En 1986, trois jolies cambrioleuses débarquent sur la chaîne 3 du petit écran, où elles braquent les après-midi devant de jeunes téléspectateurs fascinés par leurs exploits. Ils s’appellent Sylia, Tam et Alex Chamade, et ce sont les héroïnes modernes et sexy de Signé Yeux de Chat, un dessin animé japonais en 73 épisodes (disponible sur TF1+ et diffusé sur TFX) devenu culte, dans lequel ces gérants de café se transforment la nuit en voleurs d’art…
Quarante ans plus tard, c’est en chair et en os que les trois sœurs espèrent braquer les audiences de TF1 dans une ambitieuse série live-action portée par Constance Labbé (Balthazar), Camille Lou (Les combattants) et Claire Romain (Ici tout commence) et diffusé à partir de ce lundi 11 novembre à 21h10
A LIRE AUSSI Nicky Larson : pourquoi les puristes crient à la trahisonL’anime et la fiction sont tirés du même manga original, Oeil de chatpar Tsukasa Hōjō, qui signa plus tard Nicky Larson (Chasseur de ville en VO). Longtemps réticent à l’idée de voir son œuvre adaptée en « live action », l’auteur japonais a néanmoins donné sa bénédiction à Michel Catz, le créateur et co-scénariste de la série La Une, ainsi qu’à Benjamin Dupont-Jubien et Mehdi Sabbar, les producteurs, pour livrer leur version. Ce qui revient à l’origine du récit en la transposant à Paris. Explications.
Oeil de chat : un manga culte qui a inspiré le dessin animé et la série
C’est dans le magazine japonais Saut Shōnen hebdomadairespécialisé dans les mangas destinés aux garçons, publie en 1981 la première aventure de Oeil de chat. Au départ, il devait être le seul, le magazine privilégiant jusqu’alors les héros masculins. Mais devant le succès obtenu, l’hebdomadaire demande à Tsukasa Hōjō d’en faire une série, publiée jusqu’en 1985.
Les lecteurs retrouvent régulièrement Rui, Hitomi et Ai Kisugi dans ses pages (Sylia, Tam et Alex Chamade dans la version française). Tandis que les deux aînés, âgés de 21 et 19 ans, tiennent Cat’s Eyes, un café familial, le plus jeune, âgé de 14 ans, va encore au lycée. Une vie sans incident… apparemment. Car derrière ce trio se cachent les voleurs les plus recherchés de Tokyo.
A LIRE AUSSI Reno Lemaire, roi du manga français : « Nous voulons rivaliser avec les Japonais » Leur cible ? Des tableaux ayant appartenu à leur père, Michael Heinz, un artiste allemand exilé au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale et mystérieusement disparu quelques années plus tard. En réunissant sa collection, ils espèrent retrouver sa trace. Et ils peuvent compter sur l’aide d’un de ses amis, le gestionnaire de sa considérable fortune nommé Sadatsugu Nagaishi (M. Durieux).
Malicieux, voire courtois, ces Arsène Lupins en jupons (ou plutôt combinaisons moulantes), adeptes de la non-violence, annoncent toujours leur forfait avec une carte de visite… signée Yeux de Chat. Dûment prévenue, la police ne parvient jamais à les rattraper, malgré tous les efforts de Toshio Utsumi (Quentin Chapuis), inspecteur maladroit… et fiancé d’Hitomi, ignorant son identité cachée.
Si l’action, l’humour et la romance prédominent dans les intrigues, certains y voient aussi un aspect plus politique qui aborde implicitement la spoliation des œuvres d’art par les nazis.
Yeux de chat : la série comme préquelle aux événements du manga et du dessin animé
En France, la bande dessinée a été compilée en 10 volumes et publiée par Tomkam de 1998 à 2000. À partir de 2015, elle a fait l’objet d’une réédition de luxe chez Panini Comics, en 15 volumes. Cette maison a publié plus tard une suite alternative (Ai du chat), signé par Asai Shin.
Mais c’est à travers le dessin animé, réalisé par Yoshio Takeuchi (également en charge de la série Cobradiffusé en 1985 dans Loisirs A2 !) que les jeunes téléspectateurs français ont fait la connaissance des sœurs Chamade. Parmi eux, Michel Catz, fan depuis le début : « Je regardais la série quand j’étais petit et j’adorais ça. Mais j’ai trouvé frustrant de ne pas savoir comment ces trois filles étaient devenues des voleuses, ni pourquoi leur père avait disparu… » explique le quadragénaire devenu scénariste, qui s’est ensuite plongé dans les mangas de Tsukasa Hōjō : « Je pensais que j’aurais les réponses, mais ce n’était pas le cas. En développant le projet, j’ai voulu imaginer un passé, une vie pour ces héroïnes. »
Le résultat est un « histoire d’origine » validé par son créateur : « Nous sommes allés à Rome, où une convention autour de son travail a été organisée pour rencontrer ses collaborateurs et pitcher notre projet. Il fallait montrer qu’on était de vrais fans, se souvient Michel Catz. Ils ont été séduits par notre approche moderne et notre envie de situer l’histoire à Paris, à notre époque. » S’ensuivent cinq années d’allers-retours entre la France et le Japon pour s’entendre sur des arcs narratifs, librement adaptés mais respectueux de l’essentiel. Tsukasa Hōjō a en effet ciblé toutes les intrigues principales, avec quelques points de vigilance : les Yeux de Chat ne doivent pas être présentés comme des criminels volant dans un but lucratif, ou porteurs d’armes, et doivent être très respectueux des œuvres d’art. : « Il a aussi beaucoup insisté sur la mention du café Cat’s Eyes, lieu emblématique du manga. Comment les sœurs sont-elles devenues propriétaires ? Nous avons construit la réponse à cette question tout au long de la saison… »
Yeux de chat : une adaptation pour séduire les fans et les néophytes
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Pour le reste, la série de TF1 prend quelques distances avec les personnages de Tsukasa Hōjō : Sylia, Tam et Alex ne sont pas millionnaires et ne voyagent pas en jet privé, ni n’ont le numéro du président, comme c’est le cas dans les comics : « Ils sont plus proche des « vraies » personnes. Ils ne disposent pas de moyens excessifs, mais se donneront ceux-ci pour atteindre leur objectif, précise Michel Catz. Nous avions aussi envie de parler de la famille, et de comment la faire exister. On a donc créé des petits conflits entre les sœurs… » Finalement, les différents antagonistes du manga ont été « fusionnés » pour créer Prudence (Elodie Fontan), une tueuse à gages très caricaturale, histoire de rehausser l’enjeu dramatique. Les fans apprécieront les multiples références au matériel original, tandis que les néophytes pourront simplement se laisser séduire par un récit initiatique divertissant : « On parle de famille et de romance, qui sont des thèmes universels, avec beaucoup d’humour et d’action, un genre apprécié aujourd’hui, estime le scénariste. Tout le monde peut s’y identifier. »
Yeux de chat sur TF1, dès le 11 novembre à 21h10
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