L’Ukraine a annoncé mardi une nouvelle mobilisation de 160.000 soldats, face à l’accélération de l’avancée russe, avec notamment la prise de la ville orientale de Selydové, et aux craintes d’un déploiement de troupes nord-coréennes par Moscou.
La Russie a également mené mardi de nouveaux exercices militaires nucléaires sous la supervision du président Vladimir Poutine, qui avait récemment évoqué la possibilité d’utiliser ces armes dans le contexte du conflit en Ukraine et avec l’Occident.
Face à une armée ukrainienne moins équipée et sous-équipée, les forces russes, malgré des pertes importantes, multiplient les succès ces dernières semaines.
Mardi, ils ont revendiqué la victoire à Selydové, qui comptait avant la guerre environ 20 000 habitants, une avancée significative près de Pokrovsk, un centre logistique de la région ukrainienne de Donetsk, à l’est du pays.
La conquête des régions orientales de l’Ukraine a été définie comme la « priorité » par Vladimir Poutine dans cette invasion lancée en février 2022 par l’armée russe qui n’a alors pas réussi à prendre Kiev, la capitale, puis a été repoussée vers l’Est.
Le ministère russe de la Défense a également annoncé la prise de trois sites dans la région : Guirnyk, Katerynivka et Bogoyavlenka.
La Russie a repris l’initiative il y a environ un an, malgré le manque d’hommes et d’équipements des troupes ukrainiennes et les atermoiements occidentaux quant à l’utilisation et à l’étendue de l’aide militaire fournie.
Pour contrer ce phénomène, Kiev mobilisera au moins 160 000 soldats supplémentaires, a déclaré aux législateurs Oleksandr Lytvynenko, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien.
Selon lui, cela permettra de reconstituer les rangs de l’armée de 85%, alors que depuis le début de l’invasion «un total de 1,050 millions de citoyens ont été enrôlés».
Cette mobilisation devrait s’étaler sur les trois prochains mois, a indiqué à l’AFP une Source du secteur sécuritaire.
L’armée russe a avancé de 478 km2 en Ukraine depuis début octobre, soit son plus gros gain territorial en un mois depuis mars 2022 et les premières semaines du conflit, selon une analyse de l’AFP lundi basée sur les données de l’Institut américain pour l’étude de l’Ukraine. Guerre (ISW).
La guerre « devient internationale »
En août, l’Ukraine a tenté de forcer la Russie à détourner une partie de ses forces de la région de Donetsk, en attaquant et en occupant une partie de la région frontalière russe de Koursk, plus au nord.
Mais le pari semble avoir échoué et désormais, selon les Occidentaux, Kiev et Séoul, la Russie est sur le point de recevoir le renfort de milliers de soldats nord-coréens, après avoir formé une alliance de plus en plus étroite avec Pyongyang.
La Corée du Nord a longtemps été accusée de fournir massivement des armes à la Russie, mais l’implication de ses troupes dans les combats constituerait une nouvelle escalade dans le pire conflit qu’ait connu l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ce sujet était au centre de l’entretien téléphonique mardi entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue sud-coréen Yoon Suk Yeol.
“Nous sommes arrivés à la même conclusion : cette guerre devient internationale”, a déclaré Zelenskyj, qui est en voyage en Islande, sur Telegram.
Le Pentagone a annoncé lundi que la Corée du Nord avait envoyé environ 10 000 soldats s’entraîner dans l’est de la Russie, ce qui entraînerait « probablement » un « renforcement des troupes russes près de l’Ukraine dans les semaines à venir ».
Une délégation de Corée du Sud, important fabricant d’armes, devrait se rendre cette semaine en Ukraine, selon les médias, dans le but “d’intensifier les échanges” entre Kiev et Séoul, selon Zelensky.
Grèves dans les villes ukrainiennes
Le chef de la diplomatie nord-coréenne Choe Son Hui était mardi à Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe, et est attendu à Moscou mercredi, selon les agences de presse russes.
Et la Russie a envoyé un autre message à ses adversaires en annonçant mardi soir avoir procédé à de nouveaux exercices militaires nucléaires.
Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir “pleinement atteint” ses objectifs, notamment avec “des lancements de missiles balistiques et de croisière”.
Dans le même temps, l’armée russe continue de bombarder des zones civiles en Ukraine.
Une frappe aérienne russe à Kharkiv, la deuxième ville du pays, située au nord-est, a tué au moins quatre personnes mardi matin, a déploré le maire.
Deux personnes ont été tuées à Kherson, dans le sud du pays, a annoncé la municipalité.
Une autre personne a été tuée dans la région voisine d’Odessa.
Kiev, la capitale, a également été visée par une attaque de drones explosifs dans la nuit, mais tous ont été abattus, ont indiqué les autorités.
ATS
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