Près de la frontière avec Israël, 5 mille habitants du village de Rmeich sont pris entre les roquettes des milices chiites et celles de l’État juif. Dans ce village majoritairement chrétien, une communauté de quelques religieuses assure une présence parmi les habitants.
Publié le 24/10/2024 10:20
Mis à jour le 24/10/2024 10:33
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Sur des dizaines de kilomètres, ce sont des immeubles détruits par les bombardements, des commerces évacués en toute hâte, des chevaux qui errent dans les rues et pas âme qui vive jusqu’à Rmeich, au sud du Liban. Dans ce village chrétien, les habitants ont choisi de rester et de se débrouiller malgré les bombes israéliennes et la pression du Hezbollah. Avec un large sourire et les bras ouverts, Sœur Maya nous accueille devant le monastère Notre Dame de l’Annonciation. “Je pense que seuls les fous viennent chez nous parce que c’est très dangereux”déclare la religieuse.
Parce que les collines entourant le village sont le théâtre de combats incessants, parfois rapprochés, entre les miliciens du Hezbollah et l’armée israélienne, “et nous sommes au milieu”explique sœur Maya. « Rien ne garantit que nous ne serons pas bombardés directement. Nous sommes déconnectés depuis deux ou trois jours. Il n’y a pas d’hôpital dans notre région. S’il y a des blessés, nous ne pouvons pas appeler la Croix. Rouge Alors, qui te protège ? demande-t-il.
L’armée libanaise s’est repliée, laissant 5 000 habitants, pour la plupart chrétiens, coincés dans cette vallée sans internet, sans produits de première nécessité et à la merci de rares convois humanitaires. «Pendant un an, l’armée était absente» déclare Vincent Gelot, responsable de l’ONG chrétienne L’œuvre d’Orient au Liban. Ce sont les villageois eux-mêmes qui protégeaient les villages, pour empêcher les miliciens du Hezbollah d’entrer dans les villages pour lancer leurs missiles depuis les toits des maisons. Nous sommes vraiment dans le cas de gens qui n’ont pas pris parti pendant la guerre et qui veulent rester ici.»
Le Hezbollah les accuse cependant de collaboration avec Israël. Désir délibéré de semer la zizanie, estime sœur Bernadette : « Nous avons peur des miliciens parce que pour eux les chrétiens sont pro-israéliens. C’est pourquoi les régions chrétiennes n’ont plus peur d’Israël aujourd’hui. Ils ont peur des réactions des chiites. Nous sommes avec le Liban, pas même avec les Israéliens ou avec le Hezbollah. »
Figure autoritaire très écoutée des chrétiens, le père Nagib, curé de Rmeich, exhorte ses paroissiens à ne pas quitter leurs terres. « Rien ne m’inquiète, à moins que le gouvernement libanais nous permette de [tomber]“explique le père Naguib qui confie sa peur d’être envahi « peut-être les Israéliens, peut-être le Hezbollah. » Ne désertez pas, restez calme malgré les tirs croisés : un enjeu central pour ce village d’irréductibles, déjà déplacé à plusieurs reprises par le passé.
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