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un an plus tard, l’enquête suggère une exécution

CC’était censé être une journée de partage, dans les Hauts de Bayonne. La pluie avait déjà contraint les organisateurs à réduire le repas de quartier. Le 14 octobre 2023, des coups de feu ont endeuillé la ville de Breuer. Un an après la mort d’Abdelkrim Kharbouch, 25 ans, les enquêteurs du commissariat de Bayonne ont une vision précise de la suite des événements.

Caméras de vidéosurveillance, témoignages et écoutes téléphoniques ont permis de remonter le fil. D’une part, un combat. En fin de compte, l’irréparable. Une exécution. Deux hommes, le tireur et son chauffeur, sont mis en examen pour meurtre. Un troisième est pour la complicité. Il aurait pu fournir l’arme ou les munitions.

Parler avec les poings

Abdelkrim Kharbouch a quitté le quartier il y a plusieurs années. Le jour du drame, il est revenu récupérer la voiture de son frère. Le jeune homme passe serrer la main au café communautaire, où des bénévoles distribuent le repas du quartier. Il tend le bras à celui que toute la ville surnomme « Daoud ».

Trois ans que ces deux-là ne se parlaient pas. Alors, une fois de plus, ils ont laissé parler leurs poings. Il faut l’intervention de témoins pour les séparer. Daoud remonte à l’étage. Hors de là. « Il est trop tard », aurait-il déclaré à un éducateur pour tenter de le raisonner.

Entre-temps, Abdelkrim Kharbouch a repris le volant de l’Audi de son frère. Trois personnes poussent la voiture pour la démarrer. Des images de vidéosurveillance montrent Daoud se cachant derrière des véhicules garés. Il émerge, un bâton dans chaque main. Il heurte le pare-brise, laissant une marque d’étoile. Abdelkrim, sortant de la voiture, tente de tenir à distance son agresseur. Il finit par s’enfuir.


Le jour des faits, outre la scène du crime, la police a également gelé l’Audi qu’Abdelkrim Kharbouch était venu récupérer.

Archives Émilie Drouinaud / SUD WEST

Peu avant, Daoud avait ordonné à un ami de sortir de chez lui, avec la clé de son scooter. Casqué et vêtu de noir, ce jeune de 20 ans incarne le chauffeur. Il conduit Daoud vers l’allée Le Téoulé, quelques centaines de mètres plus loin. Abdelkrim s’est réfugié dans une impasse. En le voyant, Daoud saute du scooter. Son chauffeur décrit un « regard menaçant ». Il s’éloigne et regarde de loin ce qui se passe.

« À genoux »

Abdelkrim est surpris au téléphone avec les secours. Il rapporte son agression et affirme avoir « un doigt cassé ». La voiture de son frère aurait également été volée. Daoud ne blâme pas le véhicule. Il s’approche, un pistolet de calibre 7,65 mm à la main. « Wallah, mets-toi à genoux. »

L’injonction, enregistrée sur l’appel à 17 heures, est répétée trois fois. Abdelkrim implore. Les quatre premiers coups de feu retentissent. «Il m’a transpercé», a annoncé la victime à l’opérateur. Une lourde chute se fait entendre. Deux autres coups de feu retentissent. Six tirs en 33 secondes.

Un, au moins, a conduit à la mort. La balle a traversé la poitrine, causant des lésions vitales aux poumons et au cœur. Sur le corps, des impacts ont également été constatés au niveau de l’aisselle gauche, de l’avant-bras gauche et de la cuisse gauche. Le médecin du Samu a constaté le décès une demi-heure après la dernière détonation.

Daoud, aujourd’hui âgé de 30 ans, a refait surface près de quatre mois plus tard. Le 13 février 2024, il franchit la porte du commissariat de Bayonne avec de « profonds regrets », accompagné de son avocat. Selon lui, après les événements, il a traversé la frontière espagnole où il s’est débarrassé de l’arme du crime « dans une forêt ».

Lors de son deuxième interrogatoire par le juge d’instruction, il a expliqué être en conflit avec Abdelkrim Kharbouch depuis 2020. Il s’est dit victime de deux agressions passées de sa part, sans en détailler les raisons. Daoud reconnaît avoir tiré une première fois, à proximité, pour effrayer la victime. Mais, le voyant approcher, il recula et perdit l’équilibre. Il affirme avoir appuyé involontairement sur la gâchette, à trois reprises. Ces tirs ont blessé mortellement Abdelkrim Kharbouch.

Mis en examen pour complicité

Un troisième homme, âgé de 49 ans, est mis en examen pour complicité de meurtre, soustraction à l’arrestation d’un malfaiteur et acquisition, détention et cession d’une arme de catégorie B. Son empreinte génétique a été retrouvée sur l’une des douilles touchées. Arrêté le 10 janvier, à son domicile d’Ustaritz, il affirme ne pas connaître les autres protagonistes de l’affaire. Il a expliqué aux enquêteurs avoir acheté une arme et des munitions à Pau, pour sa propre sécurité. Rempli de remords, il revend les balles à Bayonne pour 3,50 € pièce.

 
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