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l’avenir incertain des réfugiés ukrainiens en

« Qui veut que les Ukrainiens restent en aujourd’hui ? Apparemment plus personne, constate, démissionnaire, la sénatrice Nadia Sollogoub, présidente du groupe France-Ukraine au Sénat. Je ne sais pas comment ils vont survivre à l’hiver, ils sont très anxieux. » Alors qu’aucune perspective de paix ne semble se dessiner sur le front ukrainien, la politique française d’accueil des réfugiés ukrainiens s’essouffle.

« Nous sommes à la croisée des chemins, » précise le préfet Joseph Zimet, directeur de la cellule interministérielle de crise ukrainienne depuis mars 2022. Face à un conflit qui s’étend, il est sans doute nécessaire de réinventer nos systèmes d’accueil en Europe. » Une question paralyse les associations : qu’adviendra-t-il des réfugiés ukrainiens qu’elles hébergent, alors qu’aucune mention n’est faite du dispositif d’accueil dans le projet de loi de finances pour 2025 ?

Selon la cellule interministérielle de crise ukrainienne, environ 90 000 personnes bénéficient d’une protection temporaire en France. Appliqué pour la première fois par l’Union européenne en mars 2022, ce dispositif offre un droit de séjour, un accès au marché du travail, une aide sociale et médicale, un logement, ainsi qu’une allocation de demandeur d’asile. (426 € par mois). Prévu pour trois ans, ce mécanisme devait initialement prendre fin en mars 2025. Face à la stagnation du conflit, il a été prolongé jusqu’au printemps 2026. “C’est une très bonne nouvelle pour les Ukrainiens, explique Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des Acteurs Solidaires (FAS), une organisation de lutte contre l’exclusion qui regroupe 900 associations, mais la question du logement n’est pas résolue. »

Des avances qui s’élèvent à cinq zéros

Si la moitié des réfugiés trouvent leur propre logement, les 50 % restants dépendent des pouvoirs publics ou de la solidarité nationale. Quelque 11 000 personnes bénéficient d’un hébergement citoyen, 12 000 autres sont hébergées dans des hébergements collectifs à la charge du ministère de l’Intérieur. Surtout – et c’est là que réside le problème – près de 30 000 Ukrainiens sont hébergés dans des logements individuels via l’intermédiation locative (IML). Cependant, ce dispositif temporaire, qui permet aux associations de sous-louer des appartements du parc locatif privé à des ménages en difficulté, peine.

Selon l’association Les Lumières d’Ukraine, en Meurthe-et-Moselle, entre 60 et 70 familles ont été sommées de quitter leur domicile en octobre, au motif qu’elles n’avaient pas effectué les démarches d’insertion professionnelle prévues dans le dispositif. Même si la préfecture a assuré qu’aucun soutien ne cesserait au 31 octobre 2024, Nadia Sollogoub craint que la situation ne se tende sur l’ensemble du territoire. “Je reçois des appels d’associations me demandant ce qui va se passer cet hiver et qui craignent de devoir libérer des logements loués à des Ukrainiens en l’absence de financement”, confirms Olga Mala, president of the Aidons l’Ukraine Dijon association.

Sortir du flou autour de la question de l’accueil des Ukrainiens

Censé rembourser les organismes tiers, l’État ne remplit plus cette mission depuis l’automne dernier, selon le FAS. « En avril 2024, une organisation du SAF sur trois déclarait ne pas avoir reçu la totalité des financements de l’État pour l’année 2023, alerte Nathalie Latour. Après avoir puisé sur leurs fonds propres et réalisé des avances, les associations sont sur la corde raide. Et nous ne savons pas si l’IML sera maintenu. »

En avril, neuf organisations du FAS sur dix affirmaient n’avoir aucune visibilité sur le financement du système au-delà des six prochains mois. Une situation inquiétante, sachant que les 30 000 Ukrainiens qui en bénéficient constituent un groupe vulnérable, composé de familles monoparentales avec un ou plusieurs enfants à charge, voire de personnes âgées ou handicapées. “Nous risquons d’abandonner au milieu du gué des Ukrainiens incapables de devenir indépendants”, renchérit Nadia Sollogoub, qui travaille sur un projet de loi visant à améliorer le fonctionnement de l’IML.

Pour lever le flou autour de la question de l’accueil des Ukrainiens, absents du projet de loi de finances 2025, quatre organisations de solidarité, dont le FAS, ont proposé un amendement visant à assurer la continuité de ces mesures. Le coût total de leur prolongation s’élèverait à 27,5 millions d’euros. “Soit l’Etat agit, soit il adopte un discours franc et admet qu’il ne peut plus prendre en charge les réfugiés ukrainiens, mais en maintenant cette posture hypocrite, il continue de coincer les intermédiaires de solidarité, résume l’élue Nadia Sollogoub. Quoi qu’il en soit, potentiellement des milliers de personnes se retrouveront à la rue, pendant que nos systèmes d’hébergement d’urgence sont embolisés. »

Les demandes d’asile en hausse

En cas de disparition du système IML, quelque 30 000 Ukrainiens devront trouver une solution de repli. La Délégation interministérielle au logement et à l’accès au logement (Dihal) se veut toutefois rassurante. Elle prétend « que l’Etat financera les frais engagés par les associations dans le cadre du système d’intermédiation locative pour les ressortissants ukrainiens. Plus généralement, les ressortissants ukrainiens qui souhaitent rester sur notre territoire peuvent demander l’asile.»

Selon les chiffres de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), de nombreux Ukrainiens cherchent à s’installer en France. Alors qu’ils n’étaient que 1 882 demandeurs d’asile en 2022, ce chiffre est passé à 3 250 en 2023 et à 8 100 durant les huit premiers mois de 2024. En un an, ils sont passés de la dixième à la troisième place du classement de l’Ofpra.

Cette augmentation reflète les limites de leur statut actuel, avec lequel ils ne peuvent pas obtenir de permis de conduire faute d’adresse permanente. En plus d’être un obstacle à l’insertion professionnelle, cela ne leur permet pas de se projeter au-delà de six mois, là où l’asile donne accès à un titre de séjour valable dix ans. « Il y a des Ukrainiens qui veulent reconstruire leur vie ici, testifies Philippe Godillot, president of the Île-de-France–Ukraine association. Je pense à cette femme que nous avons récemment accueillie avec ses deux enfants. Après avoir tout perdu à Bakhmout, son restaurant, sa famille, son pavillon, aucune perspective d’avenir ne l’y attend. Elle remet donc le pied à l’action ici, en France. »

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Plus de six millions de réfugiés ukrainiens dans l’Union européenne

Au 15 juillet 2024, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a enregistré 6 021 400 réfugiés ukrainiens dans toute l’Europe. Cela représente 14 % de la population avant l’offensive russe. Environ 4,2 millions d’entre eux ont bénéficié d’une protection temporaire, selon les données du Conseil de l’Europe de novembre 2023.

Selon le HCR, La Pologne est le pays membre de l’Union européenne avec le plus grand nombre de demandes d’asile, de protection temporaire ou d’autres systèmes de protection nationale depuis le début du conflit, avec plus de 1,8 million de demandes. L’Allemagne vient ensuite (1,2 million), suivie de la République tchèque (615 235) et de l’Espagne (213 290).

 
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