Martine n’entend pas ” négligence “ sa santé. Même en Loir-et-Cher. Implantée depuis juin 2024 à Romorantin, l’ancienne Parisienne a la ferme intention de pouvoir reconstruire son réseau de spécialistes, près de chez elle. Alors elle se débat. Début octobre, elle retrouve son médecin référent et son gynécologue à Selles-sur-Cher. “Ce n’est pas un problème de voyager”explique Martine qui, en région parisienne, a parcouru 50 km pour consulter son médecin généraliste dans l’Essonne alors qu’elle habitait le Val-d’Oise (où elle n’en avait pas trouvé). La sexagénaire venait d’ailleurs déjà consulter un rhumatologue à Orléans en prévision de son déménagement dans le Loir-et-Cher.
« La santé à deux vitesses »
Philippe, qui vit à Chailles, n’est pas toujours aussi optimiste. Depuis 2019, il souffre d’importants problèmes de dos. Si les investigations ont été menées dans le périmètre du Loir-et-Cher, au terme du processus, tout se complique. « Il n’y a plus de service de neurochirurgie à Blois depuis plus de dix ans » explique celui qui avait le choix entre Tours et Orléans. Finalement, c’est à la clinique de Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire) qu’il sera opéré. Deux fois. Les déplacements en voiture se sont multipliés, à ses dépens.
Les ennuis ont continué avec des problèmes de hanche. Nous sommes en 2020. Le médecin orthopédiste qui le suit part à Vendôme. Philippe le suit. Le temps passe. Les difficultés s’accumulent. Comment obtenir un rendez-vous pour une radio lorsqu’il n’y a pas de créneau disponible dans le Loir-et-Cher ? « Cette année, j’ai parcouru plus de 100 kilomètres aller-retour pour arriver à Saint-Cyr-sur-Loire. »
Un rendez-vous avec l’ophtalmologiste est également un défi. Un passage chez l’opticien confirme qu’il a besoin d’un suivi. La dernière commande date de 2019. Ici et là, les mois d’attente s’accumulent. Il décide, via une plateforme de prise de rendez-vous, de contacter une nouvelle structure à Tours. En une semaine, il a obtenu un rendez-vous.
A Chailles, le centre médical fonctionne avec deux médecins et des délais croissants. Il faut attendre quatre mois pour une auscultation. Chaque jour, des créneaux d’urgence sont ouverts.
Déçu de voir un système de santé progresser « totalement inégalitaire »Philippe reconnaît qu’il a les moyens de voyager, qu’il possède une voiture. Et pense à « tous ceux qui n’ont pas de moyens. Il y a vraiment une santé à deux vitesses.
Le cas de Nathalie, résidant dans le sud du département, est plus problématique. Elle essaie de « trouver un dentiste ». Un défi en 2024, évidemment. « J’ai toujours eu des problèmes avec mes dents, j’ai reçu une longue cure de cortisone qui les a fragilisées. Avoir un dentiste dans mon carnet d’adresses a donc toujours été obligatoire. Ces dernières années, c’est devenu un enfer pour les retrouver. »
« Se faire soigner en Turquie ? »
Depuis des années, celui qui souffre de « parodontite agressive » est suivi jusqu’à Joué-lès-Tours. Le chirurgien s’en va. Elle a récupéré son dossier en 2017. Impossible d’en trouver un dans le Loir-et-Cher. Ni en Indre. « Rien, le désert. » En 2020, elle se rend chez un chirurgien dentiste à Romorantin. La citation est substantielle. Il ne pratique pas 100% de Santé. Nathalie arrête son traitement en 2022, faute d’argent. Les soins dont elle a besoin sont « hors nomenclature » selon la CPAM.
En avril dernier, nouvelle tentative à Selles-sur-Cher. Le reste est trop lourd. Depuis, elle a perdu deux couronnes. Son idée ? « Contactez les écoles dentaires qui acceptent des patients. Les soins sont assurés par des élèves de 5e année. Je suis en urgence. Dois-je aller en Turquie pour me faire soigner ? »
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