Des jours difficiles à venir pour les producteurs de pétrole ? C’est en tout cas le message martelé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport mensuel, publié ce jeudi. L’organisation internationale explique notamment que la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 920 000 barils par jour cette année, pour atteindre 102,8 millions de barils par jour (mb/j), soit une révision à la hausse de 60 000 barils par jour. par rapport à l’estimation d’octobre. Cet ajustement s’explique » en grande partie grâce aux livraisons de diesel de l’OCDE plus importantes que prévu au troisième trimestre », selon l’AIE, qui revoit mensuellement ses prévisions en fonction de la situation économique.
Pétrole : pourquoi les prix ne s’envolent pas malgré les tensions au Moyen-Orient
Mais pour 2025, l’estimation de la croissance de la consommation d’or noir est « essentiellement inchangé » à moins d’un million de barils par jour (990 000), ce qui porterait la consommation mondiale quotidienne à 103,8 millions de barils. Le taux de croissance de la demande inférieur à 1 mb/j pour ces années 2024/2025 » marque un ralentissement significatif par rapport à l’augmentation de 2 mb/j en 2023 », a précisé l’AIE qui a prévenu que le marché pourrait se retrouver dans une situation d’offre excédentaire.
Ralentissement chinois
Le niveau attendu de consommation d’or noir » reflète une fois de plus des conditions économiques mondiales sous-jacentes inférieures à la normale », la fin du rattrapage de la demande post-Covid-19 alors que « le déploiement rapide (des véhicules électriques) tempère également la croissance de la consommation de pétrole », a expliqué l’AIE.
Ces dernières semaines, les prix du pétrole sont restés à des niveaux relativement bas. Vers 14 heures à Paris, le baril de Brent de la mer du Nord grimpait de 0,90%, à 72,68 dollars. En question: “Les marchés craignent un ralentissement de la croissance chinoise, qui cesserait d’augmenter ses besoins en pétrole brut, ce qui ferait baisser les prix”expliqué à La Tribunedébut octobre, Olivier Gantois, président de l’Ufip Énergies et Mobilités.
Pour rappel, la Chine est en proie à une crise sans précédent de son vaste secteur immobilier, à une confiance atone des ménages et des entreprises, qui pénalise la consommation, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l’Union européenne menacent son commerce extérieur. Résultat, « Les craintes d’un ralentissement en Chine sont presque aussi grandes que les craintes d’une conflagration au Moyen-Orient »selon l’expert.
Bataille pour le pétrole « made in France »
Autre facteur baissier : l’Arabie Saoudite, qui dispose d’une surcapacité estimée à 3 millions de barils par jour, et qui n’a pas intérêt à ce que les prix augmentent trop vite, pointée pour sa part, toujours à La TribuneThierry Bros, expert en énergie et professeur à Sciences Po. « Ce que vise l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr), c’est un prix de l’ordre de 80 à 90 dollars le baril : au-dessus de 90, cela permettrait de faire plus vite la transition énergétique et en dessous de 80, cela n’équilibre pas leurs comptes »il a expliqué.
L’OPEP+ réduit sa production
Dans ce contexte baissier, l’alliance des producteurs de pétrole OPEP+ a décidé le 3 novembre de reporter d’un mois une augmentation prévue de la production, qui n’interviendrait pas avant janvier. Elle tiendra sa réunion le 1er décembre pour examiner les perspectives du marché et ses plans de production pour 2025. Mais selon les estimations de l’AIE, même si les réductions de production établies par l’OPEP+ pour soutenir les prix, sont restées en vigueur. lieu, ” l’offre mondiale dépassera la demande de plus d’un million de barils par jour l’année prochaine ».
« L’offre mondiale de pétrole augmente à un rythme constant », a indiqué l’AIE, évoquant la réélection de Donald Trump, favorable à l’expansion pétrolière. ” Suite aux élections américaines », l’AIE s’attend donc à ce que les États-Unis soient le principal contributeur à la hausse de l’offre en provenance des pays non OPEP+, estimée à 1,5 mb/j en 2024/25.
(Avec l’AFP)
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