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2000 personnes ont manifesté au nom de « l’urgence sociale »

Mardi 1er octobre, plusieurs centaines de manifestants ont défilé dans les rues de Strasbourg à l’appel de l’intersyndicale. Fin de « déni de démocratie »retrait de la réforme des retraites, lutte contre l’inflation et l’effondrement des services publics… les revendications étaient nombreuses et unissaient la colère de ce retour social.

« Ils sont le poison, nous sommes le remède. » Au pied de la statue du général Kléber, une grande banderole blanche et noire s’étend dans les mains des organisations étudiantes pendant que le char CGT peaufine la playlist sur sa sono. Jean-Jacques Goldman et Céline Dion égayent le centre-ville de Strasbourg, tandis que le cortège se prépare pour la première manifestation intersyndicale de la rentrée.

© Adrien Labit / Pokaa

Ce mardi 1er octobre marque le retour de la société et le retour des mobilisations. Objectif : « mettre la pression » au gouvernement Barnier au moment même où le Premier ministre prononce son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Lutte contre l’immigration, austérité, sécurité… sa feuille de route et ses préoccupations placent le nouveau gouvernement bien plus à droite que le précédent.

Marre du « déni démocratique »

« Nous sommes ici aujourd’hui pour lui montrer qu’il n’est pas légitime »affirme Alexandre Welsch, secrétaire général de Sud Rail Alsace. ” Parmi ceux qui sont ici aujourd’hui, beaucoup d’entre nous ont voté pour le NFP et son programme lors des dernières élections. Ils ont gagné et pourtant on se retrouve avec les perdants du gouvernementdéplore Frédérique Karas, secrétaire de la CGT FAPT en Alsace (Fédération des activités des postes et télécommunications). La première de nos revendications est la fin de ce déni démocratiquequoi. »

Frédéric Karas © Adrien Labit / Pokaa

« Personnellement, je tire deux leçons de ces élections. Le premier est une certaine colère envers l’exploitation de la démocratie. On en entend parler tout le temps, mais les résultats du vote n’ont pas été respectés. La seconde est qu’il ne faut plus nous parler de lutte contre l’extrême droite. Les manifestations contre la politique gouvernementale n’ont servi à rien, le vote n’a servi à rien, tout cela fera le jeu de l’extrême droite.e »regrette le syndicaliste.

« Élections 2024, celui qui perd gagne. » Dans la foule, de nombreuses pancartes reviennent sur les résultats des élections législatives sur un ton cinglant. Bonnet phrygien sur la tête, Emmanuelle* brandit le sien avec un sourire qui contraste avec son état d’esprit du moment.

« je suis en colèreannonce le sexagénaire. Nous sommes dans un état d’anarchie. C’est nouveau. Je suis ici parce que je voudrais que nous tenions compte du vote qui a eu lieu »détaille celui qui a également participé à toutes les manifestations contre la réforme des retraites et fait campagne pour le NFP.

Répondre à l’urgence sociale

Lors de la manifestation du mardi 1er octobre, mais aussi au cours des semaines à venir, les organisations syndicales et les manifestants ont un objectif : défendre les mesures prises par le Nouveau Front populaire (NFP) lors de sa campagne. Notamment le retrait de la réforme des retraites et l’augmentation des salaires, dans le secteur public et privé, pour tenir compte de l’inflation. “Le coût de la vie augmente, c’est assez effrayant”juge Lauriane, 36 ans, travaillant dans le secteur de la santé.

© Adrien Labit / Pokaa

« Je l’ai particulièrement ressenti lorsque mon loyer a augmenté cette année, puisqu’il est indexé à l’inflation. Mon salaire n’a pas changé du tout. Contrairement au prix de l’épicerie et de l’énergie. » Si la jeune femme ne considère pas avoir consciemment changé ses habitudes, elle reconnaît néanmoins que “Réfléchissez à deux fois” avant de sortir.

« Il y a beaucoup de gens qui sont en difficulté aujourd’hui. Et je ne pense pas qu’un gouvernement de droite, ou même d’extrême droite, améliorera la vie de nombreuses personnes. », réagit Eléonore, travaillant au secrétariat.

Ce mardi, la jeune femme manifeste également contre un gouvernement dont elle craint qu’il ne restreigne les droits des personnes LGBTQIA+, en raison des positions de plusieurs de ses membres sur le mariage pour tous…

© Adrien Labit / Pokaa

« Si les jeunes sont l’avenir de ce pays, il faut en prendre soin »

Au milieu du cortège, les étudiants se font entendre. Eux aussi ont répondu à l’appel de l’intersyndicale, à « soutenez vos revendications sociales ». « La précarité étudiante est très élevée aujourd’hui »explique Simon Levan, d’Alternative Etudiante Strasbourg (AES), qui prend comme exemple la distribution alimentaire proposée par l’association en début d’année. « Nous avions le plus grand stock de nourriture que nous ayons jamais stocké et il a disparu en un temps record. »

« Aujourd’hui, nous avons besoin de nourriture et de logement pour avoir des conditions d’études décentes. »réagit Corentin, 19 ans, étudiant et également membre de l’AES. « Si nous disons que les jeunes sont l’avenir de ce pays, nous devons en prendre soin. »

© Adrien Labit / Pokaa

A 15 heures, près de 2 000 personnes s’étirent dans les rues de Strasbourg derrière le char de tête, au son d’une version techno de Nous sommes tous antifascistes. Les organisations syndicales espèrent pouvoir pérenniser cette mobilisation dans la durée pour créer un rapport de force avec le gouvernement.

« Entre Gilets jaunes, réforme des retraites et élections, les gens ont pris pas mal de coups sur la têtejudge Frédérique Karas. Mais c’est le seul moyen d’y arriver. »

*Le prénom a été modifié

 
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