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À la maison, la dame gagne plus que le monsieur et cela ne fait que rendre les gens heureux

« Nous ne nous sentons pas du tout inquiets », assure Chloé Theret, qui vit en concubinage avec son conjoint et leurs deux enfants, âgés de 5 ans et 18 mois, dans le secteur d’Aigre. A 34 ans, la secrétaire administrative indépendante gagnait presque toujours un revenu plus élevé que son compagnon d’intérim. « En moyenne 500 euros de plus. Parfois moins, parfois plus. »

Ils font partie de ces familles charentaises dans lesquelles la dame contribue davantage aux revenus familiaux que le monsieur. « À la maison, il n’y a pas de problème de genre en matière d’argent. Nous sommes parents avant tout. Et il ne se sent pas du tout inférieur parce qu’il gagne moins», affirme Chloé, qui souligne les progrès encore à faire dans la société en la matière. « Par exemple, le fait qu’une femme prenne un jour de congé pour un enfant malade semble normal à tout le monde. Si c’est à l’homme de le faire, tout à coup, cela paraît extraordinaire. »

Émilie (1), 36 ans, habite à Ruelle avec son conjoint et son fils de trois ans. Elle est assistante de direction dans une petite entreprise depuis 4 ans, il a toujours été chef cuisinier. Si l’argent, entre eux, n’a jamais été un tabou, reste ce léger embarras lorsqu’il s’agit de dévoiler publiquement son salaire. “Ce que je peux vous dire, c’est que je gagne 500 euros de plus que mon compagnon”.

“On se dit que s’il y en a un parmi nous qui doit désormais arrêter de travailler, c’est bien lui”

Mais ça n’a pas toujours été comme ça. « Quand nous nous sommes rencontrés, j’avais un autre travail et mon salaire était inférieur. Mais ce changement n’a rien changé. Parfois, il est même la cible de plaisanteries. On se dit que s’il y en a un parmi nous qui doit désormais arrêter de travailler, c’est bien lui.”

La différence de revenus apparaît sur les fiches fiscales, « mais sinon c’est 50/50. Nous avons un compte commun pour les dépenses du ménage. En revanche, chacun a son compte personnel, qui sert à nos petits plaisirs individuels, comme faire du shopping, offrir des cadeaux ou s’inviter au restaurant. C’est comme un jardin secret. »

Un compte joint pour la famille, un compte personnel pour les plaisirs

Une opération jugée équilibrée par le couple, comme dans le cas de Chloé et de son compagnon. « Nous partons du principe que ce que nous gagnons, c’est pour subvenir aux besoins de la famille. Nous avons un bateau, nous devons ramer ensemble, peu importe qui a la plus grosse pagaie », lit-on cependant sur l’image, que chacun avait également un compte bancaire séparé.

« Cela permet de faire ces petits achats plaisir sans avoir à se justifier, même si on ne s’en est jamais voulu. C’est aussi un petit pas en avant féministe. Auparavant, la femme devait demander l’autorisation à son mari pour effectuer un achat », se souvient-elle.

Le temps de travail : l’autre facteur d’équilibre

Dans cette famille, étant la maison de Monsieur, les loyers et factures bancaires sont débités, historiquement, de son compte, lorsque Madame s’occupe des dépenses quotidiennes. “C’est aussi une idée répandue selon laquelle ceux qui paient pour tout ce qui touche au logement paient plus, en raison de l’augmentation du coût de la vie.”

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Et parmi les postes sensibles, l’automobile est l’objet de conflit par excellence. « Pour nous, c’est clair. Il s’en charge, je paie », s’amuse Chloé. « Et nous décidons ensemble de notre temps libre. Il n’y a pas de « puisque tu gagnes plus, c’est toi qui décides » ». Une opération résolument dédiée au partage, dans un système économique qui n’a aucune utilité pour la séparation des couples car une maison détruite signifie le double du nombre de maisons, d’électroménagers ou de voitures vendus.

« L’argent reste un sujet relativement tabou en pour la plupart des couples », explique Natacha Bonnin, co-présidente de l’association Entreprendre au Féminin Charente. « Et il y a la question de l’épanouissement au travail. De plus en plus de femmes tentent de créer leur propre entreprise, car une fois qu’on a plus de 45 ans, pour trouver un travail plus intéressant et mieux payé, on échoue souvent.”

Pour Évelyne Videau, « il existe trois facteurs d’inégalité au travail : le salaire, la diversité des métiers, avec des catégories encore trop liées au genre, et les horaires de travail ». La présidente du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (Cidff) de Charente rappelle que plus d’un quart des femmes en France travaillent à temps partiel, contre 8,4 % des hommes. « Nous avons également remarqué que le RTT profitait davantage aux hommes qu’aux femmes, puisqu’ils prenaient congé le mercredi pour s’occuper des enfants, tandis que les hommes avaient tendance à prendre congé le vendredi pour faire du sport », résume-t-il.

Même en ce qui concerne le rythme de vie, la maison d’Émilie garantit un meilleur équilibre. « Il travaille du lundi au vendredi et uniquement le midi. Et j’en profite relativement tôt, vers 16h30, ce qui nous permet d’avoir une vraie vie de famille en fin de journée. Nous sommes privilégiés», conclut-il.

(1) Le nom a été modifié

Données sur les écarts salariaux en Charente

«Les dernières données en notre possession remontent à 2022. Dans le privé, le salaire net moyen des femmes en France est inférieur de 14,1% à celui des hommes», rappelle Évelyne Videau, présidente du Cidff de Charente. “Cela progresse légèrement par rapport aux 15,6% de 2021. Mais c’est toujours, en moyenne, 394 euros net de moins chaque mois.” En Charente, plus les femmes sont payées, plus l’écart avec les hommes se creuse. Les ouvrières résidant à Puymoyen sont les mieux payées du département (16 euros net de l’heure en moyenne), et l’écart avec les hommes est plus important en Charente (5,7 euros d’écart). Les Ruffécoises gagnent le salaire moyen le plus bas, avec 11,4 euros net de l’heure, contre 12,4 pour les hommes.

 
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