Mercredi soir, d’intenses frappes aériennes israéliennes ont frappé la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, touché par dix-sept attaques qui ont détruit plusieurs bâtiments, selon l’agence libanaise, et provoqué une énorme explosion.
Selon l’agence de presse libanaise Ani, il s’agit des attaques les plus importantes survenues dans cette zone depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah il y a un mois.
Quelques heures plus tôt, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en visite au Moyen-Orient, avait invité Israël, en guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza et contre le Hezbollah au Liban, à éviter une escalade avec l’Iran, qui soutient deux mouvements islamistes.
L’agence Ani a annoncé mercredi soir qu’au moins dix-sept attaques israéliennes ont frappé la banlieue sud de Beyrouth, après un appel lancé par Israël aux habitants pour qu’ils évacuent plusieurs zones.
Les images de l’AFP ont montré une énorme explosion, suivie d’explosions plus petites dans la zone.
Selon Ani, six bâtiments ont été détruits rien que dans le quartier de Laylaki, tandis que la chaîne pro-iranienne Al-Mayadeen a indiqué qu’un de ses bureaux dans un quartier du sud de Beyrouth avait été touché.
Pas d’avertissement en revanche pour la frappe qui a touché le quartier de Jnah, au sud de Beyrouth.
Selon le ministère libanais de la Santé, cette attaque a tué une personne et en a blessé cinq autres.
Dans la matinée, Israël a bombardé Tyr, au sud du Liban, obligeant à fuir certains habitants de cette ville côtière, ancienne cité phénicienne et romaine au riche patrimoine archéologique, dont les rues ont été dévastées.
“La ville entière a tremblé”, a déclaré Rana, une habitante qui a refusé de donner son nom de famille, lorsque ces frappes ont touché “le cœur de Tyr”.
La visite de Blinken dans la région est la onzième depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, qui s’est étendue au Liban en septembre après l’échec des efforts de médiation internationale pour un cessez-le-feu.
« Guerre contre l’Iran »
Blinken a estimé mercredi qu’il était « temps » de mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Selon lui, Israël a atteint « la plupart de ses objectifs stratégiques » dans le territoire palestinien, « avec l’idée de faire en sorte que le 7 octobre ne puisse plus jamais se reproduire ».
Après cette attaque, Israël s’est engagé à détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
Mardi, le secrétaire d’État a estimé que la mort de Yahya Sinouar, le leader du Hamas tué par des soldats israéliens le 16 octobre, offrait « une opportunité importante de ramener chez eux les otages » détenus à Gaza et de « mettre fin à la guerre ».
Cependant, une Source sécuritaire a déclaré mercredi que l’armée israélienne était prête à affronter encore “des mois de combats” à Gaza et au Liban. Israël ne mène pas « une guerre contre Gaza, ni une autre guerre contre le Liban », mais « une guerre contre l’Iran, parfois directement, parfois indirectement, par l’intermédiaire des alliés de l’Iran », a ajouté cette Source.
Blinken estime qu’il est « très important qu’Israël réponde d’une manière qui ne crée pas une plus grande escalade », tandis que l’Iran se dit déterminé à riposter en cas d’attaque israélienne, après avoir lancé 200 missiles iraniens contre son territoire le 1er septembre.ET Octobre.
« Un autre hiver en guerre »
Dans la bande de Gaza, l’Organisation mondiale de la santé a reporté la campagne de vaccination contre la polio qui devait débuter dans le nord du territoire, où l’armée israélienne mène depuis le 6 octobre une nouvelle offensive contre le Hamas.
L’offensive israélienne lancée à Gaza en représailles à l’attaque du 7 octobre 2023 a tué au moins 42.792 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
La guerre a provoqué le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants du territoire, qui s’apprêtent à vivre un deuxième hiver soumis à des pénuries de plus en plus graves.
“Nous ne nous attendions pas à vivre un nouvel hiver de guerre”, a déclaré mercredi à l’AFP Salah Abou al-Jabeen, une femme de 32 ans vivant dans un camp surpeuplé à Nousseirat, au centre du territoire.
“Nous devons remplacer les tentes car elles ont été endommagées par le soleil cet été”, “nous avons aussi besoin de couvertures et de vêtements”, a-t-il ajouté.
En Israël, l’attaque du Hamas a fait 1.206 morts, pour la plupart des civils, dont des otages tués ou morts en captivité, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Sur les 251 personnes enlevées par la suite, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée.
« Au bord de l’effondrement »
Au Liban, l’armée israélienne a poursuivi mercredi ses opérations terrestres dans le sud, lancées le 30 septembre, où le Hezbollah a affirmé avoir déjoué une tentative d’infiltration de soldats israéliens.
Israël dit vouloir neutraliser le Hezbollah au sud du Liban, limitrophe de son territoire, et permettre le retour vers le nord d’Israël de 60 000 habitants déplacés par les tirs incessants de roquettes depuis un an.
Le Hezbollah a déclaré mercredi avoir tiré des roquettes sur une base militaire et un site militaro-industriel près de Tel-Aviv, la principale ville du centre du pays, et avoir ciblé deux autres bases militaires près de Haïfa, dans le nord.
Le Hezbollah a confirmé mercredi la mort dans une attaque israélienne d’Hachem Safieddine, le successeur attendu à la tête du mouvement chiite de Hassan Nasrallah, lui-même tué dans la banlieue sud de Beyrouth le 27 septembre.
Depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles.
L’ONU a enregistré environ 800 000 personnes déplacées.
“Le Liban est au bord de l’effondrement”, a prévenu à Beyrouth la chef de la diplomatie allemande Annalena Baerbock.
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