« Cette inondation est la goutte qui fait déborder le vase ! » C’est avec ironie que les habitants de la résidence Les Floralies à Fréjus expliquent leur colère et l’origine de la manifestation prévue ce samedi 16 novembre à partir de 10 heures. Depuis 2006, leurs maisons ont été inondées à sept reprises. En particulier le week-end du 25 et 26 octobre 2024 où l’eau montait jusqu’à 1,50 m dans les rues de l’urbanisation.
Trois semaines après la crue, Les Floralies conservent toujours leur les cicatrices du désastre. Meubles et électroménagers s’entassent devant certaines maisons. Trois immenses poubelles abritent également les objets jetés par les résidents.
1,5 mètre d’eau dans les rues et 1,20 mètre dans certaines maisons
C’est comme du déjà vu pour Rémi Weber, 82 ans : « Depuis 2006, je fais des courses aux bennes. Fin octobre, nous avions 1,20 mètre d’eau dans la maison… C’est moins que la crue précédente puisqu’elle atteignait 1,35 mètre ».
Modestement, le retraité ne nous raconte pas que lui et son épouse ont demandé “de l’aide” dans la nuit du 25 au 26 octobre, avant d’être secourus par un voisin. Rémi Weber préfère ignorer cet épisode et se concentrer sur l’origine des inondations et la débordement du Reyranet, le ruisseau qui longe son jardin pour se jeter dans le Reyran : « J’habite ce lotissement depuis sa création au milieu des années 1980. Depuis 20 ans, je n’ai jamais eu d’inondation. J’avais un petit fossé derrière ma maison. Mais il a été élargi pour accueillir toute l’eau. « Dérivation des eaux et nouveaux aménagements ».
«Nous sommes le bassin de rétention de Fréjus»
Selon Christophe Jumel, habitant du lotissement, « Le changement climatique n’a rien à voir avec ces inondations ». Les habitants remettent en question l’urbanisation et la création de routes et ronds-points autour de leur lotissement en 52 maisons. « Avant, c’était un quartier complètement paisible. Mais avec cette urbanisation folle, les eaux pluviales de la ville ont été détournées vers les cours d’eau entourant notre lotissement. Nous disposons de preuves, de plans et de rapports d’huissiers. Nous réaliserons également une étude hydrologique. C’est simple depuis 2006, nous sommes le bassin de rétention de Fréjus. s’agace Patricia Chemam, présidente du syndic des Floralies.
“Maintenant, nous sommes inondés à chaque fois qu’il pleut beaucoup…” poursuit la Fréjussienne en colère. « Et encore… cette fois, il n’a plu qu’un jour mais imaginez qu’un nuage reste au-dessus de nous pendant plusieurs jours, alors ce sera un désastre. Il n’y a pas encore de décès mais cela pourrait arriver !
Complexe résidentiel désormais classé en zone rouge
Les habitants demandent à être reçus et écoutés par la Municipalité. Puisque de nombreux propriétaires et locataires rêvent de quitter leur résidence, classé en zone rouge lors de l’élaboration du Plan de Prévention des Risques Inondations de la ville de Fréjus en 2014. Les habitants souhaiteraient donc que la municipalité rachète leur maison, comme elle s’était engagée à le faire en 2019. Mais attention, pas à n’importe quel prix, prévient Rémy Weber : « Je ne demande qu’une chose : que nous soyons indemnisés adéquatement pour nos maisons. J’ai travaillé toute ma vie et je ne veux pas repartir dans la pauvreté. J’ai travaillé dur pour laisser quelque chose à mes enfants. Je demande donc que la municipalité prenne soin de nous !
Fatigués et exaspérés, les habitants se rassembleront ce samedi matin pour une manifestation qui débutera au sein même du lotissement. vers la Mairie de Fréjus. “Cette fois, nous n’abandonnerons pas” assure Patricia Callam.
La réponse de la municipalité
Contacté par France Bleu Provence, le Commune de Fréjus répond aux résidents par la voix de Gilles LongoDeuxième adjoint du maire David Rachline : « Nous comprenons les habitants des Floralies. Mais situé en contrebas de Reyran, l’ensemble immobilier n’aurait jamais dû être construit là, au milieu d’un marécage. D’autant qu’aujourd’hui il pleut beaucoup plus qu’avant et avec une intensité bien plus élevée. Avec l’agglomération, nous avons réalisé des études pour tenter de démarrer les travaux, mais ils auraient des coûts. 14 millions d’euros de peu d’effet : ces aménagements ralentiraient la montée des eaux du Reyran de seulement deux heures. Nous préparons donc un dossier pour que les maisons puissent être achetées par le Fonds Barnier, au prix du foncier. Le dossier sera présenté dans les semaines à venir.”
L’Etat aura donc huit mois pour se prononcer sur la situation de ce lotissement de Fréjus.
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