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« Il faut que chacun place le curseur un peu plus haut »

Impeccable depuis les trois tirs de cette nouvelle campagne, Anthony Moris regarde avec impuissance la difficulté que rencontrent ses partenaires à marquer des buts. Le dernier rempart de l’Union Saint-Gilloise est convaincu que le travail en formation finira par payer et que le Luxembourg sortira de cette spirale positive. A 34 ans, il refuse toujours d’envisager la fin de sa carrière avec les Red Lions.

Anthony, la sélection a raté son début de campagne en Ligue des Nations. Quel constat faites-vous après ces deux premiers matches ?

Nous n’étions pas à la hauteur. Notamment en Irlande du Nord où nous avons raté notre début de match alors que nous étions habitués à faire mieux dans un passé pas si lointain. Aujourd’hui, ce type de nation est plus qualitatif que nous mais dans l’état d’esprit et dans l’envie, il fallait faire mieux. Il y a eu une amélioration contre la Biélorussie mais nous avons raté trois points.

Il faut remonter cinq ans en arrière pour retrouver la trace de quatre défaites de suite. La situation est-elle grave ?

Il faut replacer cela dans son contexte. Il y a eu deux défaites en juin contre la France et la Belgique. Ils sont logiques. De plus, avec le noyau dont nous disposions, nous ne devrions pas les prendre en considération. Perdre en Irlande du Nord n’est pas une tragédie mais c’est surtout à domicile contre la Biélorussie qu’on ne réalise pas l’opération comptable dont nous avions besoin. Nous sommes dos au mur avant deux mouvements délicats.

Vous évoquez la situation comptable. Pourriez-vous vivre avec un point en Bulgarie ?

La Bulgarie est une nation qui se remet sur les rails. Ce ne sera pas facile d’aller jouer là-bas, d’autant plus que j’ai entendu dire que le terrain serait catastrophique. On verra ça mais un point ne serait pas une catastrophe.

L’équipe nationale a de gros problèmes pour marquer des buts. Vous en savez un peu plus à l’Union Saint-Gilloise depuis le début de la saison. Comment sortir de cette situation ?

En continuant à travailler en formation. En répétant des gestes basiques. En ayant cette envie de marquer des buts. J’ai confiance dans le travail effectué à l’entraînement pour que cela se reproduise lors des matches. Chacun doit placer le curseur un peu plus haut et mettre de la rigueur et de la discipline dans cette envie de marquer. Mais c’est le travail de chacun. Nous désignons les agresseurs mais d’autres doivent aussi assumer leurs responsabilités.

C’est à ceux qui sont là de prendre leurs responsabilités pour tirer l’équipe vers les sommets.

Y a-t-il d’autres leviers à activer comme essayer une autre animation ou déplacer des gars sur le terrain ?

Ce n’est pas à moi de le dire. Le coach est le mieux placé pour en parler par rapport aux forces dont il dispose. N’oublions pas que Vincent Thill et Yvandro Borges sont toujours blessés alors qu’ils étaient deux titulaires quasi indiscutables. Le vivier n’est pas encore assez grand pour remplacer un joueur aussi facilement. C’est à ceux qui sont là de prendre leurs responsabilités pour tirer l’équipe vers les sommets. Je suis convaincu que nous pourrons remédier à ce problème.

Le vivier n’est pas inépuisable mais peut-on vraiment parler d’un manque de concurrence ?

C’est plus évident dans certaines positions. Nous vieillissons un peu. Passez-moi l’expression mais nous avons vécu avec cette génération dorée il y a deux ans. Depuis, les choses ont changé. Nous sommes aussi dépendants des situations dans les clubs. À l’époque, il y avait beaucoup plus de joueurs titulaires dans leur club qu’aujourd’hui. Cela fait beaucoup plus de différence en termes de rythme, de forme et de confiance lorsqu’on arrive à la sélection.

Un an après cette dernière campagne, il est pourtant difficile de reconnaître le jeu luxembourgeois. Les raisons que vous venez de citer sont-elles suffisantes pour expliquer cela ?

N’oublions pas que lors de cette campagne, hormis le Portugal, nous n’avons croisé aucun ogre. La Slovaquie semblait envisageable. La Bosnie n’était que l’ombre d’elle-même et l’Islande n’était pas un éclair de guerre. C’était un groupe accessible. Nous avons été épargnés par les blessures et les accidents. C’est un peu la chance qu’il faut avoir dans une campagne.

Vous avez toujours salué votre arrivée en sélection à un moment charnière de votre carrière. Une succession de mauvais résultats pourrait-elle remettre en question votre présence ?

Non parce que je vois que le travail est toujours bien fait. L’implication est toujours là de la part du staff et des joueurs. Je suis une personne ambitieuse qui en veut toujours plus. Je ne vis pas dans le passé et je ne peux pas me contenter de cette campagne référence culminant par une demi-finale de barrage. J’espère que tout le monde a encore faim et envie de progresser individuellement et surtout collectivement.

Tant que je suis en bonne forme physique, je ne vois pas pourquoi j’arrêterais. Mais les années passent. Et ce sont les clubs qui nous paient.

Liez-vous votre avenir en sélection avec celui en club ? Tant que vous êtes compétitif à un bon niveau, la sélection pourra-t-elle compter sur vous ?

Certaines décisions suscitent beaucoup de discussions en ce moment. Lukaku et De Bruyne en Belgique, Mbappé en France. Ils sont très demandés dans leur club, comme je le suis à l’Union Saint-Gilloise depuis qu’on joue la Coupe d’Europe. Mais pour moi, c’est toujours un honneur de venir représenter mon pays. Tant que je suis en bonne forme physique, je ne vois pas pourquoi j’arrêterais. Mais les années passent. Et ce sont les clubs qui nous paient. Il y a des pressions pour que certaines personnes évitent les rassemblements, mais ce n’est pas mon cas pour le moment.

Nous vous avons vu cet été sur le plateau de la RTBF apporter votre expertise sur l’Euro. Consultant, est-ce une reconversion que vous souhaiteriez ?

J’avais été très clair. Je suis venu pour parler football et non pour tirer sur les joueurs. C’est ce qui se fait trop aujourd’hui. J’ai essayé de faire la lumière sur les tactiques mises en œuvre ou les phases de jeu. Dans cette optique, oui mais si c’est pour faire du buzz, non ! Mais je ne suis pas non plus obsédé par le football. Je souhaite découvrir d’autres environnements après ma carrière.

 
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