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10 clés expliquant pourquoi Trump a gagné

Il y a une explication à tout. Y compris la deuxième victoire électorale de Donald Trump, malgré tout ce qu’il a dit et fait à la Maison Blanche lors de son premier mandat et pendant la campagne électorale. Voici dix façons de comprendre ce qui s’est passé.


Publié à 00:45

Mis à jour à 6h00

Le coût de la vie

Au Canada, Pierre Poilievre s’est hissé en tête des sondages en répétant que la hausse du coût de la vie est le résultat de la « justinflation ». Donald Trump n’avait pas une telle formule, mais son message sur ce sujet a été extrêmement efficace. Aux yeux de dizaines de millions d’Américains, la forte hausse des prix est imputable à l’administration Biden-Harris. Et l’économie était en tête des priorités des électeurs. La célèbre formule d’un conseiller de Bill Clinton pour expliquer comment l’homme politique démocrate allait triompher au début des années 90 est toujours d’actualité : « C’est l’économie, stupide ! »

Immigration

Joe Biden avait promis de mettre fin aux politiques plus dures de Donald Trump à l’égard des migrants. C’est ce qu’il a fait. Et le nombre de migrants traversant la frontière sud des États-Unis a grimpé en flèche sous son administration. À tel point que de nombreux Américains voient désormais favorablement des solutions plus radicales. Ces derniers mois, les sondages ont montré que plus de 50 % des Américains soutiennent le plan d’expulsion massive proposé par Donald Trump.

Désir d’ordre et de contrôle

Dans une publicité pro-Trump très efficace diffusée en fin de campagne, trois femmes expliquent pourquoi elles voteront pour le candidat républicain. « Je n’aime pas ça, mais au moins, cela assurera notre sécurité », a déclaré l’un d’eux. Dans un monde incertain, cet ancien président brutal et agressif a certainement rassuré certains électeurs. Pour la majorité des Américains, l’administration Biden-Harris est associée à une perte de contrôle, estime le chroniqueur Brett Stephens de New York Times. « Contrôle des frontières, contrôle des prix, contrôle de l’ordre social, contrôle des événements mondiaux. » Au contraire, Donald Trump, « avec ses instincts autoritaires, semble être celui qui promet de restaurer ce sentiment de contrôle perdu ».

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PHOTO JEENAH LUNE, REUTERS

«Je vote pour le criminel condamné», lit-on sur cet article en vente dans un magasin de Johnstown, en Pennsylvanie.

La crise de la démocratie

Les instincts autoritaires de Donald Trump n’auraient pas porté autant de fruits électoraux il y a, disons, 20 ou 30 ans. En ce sens, sa candidature est appropriée. Il y a près d’une décennie, le politologue Yascha Mounk dénonçait un « effondrement de l’attachement à la démocratie » sur le sol américain. Un exemple : moins d’un tiers des millennials considèrent qu’il est « primordial de vivre dans une démocratie ». Dans le même temps, il a souligné que les électeurs sont « de moins en moins disposés à tolérer les droits des minorités ethniques ou religieuses ». Pain sacré pour le candidat républicain.

La confiance passe par la fenêtre

Plus la confiance dans le gouvernement diminue, plus la candidature d’un candidat comme Donald Trump augmente. C’est logique ! Dès son entrée en politique, il a pris un grand plaisir à diaboliser les hommes politiques et à promettre de « drainer le marais » à Washington. Une recette rentable à l’heure où la confiance disparaît comme jamais. Selon l’institut de sondage Gallup, seuls 24 % des Américains ont une grande confiance dans la présidence et seulement un maigre 9 % dans le Congrès américain. Et les électeurs désillusionnés par « l’establishment politique » sont aujourd’hui très friands des hommes politiques qui leur disent « d’aller se faire foutre », résumait récemment l’essayiste américain John Ganz.

Une classe ouvrière désillusionnée

Certains démocrates reprochent depuis longtemps à leur parti de ne plus se soucier suffisamment du sort de la classe ouvrière blanche. Ils ont raison. L’appauvrissement de ces Américains au cours des dernières décennies a été rigoureusement documenté. On pointe entre autres, évidemment, les inégalités, mais aussi la délocalisation des emplois vers des pays où les salaires sont nettement inférieurs. Le fait que Donald Trump critique durement la mondialisation et les accords de libre-échange, contrairement à ses prédécesseurs républicains, a toujours été pour lui un gage de succès. Les nouveaux tarifs douaniers qu’il promet pourraient alimenter l’inflation, mais pour l’instant ils satisfont la majorité des Américains.

Déconsolidation des médias

Nous sous-estimons encore l’impact des bouleversements de la révolution des communications en cours. La popularité de Donald Trump a surtout été renforcée par un écosystème médiatique conservateur influent, au centre duquel se trouve le réseau Fox News. C’est désormais une machine de propagande au service des Républicains. Ne sous-estimons pas non plus l’impact des réseaux sociaux (comme X, propriété d’Elon Musk), dont les algorithmes favorisent la polarisation, la colère et l’intolérance. La déconsolidation de l’écosystème médiatique traditionnel facilite également la désinformation, au profit d’un menteur compulsif comme Donald Trump. Enfin, n’oublions pas cette année l’impulsion de l’animateur du podcast le plus populaire aux Etats-Unis, Joe Rogan, dont la récente interview de trois heures avec le candidat républicain a été vue et écoutée par des dizaines de millions de personnes.

L’impopularité de Joe Biden

Le taux de satisfaction professionnelle de Joe Biden était si bas (41 % en octobre) qu’il n’aurait probablement pas été réélu s’il était resté dans la course, même sans sa performance désastreuse lors du débat présidentiel. Imaginez : deux Américains sur trois disaient qu’ils estimaient, fin septembre, que le pays allait dans la mauvaise direction ! Kamala Harris a traîné l’impopularité de Joe Biden comme un boulet. Pour le plus grand plaisir de Donald Trump.

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PHOTO DAVID J. PHILLIP, PRESSE ASSOCIÉE

La vice-présidente Kamala Harris quitte la scène avec son mari Doug Emhoff après avoir prononcé son discours de défaite mercredi à l’Université Howard.

La performance de Kamala Harris

La victoire éclatante de Donald Trump a été facilitée par la faiblesse de Kamala Harris. Ce n’est pas Barack Obama qui le veut. Il n’avait ni la direction verbale ni la maîtrise des enjeux qui ont permis à l’ancien président d’être élu deux fois à la Maison Blanche (le meilleur exemple : sa prestation honnête, mais sans plus, deux semaines lors d’une réunion avec les électeurs de Pennsylvanie organisée par CNN). ). . Ce n’est pas seulement sa faute. Si Joe Biden avait annoncé son départ plus tôt, elle aurait eu plus de temps pour s’améliorer. Il nous faudra analyser une autre question fondamentale : combien d’électeurs ont voté pour Trump parce qu’ils n’avaient pas pu voter pour une femme noire ?

Les talents de Donald Trump

Rendons à César ce qui est à César, il faut un certain talent pour renouer avec la victoire de manière aussi spectaculaire avec un bilan aussi terrible (à la fois ce qu’il a pu faire et ce qu’il a pu dire depuis 2015). Pour comprendre le modus operandi du candidat républicain, il faut analyser son admiration pour… Sylvester Stallone. “Il sait ce que veut le public et il le lui donne”, a déjà déclaré Donald Trump à propos du célèbre acteur. Lui-même estime avoir « ce genre d’instinct ». Après son triomphe évident, comment ne pas être d’accord avec lui ?

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