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« Je sais que ce sont les dernières pages » – Actualités

Un sprint à quatre. C’est ce qui a privé Romain Bardet d’un maillot arc-en-ciel lors de la Coupe du monde d’Innsbruck en 2018, battu par Alejandro Valverde qui a finalement soulevé le titre. Depuis, le coureur du Team dsm-firmenich PostNL n’est revenu qu’une seule fois sur un Championnat du Monde, en Australie, en 2022. Alors en cette année 2024, c’est une saveur particulière de porter pour la dernière fois le maillot de l’équipe de France, celui qu’il a tant fait briller dans ses jeunes années, mais pas seulement. Philosophe depuis toujours, c’est un Romain Bardet pas encore nostalgique qui s’est confié sur DirectVélomême s’il n’a pas hésité à revenir quelques pages en arrière sur sa longue carrière, avant de partir à la conquête, une dernière fois, d’un titre international sur le parcours de Zurich.

DirectVelo : Y a-t-il de la nostalgie ?
Romain Bardet : Pour l’instant non. Je pense que cela se produira peut-être l’année prochaine, lorsque je regarderai le Championnat du monde à la télévision. Je me souviendrai de ces moments. Il y a des phases dans la vie, il faut accepter. Je compte réaliser mes dernières volontés de coureur sur cette dernière quinzaine, à savoir finir à un très bon niveau, sans me lasser du milieu. Ce sont des conditions importantes que je souhaite conserver. Depuis que j’ai pris cette décision, ce n’est pas un poids en moins mais cela m’apporte un peu d’innocence. C’est paradoxal, car c’est la dernière trace qu’on laisse, mais en même temps je sais que ce sont les dernières pages, les derniers résultats, ma carrière est terminée à 99%. Je m’amuse, je regarde en arrière ce que j’ai fait donc je me concentre sur le positif et cela a bien fonctionné pour moi cette année.

On parle beaucoup du Tour quand on parle de vous, mais le Championnat du Monde restera aussi, comme Innsbruck. Quelle place cela a-t-il dans votre carrière ?
Sur le moment, il y a eu une petite déception. Nous avions une équipe bâtie pour le titre cette année-là. Dans ma tête je n’avais pas pensé à ce rôle de finisseur. J’aurais aimé être le Romain Bardet d’après 2021, j’aurais joué différemment. Est-ce que ça aurait fait quelque chose ? Peut-être pas. Mais dans mon esprit, quand j’ai franchi la ligne, tout ce dernier plat, je n’étais pas prêt à jouer tout ça mentalement. Mais ça reste un Championnat du Monde, ce sont de bons souvenirs. Surtout sur le trajet là-bas, cela m’a mis l’eau à la bouche. L’un des plus grands regrets restera la Coupe du monde de Martigny qui n’a jamais eu lieu. Cela aurait pu être la course de ma vie, je l’ai admis, j’ai tout aimé. Mais c’était l’année covid. On ne peut pas refaire l’histoire mais peut-être que ma chance était passée. Innsbruck, je le place au niveau de Liège cette année. Ce sont de bons moments en tant que pilote de Classiques dans lesquels j’ai aimé concourir.

« DANS NOS JEUNES ANNÉES, L’ÉQUIPE DE FRANCE ÉTAIT L’ALPHA ET L’OMEGA »

Que souhaites-tu apporter à cette équipe de France ?
Mon envie et mon enthousiasme. Je suis là aussi pour garantir un état d’esprit et une envie de faire les choses. J’ai de l’expérience, j’analyse assez bien la concurrence. J’espère être un peu lucide dans la salle, même si tout ne dépend pas de moi. Mais être capable de prendre les bonnes décisions en course, en sachant ce que l’on fait.

Où es-tu physiquement ?
Ça se passe bien, j’avais volontairement sacrifié mon mois d’août pour faire une bonne pause mentale après le Tour. L’expérience fait que je sais que ce n’était pas possible de continuer. Je suis revenu au Canada sur une trajectoire ascendante. J’ai vraiment bien fait. J’ai ce que j’ai appris depuis le début de saison, donc sur mon plan personnel, je ne peux pas faire grand-chose de plus. Mais la compétition signifie que trois ou quatre gars sont supérieurs sur le papier. J’ai donc rejoint le collectif pour tenter de bousculer la hiérarchie.

Au-delà de la Coupe du Monde, l’équipe de France a marqué votre carrière… Avez-vous des souvenirs ?
J’ai découvert le haut niveau grâce à l’équipe de France, sur un vélo d’il y a dix ans et qui me paraît bien loin aujourd’hui. Dans notre jeunesse, l’équipe de France était l’alpha et l’oméga. Il ne faut pas se cacher que c’est différent désormais avec les équipes phares et les réserves. Pour nous, les courses avec la France étaient les objectifs de l’année, c’était le Graal. Il y avait un esprit qui persistait au fil des années, celui de se retrouver. Cela a toujours ravivé cette nostalgie, en retrouvant le personnel. Par exemple Pierre-Yves (Chatelon) accompagne ma sortie de demain, ce sont de belles histoires humaines. C’est ce qui compte beaucoup plus pour moi. J’aurais aimé avoir plus de résultats en équipe de France, mais le plus important c’est cette tranche de vie partagée.

 
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