Les plaidoiries de la défense jeudi n’ont finalement pas réussi à convaincre les jurés d’assises du procès du meurtre de Sofiane Maameri à Illzach, exécuté froidement dans la nuit du 31 au 1er août.euh Septembre 2019 alors qu’il rentrait chez lui après une soirée au casino. Les peines de vingt à trente ans d’emprisonnement requises par le procureur général Marie Corne ont été presque toutes suivies et même dépassées. La peine la plus lourde est tombée sur Rabah Kacemi, le tireur toujours en fuite de l’opération commando.
Tayyib Bettahar, 37 ans, ami de la victime longtemps considérée comme un « traître » dans le quartier des Résidences, à Belfort, a été le premier à être acquitté. Me Pascale Muckensturm, de Colmar, a plaidé la bonne foi de son client qui affirme ne pas avoir entendu le coup de feu mortel après avoir déposé son amie près de chez lui. « Vingt-huit secondes, c’est ce qui séparait le départ de mon client et la fin de l’appel de Sofiane au téléphone. C’est à la fois court et long… mais finalement suffisamment long pour que Tayyib puisse le poser et repartir sans s’en rendre compte. Il n’a pas donné de signal, il n’a pas trahi son ami.
Acquitté, mais déjà condamné dans une autre affaire
Autre acquittement, celui d’un logisticien défendu par Me Coralie Maignan, de Mulhouse. « Ceux qui ont parlé ont brouillé les lignes et la lecture du dossier. La vendetta est au cœur de ce procès et c’est ce qui a conduit à l’exécution d’un homme. Les codes ici sont ceux du fonctionnement clanique, où la loi est bafouée, où le mensonge et l’intimidation sont la norme. L’accusation de mon client repose sur trois témoignages, mais qui ne s’appuient sur aucune réalité », a-t-elle soutenu.
Mais le principal acquittement reste celui du plus jeune de la fratrie, défendu par M.e Antoine Noblet, de Saverne, qui a insisté sur « la fragilité des témoignages, avec des versions qui n’ont fait que changer, la rumeur publique dans le quartier belfortain qui le désignait comme le cerveau ». L’avocat est revenu sur les quatre années d’enquête, la longue procédure avec ses 13 000 numéros pour 20 volumes, les trois semaines de débats d’assises. Il a demandé aux jurés « de ne pas remplir les blancs. […] Le procureur général a fondé son accusation sur les déclarations de trois témoins. Nous voulons donner l’illusion d’une vérité judiciaire. Dans les écoutes, on ne retrouve pas d’ordre qui aurait été donné d’exécuter Sofiane. Nous voulons condamner [mon client] basé sur une hypothèse. »
Acquitté, Sid Ali Selhani, 34 ans, reste cependant en prison, condamné en décembre 2022 par la cour d’assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort à dix ans de prison pour tentative de meurtre à Valdoie et tentative de meurtre à Offemont, en 2018, dans le cadre d’une expédition punitive sur fond de trafic de drogue.
Vingt-cinq ans pour avoir fourni l’arme du crime
En revanche, son frère, Billel Selhani, 35 ans, malgré la démonstration du même avocat cherchant à démontrer que rien ne prouvait qu’il aurait pu fournir l’arme du crime, a écopé de vingt-cinq ans de prison. Même sanction pour Saïd Selhani, 40 ans, considéré comme logisticien. Me Fabrice David, de Colmar, estime que « nous avons construit une fiction, une spéculation sur des morceaux d’auditions choisis. On ne peut pas reconstituer un puzzle avec des pièces manquantes.
Youcef Ben Mebarek, 24 ans, est condamné à vingt ans de prison et interdit définitivement du territoire français. Me Dominique Bergmann, de Colmar, et Me Lilia Messiad-Chettibi, de Mulhouse, avait défendu l’homme dont le téléphone était parvenu à Illzach le soir du meurtre. Pour eux, « rien ne montre qu’il était physiquement présent. Il avait perdu son téléphone. La simple présence de cet appareil ne suffit pas à démontrer qu’il était là. Le doute doit lui profiter. »
Ali Krnajski, 56 ans, présent dans le commando, a également écopé de vingt ans. Me Lipsyc Uriel, de Colmar, avait plaidé la confusion : “Mon client est pris pour un autre, chauve lui aussi, un passeur qui a lui aussi fait venir le tireur d’Algérie”. [toujours en fuite, NDLR], tout simplement parce qu’il boite et qu’il a été vu par un témoin à Illzach s’enfuir après l’exécution… C’est un escroc, bien sûr, et il a dit des bêtises. Mais il n’était pas là la nuit du meurtre. »
Presque tous feront appel
Enfin, Amadou Sao, 35 ans, autre logisticien considéré comme un bras droit des « cerveaux », est condamné à dix-huit ans de prison. Son avocat, M.e Jean-Christophe Loew, de Mulhouse, a rappelé : « Les enquêteurs ont établi qu’entre 2017 et 2019, une trentaine de procédures pour violences aggravées avec arme ont eu lieu entre les clans Selhani et Maameri. Le nom de mon client n’apparaît que deux fois. Et lors des dix réunions préparatoires, un des témoins ne l’a jamais vu… »
Tous les avocats avaient logiquement demandé au tribunal de prononcer des jugements d’acquittement. Tous les accusés, à l’exception de Youcef Ben Mebarek, ont annoncé qu’ils feraient appel.
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