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Pouvoir d’achat – Deux tiers des Français limitent encore leurs achats – Actualités

À la question « Aujourd’hui, quelle est votre attitude vis-à-vis du niveau des prix à la consommation ? »deux tiers des personnes interrogées à notre enquête (1) déclarent encore limiter leurs achats pour faire face à la hausse des prix de ces dernières années. Seuls 35% consomment à nouveau normalement puisque les prix n’augmentent plus. Parmi les personnes qui déclarent se restreindre le plus figurent, sans surprise, les personnes vivant seules et les personnes seules avec enfants, dont 70 % et 69 % déclarent limiter leurs achats. Pas étonnant, compte tenu du poids du logement dans leur budget. Les couples sans enfants et les couples avec enfants ont, pour leur part, 40% et 35%, repris une consommation normale.

En regardant dans le détail les professions et les catégories socioprofessionnelles, on constate que les retraités sont ceux qui limitent le moins leurs achats – 59 % d’entre eux le font encore – tandis que 67 % des actifs et 68 % des étudiants déclarent les limiter. Logiquement, le niveau de revenu joue un rôle majeur dans le comportement des répondants. Ceux qui gagnent moins de 1 000 €/mois sont restreints par une très large majorité (83 %) tandis que ceux qui gagnent plus de 4 000 €/mois consomment à nouveau normalement à 60 %. Pourtant, 40 % d’entre eux limitent encore leurs achats. Une part importante.

Un contexte exceptionnel et difficile

Depuis l’été 2021, les prix s’envolent. Un scoop pour personne ; une réalité pour tous. En cause, l’inflation, qui a atteint des records jamais vus depuis les années 1970 : plus de 6 % entre juillet 2021 et juillet 2022. Plus effarant encore : la hausse cumulée de l’ensemble des prix à la consommation atteint +13,6 % entre janvier 2022 et mai 2024. Résultat : le pouvoir d’achat s’érode de mois en mois, le consommateur n’est plus en mesure d’acquérir les biens ou services qu’il aurait pu auparavant acheter à la même date. « Vous achetez désormais une plaquette de beurre à 3,50 € alors que quelques mois plus tôt, elle arrivait dans votre panier à 2 €, illustré Grégory Caret, directeur de l’Observatoire de la consommation (ODLC) de l’UFC-Que Choisir. C’est perceptible et cela laisse une impression sur les consommateurs. Ils se sentent lourdement affectés par les conséquences des compromis, voire des sacrifices. »

C’est en effet le constat fait par l’ODLC après une autre enquête réalisée au printemps dernier. Elle révèle les difficultés mais aussi la clairvoyance des Français : pour 82% des sondés, les revenus n’ont pas augmenté au rythme de l’inflation. Alors pour s’en sortir, la stratégie est double : s’orienter, en matière d’alimentation, vers des gammes moins chères, d’où le succès des marques distributeurs, et renoncer à certaines dépenses trop chères ou non essentielles. . Exit la viande, le poisson, les sucreries. Mais aussi les loisirs, le gros matériel ou la voiture qui peut attendre et faire office de variable d’ajustement.

Des difficultés durables

L’inflation affiche désormais +1,1% sur 1 an selon l’INSEE, soit le niveau d’avant 2021. La fin de cet épisode inflationniste signifie-t-elle que la crise est derrière nous et que la croissance va reprendre ? « Non, estime Grégory Caret. Nous observons plutôt les signes avant-coureurs d’une récession. » La raison est simple : une baisse des prix dans les supermarchés avec un retour au niveau d’avant crise est illusoire. Par ailleurs, certaines baisses de prix annoncées lors de la précédente mandature, comme celle de l’énergie, ne pourront pas être réalisées en raison de l’état de nos finances publiques et des tensions géopolitiques. La perte de pouvoir d’achat pourrait donc se traduire par une baisse de la consommation des ménages.

Officiellement, le gouvernement est en première ligne et dit vouloir “protéger le pouvoir d’achat des Français, notamment des plus modestes, des classes moyennes et de ceux qui travaillent”, comme il l’indique dans sa présentation du projet de loi de finances pour 2025 actuellement en discussion au Parlement. Mais, au menu des mesures qui auront le plus grand impact sur le pouvoir d’achat des Français, citons comme maigre point positif l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu à l’inflation pour éviter à 530 000 ménages d’entrer dans le champ de l’impôt sur le revenu.

Citons en revanche la revalorisation des retraites de base décalée de 6 mois, la réduction de la prise en charge des consultations médicales par l’assurance maladie (prévue dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025) qui pourrait conduire à une nouvelle augmentation des pensions de retraite. la complémentaire santé, ou encore l’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) qui pourrait amener les Français à moins voyager non par choix mais par nécessité. C’est mieux pour la planète mais au prix probablement d’une grande frustration et d’une baisse du moral. L’état de torpeur pourrait malheureusement perdurer.


(1) Enquête en ligne réalisée du 4 au 8 octobre 2024 auprès d’un échantillon représentatif de 1 009 personnes.

 
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