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reconnaissance d’une œuvre non occidentale ?

Cette année, “le choix du lauréat prendra à contre-pied l’élite culturelle”, prédit Björn Wiman, chef du département culturel du quotidien suédois Dagens Nyheter. En 2021, le comité a choisi le romancier britannique Abdulrazak Gurnah, né à Zanzibar et qui explore les tourments de l’exil et de l’anticolonialisme.

« Le comité aime régulièrement surprendre », souligne Björn Wiman, qui imagine qu’un romancier mexicain ou argentin ou un écrivain africain pourrait logiquement l’emporter. “Je pense que ce sera une femme issue d’une région linguistique non européenne”, parie-t-il.

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(Photo Hannibal Hanschke/EPA)

Le cœur du journaliste bat cependant pour Salman Rushdie (ci-dessus), plus que jamais symbole fort de la liberté d’expression après avoir été poignardé en 2022 et qui se raconte dans « The Knife », publié en avril. “Mais on reprochera (à l’Académie, NDLR) d’avoir encore choisi un homme dans la seconde moitié de la vie”, note Björn Wiman.

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Un prix très « eurocentrique » et masculin

Depuis sa création, le prix Nobel de littérature est très « eurocentrique » et masculin : sur un total de 120 lauréats, seules 17 femmes ont remporté le prix. Et une minorité d’auteurs primés utilisent des langues parlées en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient, en dehors des domaines anglais, français, scandinave, allemand, slave, espagnol ou italien. Finalement, un seul auteur arabophone a été distingué – l’Égyptien Naguib Mahfouz en 1988 – contre 16 auteurs francophones.

La Chine possède une « littérature très vaste », mais cela ne se reflète pas dans l’histoire du Nobel, note Carin Franzén, professeur de littérature à l’université de Stockholm. La dernière fois qu’un écrivain chinois a reçu ce prix, c’était en 2012, lorsque le romancier Mo Yan a été couronné.

J’ai du mal à croire que le nom d’un écrivain hindi apparaisse soudainement

Pour Victor Malm, chef du service culturel du quotidien Expressen, c’est l’auteur caribéen Jamaica Kincaid qui remportera cette année. Née à Antigua-et-Barbuda, elle vit aux États-Unis et écrit en anglais.

« J’ai du mal à croire que le nom d’un écrivain hindi puisse apparaître soudainement. Personne à l’Académie ne parle hindi. Comment pourraient-ils s’exprimer de manière crédible sur le sujet ? », juge-t-il, estimant que les membres de l’Académie dépendent trop des traductions.

« Il est très rare que les auteurs en compétition ne soient pas du tout traduits en suédois »

L’Académie a toujours consulté des experts en littérature et, depuis 2021, cette approche s’est systématisée dans des langues non maîtrisées par ses membres. “Ce n’est bien sûr pas la même chose que de pouvoir lire dans la langue originale”, note Lina Kalmteg, journaliste littéraire à la radio publique suédoise. « Il est très rare que les auteurs en compétition ne soient pas du tout traduits en suédois », observe-t-elle.

Historiquement, la culture occidentale était considérée comme supérieure, note Rasmus Landström, critique littéraire au quotidien suédois Aftonbladet : on le supposait à l’époque, mais « je pense que ce n’est plus le cas aujourd’hui ». Les délibérations du jury sont tenues secrètes pendant 50 ans. Mais à mesure qu’elles sont rendues publiques, on se rend compte que cette question a toujours été « largement débattue », ajoute-t-il.

À la recherche d’un nouveau souffle

Dans la tourmente qui a suivi le scandale sexuel de 2018, l’Académie est à la recherche d’une nouvelle vie. “Il serait donc intéressant (pour elle) de s’ouvrir à une perspective non européenne”, argumente Carin Franzén, dont la favorite est la poète canadienne Anne Carson.

Rédacteur en chef culturel du Göteborgs-Posten, Johan Hilton mise sur un écrivain d’Europe centrale ou orientale. « La , les États-Unis et le Royaume-Uni ont été gagnants à de nombreuses reprises ces dernières années », note-t-il.

Un écrivain russe ? « Politiquement impossible »

Mais hors de question de récompenser un Russe, même une personnalité critique du régime, selon lui. Il estime que « c’est politiquement impossible », contrairement à Victor Malm, pour qui un détracteur du régime russe ne saurait servir la propagande du Kremlin.

 
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