Premier écrivain marocain à avoir déclaré son homosexualité, en 2006, Abdellah Taïa a remporté le prix Flore en 2010 pour Fête du Roi. En novembre, à la Foire de Brive, en Corrèze, il recevra le Prix de la langue française pour l’ensemble de son œuvre.
L’homosexualité au Maroc
A 51 ans, Abdellah Taïa revient à Le Bastion des Larmes dans sa terre natale, Salé, près de Rabat, pour évoquer les discriminations subies par les homosexuels au Maroc, notamment les violences infligées aux enfants, mais aussi les personnages féminins très libres inspirés de ses huit sœurs aînées. Après avoir figuré dans les premières sélections du Goncourt et du Grand Prix du roman de l’Académie française, le roman reste en lice pour les Médicis.
En 2023, le Prix Décembre a été décerné à un autre auteur queer, Kevin Lambert, pour son roman Que notre joie demeure qui a également reçu le prix Médicis.
têtu · j’ai aimé Le Bastion des Larmes :
Retour à Salé pour Abdellah Taïa, qui avait fait de sa ville natale au bord de l’océan Atlantique le décor de L’Armée du Salut (2006), son roman partiellement autobiographique sur l’éveil d’un adolescent gay au Maroc.
Ici le narrateur, Youssef, exilé à Paris depuis vingt-cinq ans, doit retourner sur les lieux de son enfance pour liquider l’héritage de sa mère décédée. Un moment forcément bouleversant dans la vie d’un homme, qui l’amène à retourner à sa terrible jeunesse de petit pédé dans une société qui ne fait pas de place aux «folasses» si elle n’est pas inférieure à la terre, même au sein de leurs propres familles : « Où le mettre ? Où le cacher ? Ah ça, oui oui, il faut le cacher.
Connu pour être l’un des premiers écrivains arabes à avoir publiquement revendiqué son homosexualité, Abdellah Taïa pousse plus loin sa dénonciation d’une culture hypocrite qui rejette violemment ses homosexuels : « Toute ta vie est un crime, Youssef. Tu es gay, n’est-ce pas ? – tout en fermant les yeux quand ils sont puissants, et dont le virilisme homophobe s’accommode très bien des viols de jeunes garçons efféminés – « Nous sommes au Maroc. Ici, les enfants appartiennent à tout le monde.
Pouvons-nous pardonner cela ? Est-ce nécessaire de toute façon ? Le temps seul punira-t-il les meurtriers de notre enfance ? Le Bastion des Larmes fait partie de la première sélection du jury du Prix Goncourt 2024.
Crédit photo : Abderrahim Annag El Khair
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