Nous sommes le 23 juin 1984, à Aix-en-Provence, dans un magnifique hôtel, Le Moulin de Vernègues. L’équipe de France disputera le soir même une demi-finale historique, diabolique, passionnante, pleine de suspense contre le Portugal, et ce sera à Marseille, un grand terrain de football. La France gagne 3-2 après prolongation. L’homme le plus important de ce match est Jean-François Domergue, 61 buts dans ses différents clubs (Bordeaux, Lille, Lyon, Toulouse, Marseille et Caen) en 501 matchs.
Il a marqué deux buts, dont un à la 24e minute du match, sur coup franc direct. Normalement c’est Michel Platini qui lui tire dessus… Jean-François Domergue va voir Michel et lui dit : «Je le ressens. » Platini répond : « Vas-y, vas-y. » Bernard Lacombe vient le féliciter en disant : «Pense à ton père. » Et son deuxième but après une magnifique combinaison avec Yvon Le Roux. Match nul à 2-2.
Domergue a marqué quand il en avait besoin. Ouvre les marquages. Jordao a égalisé et a donné l’avantage au Portugal dans la première moitié de la prolongation. Domergue a égalisé dans la deuxième prolongation et bien sûr Michel Platini, à 30 secondes de la fin, a inscrit le troisième but après cet incroyable débordement de Jean Tigana. Jean-François Domergue est le héros de ce match, pourtant il n’aurait pas dû jouer, il était remplaçant. Un concours de circonstances (blessures, suspensions) lui a permis de disputer la majeure partie de la compétition.
Il savait que ce fameux 23 juin serait le match le plus important de sa vie, une place en finale. Et cette journée se déroule presque normalement. Réveil, petit déjeuner, chambre avec Philippe Bergeron, son complice bordelais et toulousain (grand gardien). Après le déjeuner, il veut faire une sieste ; impossible, la tension monte. Il se promène dans le parc et voit des physiothérapeutes lui faire un massage relaxant. Il est peut-être trop concentré, trop tendu. Peut-être qu’il a peur de faire quelque chose de mal. Le goûter a toujours les mêmes habitudes, du thé, des toasts, du miel et beaucoup d’eau. Dans le bus pour aller au stade Vélodrome, c’est au fond à droite. Dans le vestiaire, il siège aux côtés d’Yvon Le Roux, Maxime Bossis et Alain Giresse.
«Je le ressens. » Platini répond : « Vas-y »
Il a toujours le même rituel avant l’échauffement : vieux t-shirt, veste de survêtement, le sous-vêtement qui le fait gagner, le short, toujours la chaussette droite d’abord, puis la gauche. Avant de s’échauffer, il cire ses chaussures puis les fait briller.
La suite après cette annonce
On a beaucoup parlé de ce match. Lorsqu’il marque le deuxième but, Bruno Bellone est le premier à féliciter. On a parlé de Tigana, dans ce match, qui ne voulait pas aller aux tirs au but. Nous avons parlé de Platini. On peut aussi parler de son ami, frère et confident, Alain Giresse, avec qui il communique encore régulièrement aujourd’hui. Il a soigneusement conservé sa chemise. Il échange son deuxième maillot avec Yvon Le Roux et le donne à son fils Xavier. En effet, ce match est une magnifique histoire d’amour entre les joueurs, entre le public et Michel Hidalgo. Cette équipe restera l’une des plus brillantes du football français. La France est devenue championne d’Europe quelques jours plus tard en battant l’Espagne 2-0. Nos souvenirs positifs sont nos meilleurs compagnons lorsque nous sommes déprimés.
Related News :