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Tragique accident du TGV Est : l’heure de la décision

Le TGV, qui effectuait des essais sur le tronçon final de la ligne Paris-Strasbourg, a abordé un virage à 265 km/h, bien au-dessus des 176 km/h prévus à cet endroit.

AFP

Le tribunal correctionnel de Paris doit rendre sa décision jeudi en début d’après-midi dans le procès de l’accident du TGV Est qui a fait 11 morts et 42 blessés lors d’une séance d’essais le 14 novembre 2015 à Eckwersheim. Les juges de la 31ème chambre feront connaître leur jugement à 13h30

Six prévenus, dont la SNCF (en tant que personne morale) et Systra (la société d’ingénierie chargée des essais), sont poursuivis pour “homicide et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité”.

Lors du procès au printemps, le parquet avait dénoncé un « aveuglement collectif » dans le déroulement des tests d’excès de vitesse et une série de décisions « absurdes ». Le procureur Nicolas Hennebelle souhaitait que cinq des six prévenus, dont la SNCF, SNCF Réseau (responsable de la gestion des voies) et Systra, soient reconnus coupables.

« Une douleur indescriptible »

Selon le procureur, la SNCF, Systra et SNCF Réseau n’ont pas correctement évalué les risques. Il a réclamé de lourdes amendes contre ces trois sociétés : 225 000 euros, maximum légal encouru, contre Systra qui « porte la plus grande responsabilité » et 200 000 et 150 000 euros contre la SNCF et SNCF Réseau, multipliés par deux en raison de l’état de récidive judiciaire de ces deux-là. entités, soit respectivement 400 000 et 300 000 euros.

Face à « la souffrance des victimes » et la « douleur indicible » d’avoir perdu un proche, les peines requises « n’ont qu’un aspect symbolique », a reconnu le procureur. “Je regrette que le maximum légal ne soit pas à la hauteur”, a-t-il souligné.

Le représentant du parquet a également requis un an de prison avec sursis contre le conducteur du TGV, Denis T., et deux ans avec sursis contre son collègue chargé du signalement des points de freinage, Francis L., dont il a fustigé » le manque total de rigueur. Les deux hommes risquent jusqu’à trois ans de prison.

« Somme des erreurs »

Le procureur a cependant demandé la libération d’un troisième homme présent dans le cockpit au moment de l’accident : Philippe B., un agent Systra chargé d’informer le pilote des particularités de la piste, estimant qu’il n’avait joué aucun rôle. rôle dans la détermination des points de freinage.

« Nous espérons que le tribunal (…) exposera clairement la culpabilité des compagnies ferroviaires mais aussi des hommes qui dirigeaient et qui étaient fautifs, car l’accident s’est avéré être la conséquence d’un certain nombre d’erreurs, d’erreurs d’organisation. et des erreurs de comportement”, a déclaré à l’AFP Gérard Chemla, avocat d’une cinquantaine de parties civiles.

« Depuis plus de deux mois (ndlr : l’heure du procès)nous avons pu mesurer les incohérences, les désorganisations et les limites des organisations de ces grandes entreprises qui ne faisaient que se renvoyer la balle”, a-t-il ajouté.

Durant les neuf semaines du procès, les accusés ont continué à se rejeter la faute les uns les autres, sans reconnaître leur propre responsabilité. “Nous avons été mauvais”, a concédé le représentant de la SNCF lors de l’audience. Avant d’ajouter immédiatement : “Mais pas mal sur tout.” Ce déni systématique a souvent exaspéré les personnes endeuillées et les survivants.

Le TGV, qui effectuait des essais sur le dernier tronçon de la ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Strasbourg avant son ouverture au public, a abordé un virage à 265 km/h, bien au-dessus de 176 km/h. prévu à cet endroit, en raison d’un point de freinage trop tardif.

Il a déraillé en heurtant le parapet du pont sur le canal Marne-Rhin près d’Eckwersheim, à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée à 243 km/h. L’enquête a établi que ni les équipements ni la voie ne pouvaient être mis en cause pour expliquer le déraillement du TGV qui transportait 53 personnes, dont 35 « invités ».

Cet accident, qui reste la pire catastrophe de l’histoire du TGV, a longtemps été éclipsé par les attentats du 13 novembre, commis la veille en région parisienne.

(AFP)

 
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