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pourquoi le climato-scepticisme gagne du terrain malgré l’urgence climatique

Depuis 2012, Donald Trump ne cesse de publier des propos climato-sceptiques sur son compte X. Températures records et fortes chutes de neige. Où est passé le réchauffement climatique ? » Ou encore : « Concentrons-nous sur un airair pur et sain, et arrêtons de nous laisser distraire par ça blagueblague aussi coûteux que soit le réchauffement climatique ! » L’« écologiste » autoproclamé a posté plusieurs dizaines de ces messages sur son réseaux sociauxréseaux sociaux.

Même si tous les partisans de Trump ne sont pas climato-sceptiques, sa position sur le changement climatique ne semble pas avoir eu beaucoup d’impact sur les résultats des élections.

Comment en est-on arrivé à minimiser les propos qui vont à l’encontre des faits scientifiques établis, au point qu’ils soient banalisés par une grande partie de l’opinion publique ?

L’élection de Donald Trump : symbole d’un virage climato-sceptique…

Dès son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a traduit ses paroles en actions politiques significatives. Son retrait de l’Accord de Paris en 2017 était un geste symbolique majeur. Depuis 2021, les États-Unis ont réintégré l’Accord, mais le nouveau président a promis d’en sortir à nouveau.

Le retour de Donald Trump ajoutera 4 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère d’ici 2030 !

Aux États-Unis, une fraction importante de la population, à l’instar de Donald Trump, doute de la réalité du changement climatique. Plusieurs études, dont une enquête de l’Université de Yale en 2023 et une étude de l’Université du Michigan en 2024, s’accordent à peu près sur un chiffre concernant la proportion d’Américains climato-sceptiques. Ce chiffre s’élève à 15%, soit environ 49 millions de personnes.

Quant à l’origine de ce changement climatique, un Américain sur deux estime que l’activité humaine n’est pas la principale raison du réchauffement de la Terre, selon une étude de PewResearchCenter de 2023.

…qui gagne du terrain partout dans le monde

Et ce n’est pas seulement un phénomène américain : la montée du climato-scepticisme a été observée dans plusieurs autres pays. Dans le monde, selon une enquête Ipsos, 34 % de la population mondiale en 2021 était climato-sceptique. Alors que cette même enquête établit que 77% des habitants de la planète estiment déjà constater les effets du changement climatique dans leur région.

En , les chiffres de l’ObsCOP 2022 d’EDF montraient que lorsque 70 % des personnes interrogées admettaient en 2019 que « il y a un changement climatique causé par l’homme », ils ne seront plus que 63 % en 2022.

2024, l’année où l’humanité a franchi cette ligne rouge qu’elle s’était jurée d’éviter !

Plusieurs acteurs derrière ces théories

Depuis les années 1970, plusieurs lobbies des énergies fossiles ont alimenté la désinformation climatique, cherchant à semer le doute sur les rapports scientifiques.

En 2019, une étude réalisée par le ThinkTank indépendant Carte d’influence avait révélé qu’à « Au cours des trois années qui ont suivi les Accords de Paris, les cinq plus grandes sociétés pétrolières et gazières cotées en bourse (ExxonMobil, Royal Dutch Shell, ChevronChevronBP et Total) ont investi plus d’un milliard d’euros dans des campagnes d’information et de lobbying trompeuses sur le climat. » Le lobbying a donc joué un rôle essentiel dans la diffusiondiffusion du climato-scepticisme en inondant les médias de leurs « contre-expertises ».

La banalisation des idées climato-sceptiques facilitée par les réseaux sociaux

Mais la banalisation du climatoscepticisme n’est pas seulement le résultat de l’idéologie de certains dirigeants ou de l’influence de puissants lobbies économiques. Elle est également alimentée par les individus dans les médias et les réseaux sociaux.

Les climato-sceptiques sont plus largement évoqués dans les médias, selon une étude

Aux États-Unis, des chaînes d’information comme Fox News ont invité sur leurs plateaux des climato-sceptiques, à l’image de Tom Harris, qui a déclaré : « il n’y a pas de crise climatique ».

Le directeur exécutif de la Coalition internationale pour la science du climat, Tom Harris, explique sur Fox News qu’il était autrefois un alarmiste climatique, mais qu’il considère désormais cela comme une arnaque. © Fox Nouvelles

En France, CNews donne aussi régulièrement la parole à ceux qui doutent. « Il y a toujours eu un changement climatique. Il y avait des vignes en Angleterre à la fin du Moyen Âge »affirmait fin octobre 2024 le directeur éditorial de la revue Capital social, Joseph Thouvenel, qui tient régulièrement des discours visant à discréditer la parole des scientifiques. Ces interventions ont pour effet d’habituer le public à considérer le réchauffement climatique comme un débat plutôt que comme une réalité scientifique. Les réseaux sociaux, avec leur capacité à multiplier rapidement les informations, ont joué un rôle d’agent de propagation des idées climato-négationnistes.

Des scientifiques attaqués sur X : « il est important de rester car le problème du changement climatique sera résolu par une action partagée »

Le Climatoscopeun observatoire fondé en 2015 pour analyser le débat climatique, observé lors d’une étude en 2023, de fortes interactions autour du climato-scepticisme sur le réseau social Ils [les groupes climatosceptiques, NDLRNDLR] faire preuve d’hyperactivité par rapport à ceux qui défendent le consensus climatique. Ils compensent leur appartenance à une minorité par une forte présence en ligne », explique David Chavalarias, directeur de recherche CNRS au Centre d’analyse et de mathématiques sociales et co-fondateur du Climatoscope. « Autre caractéristique, ces communautés ont un taux de comptes inauthentiques ( robotsrobots ou personnes payées pour relayer des messages) près de trois fois supérieure à celle des autres communautés ».

Sur des plateformes comme FacebookFacebook et YouTubeYouTubedes vidéos, des articles et des publications, souvent non vérifiés, se propagent à un vitessevitesse vertigineux, alimentant la confusion et la désinformation.

La montée de la désinformation

Dans le cas du climatoscepticisme, la désinformation est souvent construite de manière sophistiquée et s’appuie sur des arguments « scientifiques » mal interprétés ou sortis de leur contexte, explique Olivier Godard, directeur de recherche honoraire au CNRS, dans un article publié dans La conversation : « bien qu’ils nous parlent de science, les climato-sceptiques ont en commun de ne pas participer aux recherches scientifiques concernant le climat : ils n’ont pas publié (ou presque pas) d’ouvrages originaux ou critiques dans des revues scientifiques reconnues dans ce domaine ; ils ne participent pas aux congrès et conférences réunissant des spécialistes du domaine. En revanche, ils écrivent des livres destinés au grand public, tiennent blogsblogs où ils font feufeu de tout bois sans tri préalable ».

Des allégations fausses et trompeuses, basées sur des informations biaisées, il existe heureusement des solutions pour repérer les informations erronées.

Pourquoi ces idées persistent-elles à l’heure où les scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur l’état du climat ?

Il existe aujourd’hui plusieurs degrés de scepticisme climatique et deux blocs principaux émergent, rapporte une étude récente de ParlonsClimat. « Parmi les premiers, le doute porteporte essentiellement sur la part de responsabilité de l’activité humaine dans le changement climatique. […] Tandis que chez ces derniers, tous les aspects de la cause climatique sont tenus à distance, avec des justifications politiques, voire complotistes. »

Cette étude a examiné les raisons pour lesquelles les gens sont sceptiques. Parmi eux, ils citent l’idéologie politique anti-écologique, la méfiance à l’égard des élites, mais aussi la défense d’un mode de vie.

Ces chiffres qui montrent qu’on va tout droit vers une catastrophe climatique

Cette dernière piste a été explorée par d’autres études depuis des décennies. Reconnaître pleinement l’ampleur et les causes du changement climatique impliquerait de repenser des habitudes et des modes de vie profondément enracinés, qui peuvent être considérés comme une menace pour le confort, la sécurité et même l’identité. ” Ces effets du réchauffement climatique sont effrayants et l’un des premiers réflexes lorsqu’on a peur, lorsqu’on est effrayé ou inquiet, est d’évoluer vers des réflexes plutôt conservateurs. » explique Albin Wagener, enseignant-chercheur en analyse du discours, au micro de RFI.

Aujourd’hui, face à des avis contrastés, il s’agit moins de condamner des idées et des propos que de tenter de rassembler autour d’une réalité. Comme dit Jean JouzelJean Jouzelpaléoclimatologue, médaillé d’or du CNRS et vice-président de la GIECGIEC : « il faut absolument agir aujourd’hui, c’était le message il y a 15 ans et il reste d’actualité aujourd’hui ».

 
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