La municipalité de Baie-des-Hérons prévoit à son tour interdire l’enregistrement et la diffusion en direct de ses rencontres par les membres de l’auditoire.
Mardi soir, lors de sa séance de commission, le conseil municipal de Baie-des-Hérons a pris connaissance du projet de résolution qu’il entend adopter lundi prochain lors de sa séance publique mensuelle.
Cette résolution concerne l’interdiction faite aux membres du public de photographier, filmer et/ou diffuser en direct sur les réseaux sociaux (live stream) les séances du conseil.
Selon le conseil, cette tendance s’est accentuée au cours des derniers mois, notamment depuis le début de son processus de modification de son plan municipal visant à inclure une nouvelle catégorie de zonage (ressource), un geste perçu par plusieurs comme destiné à faciliter l’établissement d’un mine exploitant de la pouzzolane dans le secteur Dalhousie.
Auparavant, à peine une poignée de citoyens participaient aux différentes séances du conseil. Mais depuis le printemps dernier, nombreux sont ceux qui ont pris l’initiative d’y assister régulièrement. Parmi eux, certains ont pris l’habitude de les diffuser en direct depuis leur smartphone.
Toléré jusqu’à présent, ce comportement sera bientôt interdit puisque la Ville s’est dotée du matériel nécessaire à la diffusion en direct. En plus d’être diffusées en temps réel, les rencontres seront également archivées pendant plusieurs semaines sur YouTube.
Selon le libellé de la proposition, l’interdiction vise à garantir la transparence tout en maintenant l’ordre lors des délibérations du conseil et lors des réunions dans leur ensemble. Toute personne qui contreviendrait à ce règlement – donc qui filmerait la réunion – pourrait être expulsée de la salle.
Le maire adjoint de Baie-des-Hérons, Denis McIntyre, admet que la présence d’un grand nombre de citoyens filmant les rencontres était devenue une Source de distraction et mettait le conseil mal à l’aise.
« Et maintenant que nous diffusons nous-mêmes nos meetings, nous ne voyons plus l’intérêt de voir des gens du public sortir leur caméra pour nous filmer. Désormais, toute la population aura accès à l’ensemble de la réunion, et non plus seulement à quelques parties », indique-t-il, précisant au passage que ce décret a fait consensus au sein du conseil.
Le maire de Baie-des-Hérons, Normand Pelletier n’était pas présent lorsque son conseil a pris cette décision. Cependant, il l’approuve pleinement.
« Je suis heureux que nous allions dans cette direction. Je crois que cela améliorera les réunions du conseil et que le public n’y perdra pas puisque les citoyens pourront accéder à nos réunions via le Web. La retransmission de nos réunions était aussi une demande du public», raconte-t-il.
Solution?
Baie-des-Hérons n’est pas la première municipalité à légiférer sur la question. Il y a quelques mois, la ville de Saint-Quentin a adopté une mesure similaire afin d’assainir le climat lors des séances du conseil. Dans un message, la maire, Nicole Somers, confirme que tout va bien depuis.
Invité à commenter cette façon de faire qui semble vouloir prendre de l’ampleur, le président de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick, Yvon Godin, a d’abord rappelé que son organisation n’avait pas à endosser ou non les décisions de ses membres. (les communes). Cela dit, il concède qu’il existe un malaise dans de nombreuses communes.
« Nous avons des conseillers qui sont victimes de harcèlement ou d’intimidation, et ils essaient de trouver des moyens d’y remédier. Et nous constatons qu’une politique comme celle-ci contribue à garantir une meilleure gestion des réunions. Est-ce la meilleure façon ? Cela devra être évalué à l’avenir. Mais déjà, on voit que ça semble fonctionner à certains endroits», souligne M. Godin.
Mais en limitant ainsi le droit des citoyens à filmer, n’y a-t-il pas un risque d’érosion de la démocratie et d’accroissement du cynisme à l’égard de la politique ?
“Je ne pense pas que mettre en place des règles similaires soit contraire à la démocratie, au contraire, je pense que cela contribue à la maintenir”, estime-t-il.
« Dans tout processus, il y a des risques. Mais, à mon avis, le risque est moindre de prendre une telle mesure plutôt que de laisser les choses devenir incontrôlables. Quand quelqu’un filme une partie d’une réunion pour n’en utiliser qu’un extrait isolé afin de dénaturer
les faits et servir vos intérêts, je n’appelle pas cela démocratie ou liberté d’expression.
Une première tentative mitigée
La réunion de mardi a également marqué une première tentative de la municipalité de retransmettre ses réunions en direct sur Internet. Pour l’instant, une seule caméra a été installée et elle est dirigée vers le conseil municipal. Cependant, nous étudions la possibilité d’avoir également une caméra pointée vers la salle.
Ce premier test a cependant été entaché de difficultés techniques alors que le son était absent pour la majorité du live diffusé. Les spectateurs n’ont pu entendre que les dernières minutes du match. Cependant, la Source du problème a été identifiée (dysfonctionnement du portable utilisé).
« Nous avions effectué des tests quelques jours plus tôt et tout fonctionnait parfaitement. C’est dommage qu’un tel problème soit survenu dès notre toute première diffusion, mais cela fait partie du processus d’apprentissage. Tout sera réglé lors de notre prochaine rencontre», affirme le maire Pelletier.
La prochaine réunion en question est prévue ce jeudi (14 novembre) alors que le conseil procédera à la deuxième lecture de la modification à son plan municipal.
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