«C’était une réunion comme tant d’autres, où chacun a salué les efforts officiels du Liban pour parvenir à un cessez-le-feu (entre le Hezbollah et Israël). » C’est par ces termes succincts que commente une Source gouvernementale de haut rang. L’Est-Le Jour la rencontre, qui a eu lieu vendredi après-midi au Sérail, entre le premier ministre sortant, Nagib Mikati, et la grande majorité des députés sunnites, à la veille de son voyage en Arabie Saoudite pour présider la délégation libanaise au sommet arabo-islamique lundi à Riyad. Sauf que cette rencontre a surtout servi à mettre en lumière les divergences inter-sunnites sur l’épineuse question de l’arsenal du Hezbollah.
C’est dans une perspective temporelle que l’approche de Mikati doit être abordée. Le Premier ministre tenait sans doute à signaler à l’Arabie saoudite, la plus grande puissance sunnite régionale, qu’il bénéficie d’un large soutien au sein de sa communauté. Une tâche qui, au départ, ne s’est pas révélée si simple, d’autant que Mikati est perçu comme celui qui dirige le gouvernement grâce au soutien de son principal sponsor, le tandem chiite Amal-Hezbollah, et à certaines positions de ce dernier, notamment concernant il s’agit du conflit en cours, abordé sans détour par le chef du gouvernement et son équipe. Et il semblerait que M. Mikati ait quand même perdu le pari. Car cette rencontre a été l’occasion pour les dirigeants sunnites de mettre à l’épreuve leurs divergences, notamment sur la guerre en cours entre Israël et le Hezbollah, et le moment opportun pour évoquer l’arsenal de la formation chiite.
C’est grâce à une idée d’Abderrahmane Bizri, député de Saïda, que le Premier ministre a pris l’initiative d’inviter les députés sunnites à cette rencontre informelle, à l’écart des médias, au lendemain de son entretien avec le Mufti de la République, Cheikh Abdellatif Deriane (plus haute autorité religieuse sunnite), apprend-on de sources concordantes. La réunion s’est déroulée en présence de la majorité des députés sunnites, dont des représentants pro-Hezbollah. Cependant, certains de leurs collègues, dont Ibrahim Mneimné et Halimé Kaakour (manifestation), n’y ont pas participé, fidèles à leur habitude de boycotter ce qu’ils considèrent comme des réunions à « caractère confessionnel ». “Il est tout à fait normal que le Premier ministre consulte les députés de sa communauté dans des circonstances aussi difficiles”, commente-t-il. L’Est-Le jour Walid Baarini, membre du bloc Modération nationale (ex-députés harriens à majorité sunnite), rappelant qu’une réunion similaire avait eu lieu il y a six ou sept mois. Mais à l’époque, la guerre n’avait pas encore dévasté le Liban. » «C’est avant tout pour nous informer des contacts en cours en vue d’un cessez-le-feu et pour discuter du problème du déplacement massif des Libanais ayant fui la guerre que Nagib Mikati a organisé cette rencontre», souligne Bilal Hocheimi, anti-Hezbollah. Député, présent.
Pour mémoire
Quand Mikati consacre “l’unité des fronts” avec le Hezbollah
Tout se passait très bien jusqu’à ce qu’un échange verbal virulent éclate entre Jihad Samad, député de Denniyé proche du Hezbollah, et Achraf Rifi, député d’opposition connu pour ses positions très hostiles envers le parti chiite. Selon plusieurs députés présents à la réunion, tout a commencé lorsque le député de Tripoli a pris la parole pour affirmer que la guerre actuelle n’est pas un conflit comme les autres entre Israël et le Hezbollah et que le moment est venu « de mettre fin au conflit ». ” . mini-État et son arsenal une fois pour toutes ». Il a également indiqué avoir déclaré devant le président de la Chambre, Nabih Berry, lors d’une conversation entre ce dernier et le bloc du Renouveau (auquel il appartient), qu’il y avait une « décision prise au niveau de la communauté internationale de mettre le fin des armes du Hezbollah. » Cela a suscité l’ire de Jihad Samad qui a répondu en soulignant que ce type de discours est inapproprié à l’heure où la guerre fait rage”, apprend-on de même Source. “Je n’ai jamais provoqué d’affrontements verbaux avec mes collègues députés, mais j’ai voulu mettre les points sur les “i” concernant les priorités de l’Etat en ce moment”, commente Samad pour L’HUILEqualifiant d'”inutile” la polémique née de son malentendu avec Achraf Rifi. « La réunion visait avant tout à examiner la question des personnes déplacées. Mais certains ont voulu lui donner un cachet politique», déplore le député.
Les « calculs » de Mikati.
Les hostiles au Hezbollah et, par extension, au Premier ministre ne partagent pas cet avis. «C’est vrai que nous avons voulu manifester notre soutien à la présidence du Conseil, la plus haute position réservée aux sunnites dans la hiérarchie officielle. Mais nous voulions surtout faire comprendre à M. Mikati que nous ne sommes pas de son côté et qu’il est temps de passer aux questions politiques sérieuses en abordant la question des armes du Hezbollah”, a déclaré un député d’opposition sunnite qui a souhaité garder l’anonymat.
Pour mémoire
Quand Nagib Mikati secoue le couteau dans la blessure chrétienne
Au-delà de sa volonté d’obtenir le plus large soutien sunnite, le Premier ministre est accusé par ce camp de profiter du fait qu’il gouverne le pays quasiment seul pendant une période de vacances présidentielles pour s’imposer comme le leader de facto de la communauté, orphelin de leadership après la décision du leader du mouvement du Futur, Saad Hariri, de suspendre son activité politique (janvier 2022). «Mais ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent. Tout le monde doit comprendre que seule Dar el-Fatwa est la référence de la communauté, et non les personnes qui n’ont pas gagné la confiance de l’opinion publique lors des urnes”, commente Ziad Itani, journaliste sunnite bien connu, en référence au fait que Mikati, comme les anciens chefs de gouvernement, ne s’était pas présenté aux élections législatives de mai 2022, suite à la décision de Saad Hariri. Un député de l’opposition le rejoint sur ce point : « Nagib Mikati fait des calculs politiques prudents dans la perspective de l’après-guerre. Il tente de se réserver une place lors du prochain mandat présidentiel. »
«C’était une réunion comme tant d’autres, où chacun a salué les efforts officiels du Liban pour parvenir à un cessez-le-feu (entre le Hezbollah et Israël). » C’est par ces termes succincts qu’une haute Source gouvernementale commente pour L’Orient-Le Jour la rencontre, qui a eu lieu vendredi après-midi au Sérail, entre le premier ministre sortant, Nagib Mikati, et un majoritaire écrasant…
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