Poitiers se baigne les pieds dans l’eau de temps en temps.
La dernière grande crue du Clain remonte à décembre 1982. La rivière, gonflée par les pluies torrentielles d’automne, atteint alors un niveau de 5,60 m, noyant une large zone.
Cette crue centenaire faisait même craindre un effondrement du pont de l’Intendant-Le-Nain, celui qui permet de « monter » aux Couronneries depuis la porte de Paris.
Quatre mille personnes et soixante entreprises menacées
Quarante ans plus tard, la mémoire de ce déluge s’est fortement diluée. Pas le risque. Il est toujours là. Et peut-être encore plus présent grâce à l’urbanisation croissante.
Le long du Clain, de Smarves à Saint-Georges-lès-Baillargeaux, pas moins de quatre mille habitants sont directement concernés, dont la moitié vit à Poitiers. Une soixantaine d’entreprises sont menacées en cas d’inondation du siècle.
Le plan de prévention des risques prévoit, pour ces neuf communes limitrophes du Clain, d’inciter les riverains à la précaution. Quatre communes du Grand Poitiers limitrophes de la Vienne disposent également de leur propre plan.
Rouge, orange, violet… chacun peut se rendre sur la carte interactive du Grand Poitiers et les documents joints pour vérifier à quel risque correspond son adresse.
Et connaissez-vous la couleur de ce risque ? “Nous sommes en zone rouge”, nous répond sans hésiter ce trio de riverains rencontré rue des Quatre-Roues. Ils discutent à l’entrée d’un hangar où lorgne un promoteur qui risque de voir ses espoirs déçus. En zone rouge, il est impossible de créer des logements.
« Le Clain, ça passe en dessous du hangar. Lors de la grande crue de 1982, l’eau est montée à ce point. »dit le paysagiste en désignant du bras le fameux coteau. Batterie à hauteur du compteur électrique.
Tous travaux seront à la charge du futur propriétaire. « Je ne suis que locataire et j’arrête à la fin de l’année. »
Annie et André bordent également le Clain. « C’est un risque, c’est vrai. Mais, j’ai grandi au bord de la Charente, chaque année la maison prenait l’eau. Nous y étions habitués. Mon père avait fait un trou dans le mur pour évacuer l’eau, il l’a ensuite bouché avec une tôle et a poussé le poêle. A l’époque, on n’avait pas tout ce matériel qui avait peur de l’eau. C’était il y a soixante-dix ans ! Nous avons jeté un seau pour le nettoyer et le voilà… »
Ce couple de retraités a reçu la lettre de diagnostic. Il va voir s’il s’inscrit. « Si les exigences du diagnostic sont opposables aux assureurs, il faudra voir… Nous avions déjà surélevé la maison de 40 cm à notre arrivée. C’est sur des échasses. Nous avons également placé le panneau électrique plus haut. »
Les poteaux du jardin avec vue sur l’église de Montierneuf servent de bornes de crue improvisées. Ils culminent à un mètre de hauteur. « L’eau atteint régulièrement cette hauteur » confides André.
« En un an, la cave a été inondée treize fois, vous savez, Annie est d’accord. Quand on voit l’état des berges et tous ces arbres au bord de l’eau, ce n’est pas surprenant non plus. Il faudrait le nettoyer ! »
Prochaines réunions publiques : vendredi 15 novembre à 18h30 à Poitiers, auditorium du musée Sainte-Croix ; Vendredi 22 novembre à 18h30 à Bonnes, salle des fêtes ; Lundi 25 novembre à 18h30 à Jaunay-Marigny, Agora ; Mercredi 27 novembre à 18h30 à Migné-Auxances, mairie ; Jeudi 28 novembre 2024 à 18h30 à Ligugé, mairie.
Diagnostic gratuit, travaux coûteux et subventionnés
Qui sait ? Tout propriétaire d’une propriété située dans la zone réglementée par le plan de prévention des inondations peut réaliser un diagnostic pour réduire la vulnérabilité de sa résidence. Il permet d’identifier les conséquences du risque d’inondation et de proposer des mesures pour le réduire. Il peut s’agir d’installer des pompes, d’ancrer des réservoirs et réservoirs de fioul et de gaz, d’installer des batardeaux pour bloquer les ouvertures en cas d’inondation, de surélever des panneaux électriques et des appareils de chauffage, etc.
Ces travaux prescrits doivent être réalisés dans un délai de cinq ans.
Le Grand Poitiers a décidé de proposer gratuitement ce diagnostic dont le coût peut être élevé pour les propriétaires mais indispensable. Les assureurs examineront attentivement en cas de sinistre et refuseront une indemnisation si les travaux prescrits n’ont pas été effectués.
Ils peuvent être couverts à hauteur de 80 % via le fonds de prévention des grands risques naturels. Là encore, Grand Poitiers propose un accompagnement administratif gratuit.
Les premiers diagnostics seront réalisés début 2025 et se poursuivront pendant deux ans.
Renseignements et inscription auprès de la Mission Prévention Gestion des Crises Résilience au 05.49.52.35.35 et par email [email protected]
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