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Ouverture du procès des huit personnes impliquées dans la mort du professeur

Le procès de huit personnes accusées d’avoir joué un rôle dans la campagne de haine qui a conduit à l’assassinat de Samuel Paty en octobre s’est ouverte ce lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Le professeur d’histoire-géographie de Conflans-Sainte-Honorine, 47 ans, a été assassiné par Abdoullakh Anzorovun jeune islamiste radical russe âgé de 18 ans, d’origine tchétchène et bénéficiaire du statut de demandeur d’asile en . Ce dernier est largement absent du procès puisqu’il a été tué par la police peu après avoir poignardé et décapité le professeur.

L’audience a débuté par la vérification de l’identité des huit accusés. Parmi eux, deux jeunes amis de l’agresseur qui devront répondre de « complicité d’assassinat terroriste », un délit passible de la réclusion à perpétuité. Naïm Boudaoud, 22 anset le Russe d’origine tchétchène Azim Epsirkhanov, 23 anssont notamment accusé d’avoir accompagné Anzorov chez une coutellerie à Rouen la veille de l’attentat.

Les six autres accusés, dont trois sous contrôle judiciaire, comparaissent libres. Ils sont jugés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, un délit passible de 30 ans de réclusion criminelle. Brahim Chnina, Marocain de 52 ansen fait partie. Il est le père de l’écolière de 13 ans de l’époque, qui affirmait faussement (elle était absente de la classe) que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de quitter la classe avant de montrer des caricatures de Mahomet. La fille de Brahim Chnina et cinq autres anciens collégiens ont été condamnés l’automne dernier à des peines allant de 14 mois avec sursis à deux ans dont six mois de prison suite à un essai fermé devant le tribunal pour enfants.

« Susciter un sentiment de haine »

Jugé à ses côtés, Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste franco-marocain de 65 ans. Les deux hommes, en détention provisoire depuis quatre ans, ont massivement relayé les mensonges de l’adolescent sur les réseaux sociaux dans le but, selon le parquet, de «désigner une cible“, “susciter un sentiment de haine” et “prépare donc plusieurs crimes« Ils sont tous deux accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste.

Maître Vincent Brengarth, avocat d’Adbelhakim Sefrioui, a déclaré lundi sur franceinfo que son client «est déterminé à démontrer qu’il n’a absolument rien à voir avec la commission de cet attentat, ni directement ni indirectement“Accusé d’avoir participé.”le développement et la diffusion de vidéos présentant de fausses informations destinées à susciter un sentiment de haine“S’agissant de Samuel Paty, l’avocat considère que”Il mène depuis des années des batailles politiques en faveur des peuples de confession musulmane et de la Palestine. S’il a décidé de diffuser cette vidéo, c’est pour dénoncer ce qu’il considère comme un acte de discrimination.« . “En revanche, rien n’établit le moindre lien entre M. Sefrioui et l’auteur de l’attentat.», dit-il.

Parmi les autres accusés, Priscilla Mangelun trentenaire très actif depuis l’adolescence dans le monde de l’islam radical. Elle a échangé de nombreux messages avec Abdoullakh Anzorov, notamment dans les jours précédant l’attaque, selon le parquet. Trois jeunes hommes sont accusés d’avoir apporté un soutien idéologique au terroriste : Yusuf Cinar, Ismail Gamaev et Louqmane Ingarâgés de 22 ans. Tous trois ont discuté avec le terroriste via des groupes Snapchat.

Onde de choc dans la société française

L’assassinat de Samuel Paty – survenu en plein procès des attentats du 7 janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo – a constitué une onde de choc dans la société française. “Le mécanisme tragique qui a abouti au martyre de Samuel Paty révèle la profondeur de l’entrisme islamiste en France et sa porosité avec le terrorisme. Sa présentation détaillée en audience publique doit non seulement entraîner la condamnation sévère de ceux qui y ont participé, mais aussi sensibiliser notre société face à un danger mortel.», souhaitent Thibault de Montbrial et Pauline Ragot, avocats de Mickaëlle Paty, l’une des sœurs du professeur assassiné.

Sans ces différentes personnes, Samuel serait en vie, alors [ce procès] est tout à fait logique», défend sur franceinfo Virginie Le Roy, avocate de la famille de Samuel Paty. L’absence de l’assassin n’a pas d’importance pour l’avocat »,ça a beaucoup de sens, ce procès“, depuis “deux complices sont licenciés et six personnes sont là pour association terroriste« . La famille du professeur, qu’elle défend, est «déterminé à avoir des explications“et pour obtenir”les sanctions imposées aux personnes dans la boîte» de l’accusé.

Francis Szpiner, avocat des autres membres de la famille de Samuel Paty, a souhaité «que la justice soit à la hauteur du crime commis, un fait sans précédent dans l’histoire de la République« . L’audience est présidée par Franck Zientara, un magistrat expérimenté qui a notamment dirigé le procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray.

Samuel Paty, un homme « seul, effrayé, désespéré »

Le procès sera l’occasion d’évoquer la figure de Samuel Paty, un homme »seul, effrayé, aux abois“, selon les juges d’instruction.”Je suis menacé par les islamistes locaux», écrit-il à ses confrères le 10 octobre 2020, quatre jours après son cours sur la liberté d’expression. A aucun moment l’enseignant menacé ne bénéficiera d’une protection policière.

Lui, qui avait l’habitude de rentrer chez lui à pied, a demandé à ses collègues de le ramener chez lui en voiture quatre jours avant son assassinat. Sauf le 16 octobre, veille des vacances scolaires, où aucun professeur motorisé n’est disponible. Triste symbole du sentiment d’insécurité qui l’habitait, un dérisoire marteau a été découvert dans son sac à dos après son assassinat. Le procès est prévu jusqu’au 20 décembre.

 
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