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Donald Trump. Un âge d’or, vraiment ?

Discours introductif de Stéphane Riand : Je l’ai reçu le 14 novembre 2024 au MPCM André Crettenand. Mais pour des raisons que les lecteurs de L’1Dex comprendront bientôt, cette interview sera probablement diffusée début décembre. En attendant, voici l’analyse d’un décodeur de la vie politique internationale.

(PAR ANDRÉ CRETTENAND)

La promesse est arrivée tôt le matin du 6 novembre à Mar-a-Lago. Dans son fief du golf, Donald Trump, qui a déjà tout promis, promet encore plus : un monde de luxe, de calme et de plaisir, de richesse, un âge d’or. J’ai immédiatement pensé au tableau d’Ingres, un groupe de femmes et d’hommes jeunes et beaux, plongés dans une atmosphère éthérée, légèrement rêveuse et nue. Mais à bien y regarder, ils n’ont pas l’air heureux, je dirais plutôt qu’ils semblent hébétés, absents, otages d’un peintre méchant.

Nous en savons moins sur Trump en tant que poète. L’élu du matin distribue les riches dividendes de la victoire, anticipant les effets possibles d’une politique non encore mise en œuvre. Il ressent l’urgence : répondre aux oubliés de la croissance, aux gens en colère, aux pauvres, car c’est ainsi que Trump analyse immédiatement la victoire. Le coût de la vie aurait pesé plus que la défense des droits des femmes. Les sondages montreront plus tard que les tendances anti-woke, les sentiments machistes et les craintes d’une immigration incontrôlée ont joué un rôle tout aussi essentiel.

Kamala Harris n’a pas perdu. Trump a gagné. Cela signifie que cela n’a pas beaucoup de sens d’énumérer toutes les prétendues faiblesses du candidat démocrate, ou en tout cas que ce n’est pas là que l’on trouvera les raisons de la vague républicaine. Si Harris avait gagné, ces faiblesses seraient devenues des forces, grâce à la magie des commentaires sur place. Trump a gagné parce qu’une majorité d’Américains lui font confiance et l’admirent.

« Parce que les vieux partis s’inquiètent trop tard », écrit la Neue Zürcher Zeitung, « le populisme s’est imposé comme le phénomène national le plus important du début du 21e siècle. C’est une petite révolution. Trump est le leader d’un monde libre qui risque d’être submergé par ses propres peurs. » Trump est partout. Trump est en Europe. En termes simples, Trump est plus bruyant, plus talentueux et plus grossier.

Un avenir libre, libre de toute procédure judiciaire.

Ce qui est remarquable, c’est que nous ne pouvons pas prédire quelle sera la politique du nouveau président. Va-t-il abandonner Zelenskiy ou aligner Poutine ? Va-t-il organiser une chasse aux immigrants à l’échelle nationale, attaquant les cuisines des restaurants, les plats à emporter ou les champs californiens ? Va-t-il vider les ministères de leurs fonctionnaires ? Va-t-il décréter des taxes contre la Chine au risque de chambouler le marché Tesla dont les Chinois sont friands, au détriment de son nouvel ami Elon Musk ? Voudra-t-il quitter l’OTAN ? Il est impossible de déduire des résultats des élections à quoi ressemblera l’ère Trump. Il n’a pas élaboré de programme, il a agité les idées, il a menacé, il a insulté ses opposants, notamment les juges et procureurs dont il n’aime pas les enquêtes mais qui vont disparaître comme par enchantement.

Trump a remporté les élections. Cela change-t-il le fait qu’il n’est pas un homme apte à occuper ce poste ? Faut-il considérer que nous avons eu tort de juger Kamala Harris comme la mieux adaptée pour le poste ? L’élection le rend légitime, et non innocent ou vertueux. Où et quand un candidat à la plus haute fonction peut-il se réjouir de voir que des journalistes peuvent être abattus ou menacés de viol sans conséquences ? En Amérique aujourd’hui.

C’est peut-être l’âge d’or pour Trump. Un avenir libre, libre de toute procédure judiciaire. Pour les Américains, un étrange jardin d’Éden où Adam et Ève n’ont pas encore mordu la pomme fatale.

 
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