écoulé entre la publication du texte et la tenue du référendum a été assez court, mais je pense que les équipes du oui et du non étaient suffisamment déployées sur le terrain, que cette Constitution a suffisamment animé les débats, qu’elles sont officiels ou non. Je pense donc que les citoyens gabonais pourront décider objectivement si oui ou non, notamment en ce qui concerne les principaux articles de cette Constitution.
La nouvelle loi fondamentale est le fruit des contributions recueillies lors du dialogue national qui s’achèvera en avril et prévoit, entre autres, un mandat de 7 ans renouvelable une seule fois avec un régime présidentiel doté de forts pouvoirs, sans Premier ministre et avec le impossibilité d’une transmission dynastique du pouvoir. Pensez-vous que cela puisse aider le Gabon pour son avenir ?
Cette Constitution peut nous conduire à avoir des lendemains meilleurs. Oui, dans la mesure où il fixe pour la première fois des limites de mandats, c’est la première fois au Gabon. Le mandat de sept ans ne pose pas de problème en soi, car nous sommes un pays en développement. Les projets d’infrastructure sont énormes et nous devons donner au directeur général le temps de fixer les étapes et les projets qui comptent. Nous avons observé qu’en Afrique la majorité des pays qui ont un mandat de cinq ans se retrouvent à vouloir ajouter un troisième mandat justement parce que cette durée de 10 ans pour des pays où tout reste à faire me semble plutôt courte. Donc ce mandat de 7 ans, je pense qu’il est bien calibré et avec la limitation à deux mandats, je pense qu’il garantit que le chef de l’exécutif donne le meilleur de lui-même sachant qu’il est limité dans le temps et qu’il a le devoir de réussir. dans son action.
L’opposition, notamment la plateforme “Ensemble pour le Gabon” d’Alain-Claude Bilié-By-Nze, le dernier chef du gouvernement d’Ali Bongo, appelle à dire “Non à la légalisation du coup d’Etat dans la Constitution, non à un mandat de sept ans et non à un président roi du Gabon. Pensez-vous que cette voix peut être entendue ?
Lysiane Neyer, analyste politique gabonaise, secrétaire nationale des médias et porte-parole du parti « Pour le changement », PLC
Oui, nous sommes dans une démocratie, ils ont donc leurs mots à dire et, bien sûr, ils ont leurs arguments pour être entendus. En revanche, je ne suis pas d’avis qu’il faille nommer un roi comme président. Dans cette Constitution il y a encore la neutralisation des pouvoirs. Le président, bien qu’il soit à la tête de l’exécutif et ne rende pas compte à un premier ministre, a toujours un exécutif qui pose des questions, qui contrôle l’exécution du budget, etc. Et non, nous ne nous consacrerons pas à un roi président. En revanche, nous devons nous réjouir du fait que, pour la première fois, dans notre Constitution, nous avons introduit des restrictions, tant sur la limitation du mandat que sur le fait de ne pas avoir de succession dynastique à la tête du pouvoir, comme ce fut le cas dans la sous-région, ce sont des innovations qu’il convient de saluer. En effet, cette Constitution sera mise à l’épreuve dans son exécution, et à ce moment-là, si l’on se rend compte qu’il y a des écueils dans son exécution, elle pourra toujours être modifiée. Et pour la première fois, cette Constitution ne peut être révisée que par référendum. Les gens ont donc vraiment le pouvoir de s’exprimer. En revanche, j’appelle toutes les forces libres de la nation à rester mobilisées. Si les syndicats, toutes les classes, les groupes de pression sont mobilisés, il sera difficile d’avoir un président-roi. La responsabilité incombe au peuple parce que nous sommes une république et c’est au peuple qu’incombe le pouvoir d’assurer le bon fonctionnement de l’État. Et comme le mandat est limité, même si nous avons un président-roi, il ne sera roi que pour une durée bien définie, ce qui n’est pas le cas dans toutes les autres constitutions validées par ces mêmes acteurs politiques.
En parlant d’écueils, quelles sont selon vous les limites, les points faibles de cette Constitution ?
Parmi les points faibles que l’on peut relever, il y a un sujet qui me tient particulièrement à cœur, celui de l’école publique. Dans cette Constitution, il n’est pas clairement indiqué que l’école, la responsabilité de l’éducation incombe aux pouvoirs publics. Il n’est pas clairement indiqué qu’en République du Gabon, l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 18 ou 16 ans. D’autre part il existe un article dédié au financement des structures privées. Pour moi, c’est un sujet qui me touche particulièrement car l’éducation est la base pour construire des citoyens conscients, des citoyens capables d’influencer la gestion du pays. Le Gabon est un petit pays de deux millions d’habitants, nous ne pourrons nous démarquer dans le concert des nations que par l’excellence que nous aurons dans tout ce que nous ferons. Pour moi, l’absence de ce principe dans la Constitution est quelque chose qui me tient à cœur. Il s’agit d’une question fondamentale que nous n’avons pas pu aborder de manière suffisamment approfondie dans ce projet de Constitution. Mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’articles modifiables ultérieurement et qu’ils ne constituent pas un obstacle au vote oui.
Transition, le général Brice Oligui Nguema a promis de rendre le pouvoir aux civils au terme d’une transition de deux ans. Pensez-vous que cela serait possible si la nouvelle loi fondamentale était approuvée ?
Bien entendu, cette constitution établit les principes d’éligibilité présidentielle et tout Gabonais jugé éligible selon ses critères aura le droit de concourir et à ce moment-là le peuple souverain décidera qui sera élu président du Gabon. Donc, pour moi, commencer à accuser x ou y d’intentions n’est que des calculs politiques. Les critères d’éligibilité sont bien définis dans la Constitution et tout Gabonais qui répond à ces critères a la possibilité de concourir et de solliciter le vote des citoyens. Et c’est le peuple souverain qui décidera qui aura le pouvoir de guider le destin du Gabon pour les sept prochaines années.
Quel appel lanceriez-vous à vos compatriotes à l’occasion de ce vote ?
J’en appelle au peuple gabonais, aux électeurs, aux listes électorales, nous sommes appelés à décider d’un tournant de notre histoire. Allons massivement aux bureaux de vote et votons en conscience, oui et non. Il n’y aura pas une équipe gagnante et une équipe perdante, non. Seule la démocratie aura triomphé et nous devons cet enthousiasme, ce courage et cet amour à la patrie gabonaise qui nous a vu naître, à qui nous devons tout. J’en appellerai à la responsabilité de la classe politique gabonaise. Le Gabon ne se reposera pas après ce référendum, quel que soit le camp qui l’emportera, que toutes les forces vives de la nation restent mobilisées avec le credo du patriotisme et de l’excellence dans tout ce que nous faisons pour le bien commun, que chacun fasse sa part en sachant que nous n’avons qu’à le faire. Dieu, nos ancêtres et la loi comme seule autorité, que chacun est le gardien de cette constitution dans chaque complot qu’il aura à gérer et que les mauvaises pratiques qu’hier, plus que le peuple ou plus que les partis politiques ont voulu traîner Nous sommes à terre, que nous en profitons moment historique pour revoir nos manières de faire, nos pratiques, auxquelles nous donnons plus d’éthique et plus de valeur dans la gestion d’une chose publique, car le Gabon, solidaire et solidaire, a besoin que les acteurs politiques prennent leurs responsabilités et surtout que l’ensemble fasse preuve d’éthique. et la moralité dans la gestion des affaires publiques.
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