L’IA prend de l’ampleur, la transition reste en cours

Avec le Galaxy S25, Samsung franchit une nouvelle étape dans l’intégration de l’IA. Au programme : Gemini, un compte pro dédié et un SDK pour les applications métiers, le tout sécurisé par Know Vault. Une avancée prometteuse, malgré quelques incertitudes sur la gratuité à long terme et la rétrocompatibilité.

Un an après avoir introduit le Galaxy AI dans le S24, Samsung revient avec son nouveau Galaxy S25. Derrière les effets d’annonce, le constructeur assume une stratégie d’augmentation de la puissance de l’IA, marquée à la fois par l’intégration du chatbot Gemini (Google) et par la consolidation d’une IA maison, qui s’appuie sur des traitements hybrides mêlant local et cloud. .

Selon Baptiste Araujo, chef de produit chez Samsung, l’année écoulée a été riche en retours sur l’utilisation de Galaxy AI. La firme coréenne a cherché à renforcer la dimension « interaction naturelle » de son offre : non seulement la voix et l’image, mais aussi des commandes capables de contrôler simultanément différentes applications. Le nouvel assistant IA, qui s’appuie sur Gemini, doit donc gérer les actions croisées dans Google Workspace et dans les applications Samsung, comme la lecture automatique d’une transcription YouTube, la synthèse de documents et leur envoi par email, ou encore la planification d’un événement dans le calendrier.

Malgré cette intégration accrue, Samsung admet que toutes ces innovations ne reviendront pas forcément dans leur intégralité sur le S24 ou sur la gamme Z. Le processeur du S25, un Snapdragon Snapdragon 8 Elite, supporte davantage de traitements locaux, avec un gain de 40 % sur le NPU (Neural Processing Unit). La RAM embarquée de 12 Go s’est améliorée par rapport à l’année dernière (8 Go). Les modèles plus anciens pourraient donc s’avérer trop précis pour exploiter certaines fonctions avancées de l’IA.

L’IA sous plusieurs formes : de Gemini à Now Brief, entre ouverture et verrouillage

Le mariage entre la technologie Google (Gemini) et l’IA interne de Samsung suggère un certain pragmatisme. D’une part, Samsung bénéficie de l’expertise de Google pour la partie chatbot et d’une compatibilité directe avec Google Workspace ; de l’autre, la marque déploie ses propres briques internes, comme Now Brief, qui compile calendrier et emails aux moments clés de la journée, ou Now Bar, un widget sur l’écran de verrouillage qui réagit en temps réel. Cette dualité doit permettre une transition en douceur de la commande vocale à l’édition de documents, sans multiplier les interfaces.

Certains observateurs s’interrogent cependant sur la future « ouverture » à d’autres IA, comme celles de Microsoft, ou le modèle français Mistral. Les porte-parole de Samsung ont répondu qu’ils souhaitaient rester « agnostiques » et prêts à collaborer avec tout acteur concerné, mais sans s’engager sur un calendrier concret. Le partenariat privilégié avec Google reste pour le moment une priorité.

Des promesses B2B affirmées, mais en construction

Au-delà des annonces grand public, c’est la partie professionnelle que Samsung a souhaité mettre en avant, réaffirmant son ambition de répondre aux attentes des grandes entreprises. Le compte Samsung for Business illustre cette tendance : chaque DSI peut créer des comptes dédiés, distincts des profils personnels des collaborateurs, et ainsi déployer Galaxy AI dans l’environnement de travail sans nécessiter l’utilisation d’un compte privé. L’interface de configuration sera basée sur les outils Knox mis à disposition par Samsung.

La sécurité, déjà présente sur le S24, est renforcée par Know Vault, ce coprocesseur maison chargé de chiffrer localement les données sensibles manipulées par l’IA. Les échanges vers le cloud, indispensables à Gemini, restent régis par des règles de suppression rapide des informations des utilisateurs après traitement.

SDK Galaxy AI : opportunités, limites et investissements nécessaires

Afin de répondre à la demande de certains grands comptes, Samsung propose désormais un SDK Galaxy AI. L’idée est de permettre aux équipes internes ou aux éditeurs de solutions professionnelles d’intégrer les briques d’IA de Samsung (traduction, reconnaissance vocale, conversion texte-voix, etc.) dans leurs applications internes. Le gain de temps potentiel pour automatiser les tâches ou enrichir l’expérience utilisateur est important, à condition d’investir dans la compréhension et la mise en œuvre de ce SDK.

Cependant, le processus reste exigeant. D’une part, les entreprises doivent vérifier la compatibilité matérielle avec la puissance de calcul requise, surtout si elles envisagent un parc de terminaux hétérogènes. En revanche, la question des données sensibles reste cruciale. Même si Know Vault supervise le chiffrement local, les DSI doivent s’assurer que la communication entre le smartphone et leurs serveurs internes répond à toutes les exigences de conformité. Enfin, l’IA gratuite, présentée comme une évidence jusqu’à fin 2025, reste floue à plus long terme, ce qui risque de ralentir certains projets sur plusieurs années.

Performance, durabilité et positionnement prix

Le S25 est basé sur un châssis plus léger et un écran plus lumineux, capable d’améliorer l’affichage à l’aide d’algorithmes d’IA. Samsung promet également un minimum de 50 % de cobalt recyclé dans les batteries. Pour séduire les entreprises sur le long terme, la marque maintient sa politique de mises à jour de sécurité sur sept ans, ainsi qu’une gamme Enterprise Edition incluant trois ans de garantie commerciale et un an de Knox Suite.

Le lancement est prévu le 7 février. Les tarifs officiels démarrent à 899 € pour la version S25, 1 149 € pour la version S25+ et 1 469 € pour la version Ultra, proposant différents niveaux selon la configuration (256 Go, 512 Go et 1 To). . Parallèlement, quatre références seront disponibles en Enterprise Edition, preuve de l’attention portée à la cible professionnelle, même si certaines interrogations demeurent sur la viabilité financière du modèle IA à long terme.

Une transition assumée, des enjeux à clarifier

En sortant de la présentation du S25, l’impression générale est celle d’une transition technologique amorcée, mais pas achevée. Il existe quelques incertitudes sur la question du portage sur S24, la possibilité d’une facturation de l’IA après 2025 et la possibilité – ou non – d’ouvrir rapidement l’écosystème à d’autres fournisseurs d’IA. Les réponses officielles portent davantage sur l’idée de flexibilité que sur un engagement ferme, Samsung préférant rester agile dans un marché toujours en évolution.

Les grandes entreprises trouveront néanmoins de quoi intéresser leurs DSI : un environnement sécurisé, la promesse de comptes dédiés, une IA capable d’automatiser des pans entiers du travail quotidien et un SDK pensé pour s’intégrer aux applications métiers. Cette évolution pourrait marquer la consolidation d’un smartphone véritablement productif, axé sur la collaboration intelligente. Il reste à voir comment Samsung maintiendra l’équilibre entre innovation rapide, durabilité et coût d’accès, qui détermineront tous le succès à long terme du Galaxy S25 au sein des flottes d’entreprise.

Fiche technique

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