« Gagner sans se battre »» a écrit le stratège chinois Sun Tzu. Un conseil appliqué à la lettre trente siècles plus tard par les généraux de l’Armée populaire qui mènent une guerre des nerfs avec Taiwan. Cette politique de canonnière est la nouvelle norme dans le détroit de Formose où l’armée chinoise a mené trois vagues successives de manœuvres militaires au cours du seul mois dernier, mobilisant des centaines d’avions, des navires de guerre et, pour la première fois, ses deux porte-avions.
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« Il y a une volonté d’effrayer les Taiwanais pour les éloigner des tendances indépendantistes, mais aussi des aspects stratégiques, car la Chine a besoin de mieux coordonner ses opérations terrestres, maritimes et aériennes »explique Brian Hart, du Centre stratégique d’études internationales, qui rappelle que Pékin n’a pas mené de guerre depuis quarante-cinq ans et perdu des batailles à la frontière vietnamienne. « Chaque exercice dans la zone empêche la circulation des avions civils et des cargos »continue Brian Hart. « La menace à laquelle nous sommes confrontés comprend la coercition militaire, mais aussi la guerre économique, la guerre hybride, la guerre juridique et la guerre psychologique. »résume Joseph Wu, chef du Conseil national de sécurité de Taiwan.
Pékin accélère le pas
Sans compter les 90 000 tentatives de cyberattaques chaque mois visant les infrastructures gouvernementales, mais aussi les centrales électriques, les hôpitaux et les entreprises de l’île. Le calendrier joue également un rôle dans la volonté de Pékin d’accélérer le rythme des préparatifs d’une guerre totale. Non seulement le régime communiste a voulu réagir cette semaine à la vente par les États-Unis pour plus d’un milliard de dollars d’armes, dont des systèmes antiaériens, des missiles et des radars, dont une partie provenait des stocks de l’armée de l’air américaine. , mais il veut surtout faire pression sur la future administration américaine. Les Démocrates comme les Républicains laissent planer le doute sur une réponse militaire en cas d’invasion chinoise.
« Donald Trump ne s’est pas engagé à recourir à la force militaire pour défendre Taïwan »
« Donald Trump ne s’est pas engagé à recourir à la force militaire pour défendre Taïwan, soulignant plutôt sa préférence pour les sanctions économiques. Ce qui ne servirait à rien, assure Sasha Chhabra, experte au Global Taiwan Institute. Pékin a déjà intégré les coûts associés à une invasion, qui en elle-même créerait un désastre économique mondial avec la destruction de l’industrie taïwanaise des semi-conducteurs, qui représente 90 % de la production mondiale. Les sanctions économiques sont de toute façon inefficaces ; nous l’avons vu avec la Russie, la Birmanie et Cuba. »
Donald Trump n’est pas le seul à hésiter, Kamala Harris cultive aussi l’ambiguïté. « Lorsqu’on lui a demandé si elle défendrait Taïwan, elle n’a pas confirmé vouloir respecter l’engagement du président Biden de recourir à la force militaire pour repousser une invasion. Cependant, seule une dissuasion sécuritaire crédible, soutenue par l’armée américaine, pourrait avoir un effet dissuasif significatif contre l’agressivité de Pékin.conclut Chhabra.
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