Un diptyque d’images créé le 4 novembre 2024 montre, de gauche à droite, la candidate démocrate à la présidentielle et vice-présidente des États-Unis Kamala Harris à Madison, Wisconsin, le 31 octobre 2024 ; et l’ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidentielle Donald Trump à Butler, Pennsylvanie, le 5 octobre 2024 (AFP / Brendan SMIALOWSKI)
Des dizaines de millions d’Américains votent mardi pour décider si Kamala Harris ou Donald Trump entrera à la Maison Blanche, une élection sous haute tension et aux enjeux majeurs pour les Etats-Unis et le reste du monde.
De New York à Los Angeles, des plaines du Midwest jusqu’aux côtes de Floride, de longues files d’électeurs se sont formées sur les trottoirs en ce jour historique.
“J’encourage tout le monde à sortir et à voter”, a déclaré sur une radio locale la démocrate de 60 ans, qui pourrait devenir la première femme à diriger la première puissance mondiale.
Le républicain, auteur d’un retour politique spectaculaire après avoir été condamné devant un tribunal, s’est dit “très confiant” dans sa victoire, juste après avoir voté à West Palm Beach, près de sa résidence.
L’ancien président de 78 ans s’est engagé à reconnaître sa possible défaite « si les élections sont équitables ». “Jusqu’à présent, je pense que cela a été juste”, a-t-il ajouté.
– Drapeau en lambeaux –
Il avait auparavant publié une vidéo s’ouvrant sur un drapeau américain en lambeaux, avec des images de migrants traversant la frontière ou de délinquants armés, contrastant avec des ouvriers, des mineurs, des policiers ou des militants présents à ses réunions.
Électeurs à New York le jour du scrutin, le 5 novembre 2024 (AFP / Leonardo Munoz)
Plus de 82 millions d’Américains ont déjà voté par anticipation et impossible de savoir s’il faudra des heures ou des jours de dépouillement pour départager le vice-président et l’ancien dirigeant, dont les personnalités et les visions sont on ne peut plus différentes.
Darlene Taylor a voté dans une école primaire d’Erie, en Pennsylvanie, un État clé qui à lui seul pourrait faire basculer le résultat de cette élection extrêmement serrée.
La femme de 56 ans, qui vit des allocations sociales, porte un t-shirt à l’effigie de « Trump-Vance », le tandem qu’elle souhaite voir diriger cette fédération de 50 États et 335 millions d’habitants.
“Nous ne voulons pas encore quatre années de forte inflation, de ce prix de l’essence et de mensonges”, explique-t-elle.
Coiffée d’une casquette de baseball, Marchelle Beason, 46 ans, a voté pour Kamala Harris.
« Je pense que cela réconciliera toute la population, le monde entier, parce que nous sommes tellement divisés en ce moment », a-t-elle déclaré. “Elle agit pour la paix, alors que tout ce que dit son adversaire est systématiquement négatif.”
Une file d’électeurs attendant leur tour pour voter à Washington, le 5 novembre 2024 (AFP / Allison ROBBERT)
Aux rencontres de Kamala Harris et de Donald Trump, deux Amériques apparemment irréconciliables se sont rassemblées ces dernières semaines, chaque camp étant convaincu que l’autre conduirait le pays au désastre.
L’ancienne sénatrice et procureure de Californie a qualifié sa rivale de « fasciste ». L’ancien magnat des affaires lui a dit qu’elle était « bête comme l’enfer » et qu’elle allait « détruire » le pays.
– Du cou au coude –
Le verdict des urnes sera de toute façon historique.
Les derniers sondages donnent les deux adversaires quasiment à égalité dans les sept Etats cruciaux, ceux qui, dans ce vote indirect, donneront au démocrate ou au républicain le nombre d’électeurs suffisant pour atteindre le seuil de 270 sur 538, synonyme de victoire.
Les habitants de Dixville Notch ont rempli leur bulletin de vote à minuit pour les premiers votes du jour des élections américaines, à Dixville Notch, New Hampshire, États-Unis, le 5 novembre 2024 (AFP / Joseph Prezioso)
Pour tenter de convaincre en seulement trois mois de campagne, Kamala Harris s’est concentrée sur un message de protection de la démocratie et du droit à l’avortement, à destination des femmes et des républicains modérés.
La démocrate, née d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, organise sa soirée électorale dans son ancienne université, l’institution historiquement noire Howard, à Washington.
Donald Trump, qui a quitté la Maison Blanche en 2021 dans un contexte chaotique, après avoir survécu à deux procédures de destitution, a rejoué dans cette campagne le même score qu’en 2016 et 2020, se présentant comme un candidat antisystème proche du peuple, le seul capable de sauver un pays ravagé selon lui par les migrants et une inflation galopante.
– Drones, tireurs d’élite –
Mardi conclut une superbe course, marquée par l’entrée brutale en lice en juillet du vice-président, en remplacement du président vieillissant Joe Biden, et par deux tentatives d’assassinat contre l’ancien président républicain, quatre fois inculpé au pénal.
Partisans de Trump en Floride, le 5 novembre 2024 (AFP / Miguel J. Rodriguez Carrillo)
Ce qui se passera ensuite reste une grande inconnue.
Les deux camps ont déjà engagé des dizaines de poursuites judiciaires, tandis que deux Américains sur trois craignent une éruption de violence après les élections.
Certains bureaux de vote se sont transformés en forteresses, surveillées par des drones et avec des tireurs embusqués sur les toits.
Mardi matin, la police fédérale, le FBI, a mis en garde contre de fausses vidéos circulant et remettant en cause l’intégrité des opérations de vote.
Dans la capitale fédérale Washington, des barrières métalliques entourent la Maison Blanche, le Capitole et d’autres sites sensibles. Les commerces du centre-ville ont recouvert leurs fenêtres de planches de bois.
Les images du 6 janvier 2021, où les trumpistes ont attaqué le siège du Congrès américain, restent dans toutes les têtes.
Des planches de bois recouvrent la façade d’une pharmacie, à Washington, le 4 novembre 2024 (AFP / Brendan SMIALOWSKI)
Donald Trump a déjà posé les premières pierres d’un nouveau défi, accusant les démocrates de « tricher comme un diable ».
Et le camp démocrate dit « s’attendre » à ce que le républicain se déclare prématurément vainqueur, comme il l’a fait en 2020.
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