Heureusement, les portes coupe-feu ont joué leur rôle. La médiathèque, les salles de spectacle et les salles informatiques ont été endommagées par la fumée et l’eau utilisées par les pompiers, mais n’ont pas brûlé. En revanche, les paravents flambant neufs, réalisés avec des jeunes du quartier, sont détruits. « Nous étions très heureux d’avoir abordé la rénovation de la façade. On allait refaire les plafonds», déplore Mehdi Shaza. Pour le directeur de la MJC, c’est l’incompréhension.
Plus calme qu’il y a 5 ans
Il n’a vu aucun signe d’avertissement. « Tous les indicateurs étaient au vert. Nous avons eu très peu d’agressivité verbale envers les équipes», raconte-t-il. Il y a eu ces contrôles de police la semaine dernière. Mais élus, préfet et acteurs sociaux refusent de faire le rapprochement. “Il n’y a eu aucune menace, pas un éclat de voix”, poursuit le réalisateur. Nous avions amélioré la situation, grâce à un travail approfondi avec les médiateurs. Nous avions avancé. Nous étions plus proches des habitants. On a peut-être oublié un angle mort, une partie de la population. Nous n’avons peut-être pas été assez bons en matière d’inégalités. Nous les avons peut-être créés sans nous en rendre compte. Il existe des éléments de tension que nous ne pouvons pas contrôler. On aurait pu rater quelque chose, c’est possible. » « Pourtant, c’était beaucoup plus calme qu’il y a 5 ans où nous ne pouvions pas accéder à l’accueil », constate le maire d’Angoulême Xavier Bonnefont. Mais même si on en entend moins parler, les choses ne sont pas réglées. »
« Nous n’avons peut-être pas été assez bons en matière d’inégalités. »
Ce lundi matin, les habitants passent en voiture, ralentissent et constatent les dégâts. Les médiateurs arrivent les uns après les autres. En 2019, un bureau de la MJC a été endommagé. “Cette fois, c’est le symbole qui est attaqué”, analyse le réalisateur. C’est très traumatisant. Il faudra rassurer les équipes (80 équivalents temps plein), rester au contact des habitants, sortir encore plus loin des murs, couper court à la spéculation, et ne pas générer de nouvelles tensions. Tout cela est une question d’équilibre. » Il faudra aussi continuer à être là pour ceux qui en ont le plus besoin.
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Mehadji Schabane habite le quartier depuis 2004. « Dès que je me réveille, je viens ici prendre un café. » C’est gratuit. Il venait aussi plusieurs fois par semaine jouer aux dominos. « Ça me fait mal au cœur de voir des choses comme ça. L’année dernière, ça se passait bien. Nous ne comprenons pas. C’est dommage. » « Ils punissent les familles », regrette Boumediene Zeffour, habitant du quartier et médiateur. « Vendredi soir, les jeunes chantaient du rap. C’était bien. »
La structure est largement utilisée toute l’année par près de 80 associations. Des ateliers sont organisés chaque semaine. « Les femmes y donnent des cours de cuisine », rappelle Zalissa Zoungrana, l’élue d’Angoulême chargée des centres sociaux. Les deux élus de la ville Gérard Lefèvre et Elise Vouvet sont déçus : « C’est affligeant à l’heure où l’argent public est si difficile à trouver, de s’attaquer à un lieu de culture et d’écoute. »
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Marie Lefebvre, 33 ans, détournée de son parcours habituel de footing. « Je voulais voir. » Elle est abasourdie. « C’est un équipement important pour le quartier. » Son enfant le fréquente avec son école à Sillac. « Je ne sais pas qui était visé, mais la MJC n’est pas la bonne cible. Je ne comprends pas pourquoi nous attaquons les structures. » Boyong Haryakesema, 47 ans, est venu ici chercher des livres pour ses enfants. «Maintenant, nous devrons attendre qu’il soit réparé. »
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La Maison des Résidents Basseau voisine est toujours fermée suite à l’incendie lors des émeutes de fin juin 2023. Certaines activités avaient depuis eu lieu à la MJC Mosaïque. “Cela va ralentir notre élan, mais nous allons pouvoir rebondir”, rassure le réalisateur Mehdi Shaza. « Nous allons nous organiser sur d’autres sites, à la Villa Mon Désir, et dans une salle à Basseau », annonce Elise Vouvet. La mosaïque sera sécurisée par un bardage et des grilles. Et une surveillance renforcée. »
Déjà des précédents
Après la maison des habitants de Basseau et le centre social Soëlys à Soyaux, incendiés lors des émeutes de fin juin 2023, c’est un nouveau coup très dur pour les structures sociales de l’agglomération en général, et d’Angoulême en particulier. La structure du Basseau a également été détruite à deux reprises par des incendies, idem pour la MJC Aragon. La dernière fois, c’était il y a deux ans.
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