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Environnement et Changement climatique Canada impose un plafond d’émissions pour le secteur pétrolier et gazier d’ici 2030

Les conservateurs de partout au pays ont montré les dents contre le projet de limitation des émissions du secteur pétrolier et gazier pour 2030, rendu officiel lundi par le gouvernement Trudeau. Selon l’opposition officielle à Ottawa, cela revient à tuer des emplois et à financer des dictateurs étrangers.

« La croisade idéologique de [Justin] Trudeau contre l’énergie canadienne doit cesser. [Le premier ministre] veut étouffer l’industrie énergétique canadienne avec un plafond d’émissions arbitraire qui dévastera l’économie déjà brisée du Canada, obligeant nos alliés à acheter du pétrole sale de dictateur à des criminels comme Vladimir Poutine et au régime terroriste de Téhéran », a déploré le Parti conservateur du Canada dans un communiqué.

Le parti de Pierre Poilievre réagissait aux détails d’un projet de règlement dévoilé lundi par Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) qui prévoit imposer un plafond d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2030 au secteur pétrolier et gazier.

Le document a le double objectif d’encourager les technologies vertes, telles que le captage et le stockage du carbone, et de réduire la pollution émise par le secteur pétrolier et gazier, responsable de 31 % de toutes les émissions du Canada en 2022.

L’Alberta contre-attaque

« [Le plafond] empêchera probablement les investissements dans des projets pétroliers et gaziers. Le résultat sera une baisse de la production, moins d’exportations, moins d’emplois, une baisse du PIB et une baisse des revenus des gouvernements », a ajouté l’Association canadienne des producteurs pétroliers.

“Ce plafond viole la Constitution canadienne”, a déclaré la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, qui a évoqué l’utilisation de sa récente Loi sur la souveraineté de l’Alberta dans un Canada uni pour contourner la mesure.

Son gouvernement a financé une campagne publicitaire consistant à diffuser le message « jeter le plafond » (« jetez le plafond ») sur un camion circulant dans les rues d’Ottawa (« jetez le plafond »). jeter le bouchon “). Cela a été qualifié d’« actions stupides » par le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault.

« Il s’agit de désinformation de la part du mouvement conservateur au Canada. Si [le chef conservateur] Pierre Poilievre, [ou les premiers ministres de l’Alberta et de la Saskatchewan] Danielle Smith ou Scott Moe, ils prétendent que les changements climatiques n’existent pas malgré les impacts climatiques évidents, dramatiques pour la vie des Canadiens et pour l’économie», a-t-il répondu en mêlée de presse.

Entouré de six autres élus libéraux, dont deux ministres, Steven Guilbeault a reconnu que son règlement, annoncé de nouveau lundi, mais dont on ne verra la version finale qu’en 2025, pourrait partir à la poubelle si les conservateurs prennent le pouvoir. « La meilleure garantie pour que Pierre Poilievre ne défait pas tout ce que nous avons fait en matière d’environnement est de réélire le Parti libéral. »

De leur côté, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique ont critiqué la faible ambition et l’attente de la mise en œuvre de ce plafond promis par les libéraux lors des élections de 2021.

Production accrue

Le ministre Guilbeault a pris soin d’insister sur le fait qu’un plafond ne fera pas baisser le niveau de production pétrolière. Au contraire, ce cadre devrait laisser une marge de manœuvre suffisante aux compagnies pétrolières pour pomper 16 % d’or noir en plus en 2030-2032 par rapport à 2019.

Tout en augmentant sa production, le secteur pétrolier et gazier ne serait plus autorisé à polluer au-delà d’un certain niveau, mais que le gouvernement fédéral ne calculera pas avant deux ans. Les entreprises du secteur devront déclarer leurs émissions à partir de 2026, puis le gouvernement fixera un plafond, à 27 % en dessous des niveaux de cette année-là, pour 2030.

Les responsables d’ECCC estiment que ce plafond équivaudra à une réduction de 35 % des émissions du secteur par rapport à 2019, mais ils ne peuvent le garantir. Un haut responsable a déclaré lundi qu’il estimait que le risque que les entreprises augmentent soudainement leurs émissions en 2026, l’année de référence, « est très faible » étant donné que cela leur coûterait cher en déchets et en taxes fédérales sur le carbone.

Selon cet objectif, les émissions des sociétés pétrolières et gazières devraient être d’environ 146 millions de tonnes en 2030. Si la réduction imposée était alignée sur l’objectif national de réduction des GES, soit une baisse de 40% par rapport à 2005, les émissions du secteur devraient être encore plus faible, à 117 millions de tonnes en 2030.

Le plafond d’émissions annoncé lundi vise à permettre au pays de répondre à une demande énergétique mondiale toujours croissante. Le Canada est le quatrième producteur de pétrole et le cinquième producteur de gaz au monde. Les bénéfices du secteur ont été multipliés par 10 pendant la pandémie (6,6 milliards de dollars en 2019 contre 66,6 milliards de dollars en 2022).

Même si le plafond ne cible que les grands producteurs (365 000 barils de pétrole par an et plus) et qu’ils seront autorisés à échanger des crédits de compensation entre eux ou à acheter des « unités de décarbonation » à 50 dollars la tonne de CO2Ottawa espère que cette mesure encouragera suffisamment la décarbonisation pour économiser 4 milliards de dollars de dommages dus au changement climatique dans le monde. Le Canada constaterait un gain net de 428 millions de dollars.

Avec Alexander Shields

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