Un ancien policier de la Brigade anti-criminalité de Nantes (Bac) a été condamné ce mercredi 12 juillet 2023 à dix mois de bracelet électronique pour “violences aggravées”, après avoir tiré avec son arme de service sur un Tsigane qui faisait “du bruit » dans sa rue, dans la nuit du 2 au 3 février 2019. Mikaël M. avait 2 g d’alcool et de cannabis dans le sang ce soir-là : il voulait, en ces termes, « décompresser » au retour d’un « douzième » manifestation “assez violente” des gilets jaunes. Après avoir bu « deux bières » au commissariat, il avait vidé « quatre verres » de rhum orange.
Le fonctionnaire – qui n’était donc pas en service – avait d’abord affirmé aux enquêteurs avoir croisé des individus qui “venaient de terminer un cambriolage” et qui l’avaient frappé. Mais Franck C. et son cousin Dylan C. avaient expliqué qu’ils rentraient en réalité d’une soirée pour fêter l’anniversaire d’un de leurs compagnons. Ils s’arrêtaient alors sous les fenêtres du policier pour « acheter des cigarettes » et surtout « pour uriner »…
Selon les cousins, un homme “très énervé” a alors “surgi”, leur a “crié” qu’il avait une arme à feu et leur a “tiré directement”. L’agresseur “presque allongé au sol” se trouvait à une distance “entre 30 et 50 centimètres” du Gypsy de 30 ans, comme l’a évalué l’expert en balistique compte tenu de l’angle de la blessure de la victime. Franck C. n’avait pas remarqué tout de suite qu’il avait « un trou saignant d’une dizaine de millimètres » dans son abdomen et un « halo rouge sang » sur sa veste de jogging. Modèle ? Lui-même avait près de 2,5 g d’alcool par litre de sang. L’homme retient “des complications liées à des troubles digestifs”, a indiqué son avocat Me Pierre Huriet lors de l’audience.
L’accusé et ancien flic a été décrit par son épouse comme “un bon professionnel” qui “enchaînait des samedis extrêmement stressants avec les Gilets jaunes” mais aussi comme un responsable “courageux et très investi dans sa brigade” par sa hiérarchie. Mikaël M. a finalement concédé « un seul mensonge » : celui de ne pas avoir dit qu’il s’était « adonné à un coup sur un joint » lors d’un « concours » où il a été « défié par un ami », selon son avocat. Il intervenait aussi régulièrement dans un appartement de son quartier, “calme et résidentiel”, où des jeunes “faisaient souvent la fête” pour leur demander de “faire moins de bruit”, lui a-t-on dit devant le tribunal.
A la suite de cette affaire, le prévenu a été “contraint de quitter immédiatement la région nantaise sur l’avis de sa hiérarchie” par crainte de représailles des voyageurs, a rappelé le président du tribunal. L’intéressé travaille aujourd’hui pour la filiale d’un promoteur immobilier près de Rennes (Ille-et-Vilaine).
Me Pierre Huriet, l’avocat de Franck C., a finalement regretté la “raideur” de l’accusé tout au long de l’audience : l’ancien policier ne s’est pas excusé. “Ce qui s’est passé, c’est qu’on a un groupe de voyageurs qui mettent la pagaille dans un quartier bourgeois en usurpant celui qui fait pipi le plus loin”, résume-t-il. Ce « justicier ivre » n’était surtout « pas particulièrement en mesure de donner des leçons », selon Me Huriet.
“Il n’avait pas à s’excuser : ce n’est pas lui l’agresseur, c’est lui l’agressé”, a justifié en réponse l’avocat de l’ancien policier, Me Laurent-Franck Lienard, qui défend actuellement le policier accusé du tir mortel du jeune Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine). Déjà condamnés cinq et onze fois, les deux cousins de Couëron ont écopé chacun de huit mois de prison, à purger également d’un bracelet électronique.
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