Colère après la mort de 79 personnes dans un hôtel de montagne

(Kartalkaya) La Turquie a commencé mercredi à enterrer ses morts, au lendemain d’un incendie qui a fait au moins 79 morts en pleine nuit dans un hôtel de luxe d’une station de ski du centre du pays, suscitant une vague d’émotion et de nombreux accusations de négligence.


Publié à 6h29

Mis à jour à 14h16

Fulya OZERKAN

Agence -

Dans l’après-midi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a manifesté son émotion lors des funérailles de huit membres de la famille d’un ancien membre de son parti, l’AKP, dans la capitale voisine de Bolu.

Le chef de l’Etat a été photographié en train de s’essuyer les yeux avec un mouchoir blanc, le visage marqué et dirigé vers le sol.

PHOTO MURAT CETINMUHURDAR/PPO, FOURNIE PAR REUTERS

Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors des funérailles de huit membres de la famille d’un ancien membre de son parti

Suite à des analyses ADN, le parquet de Bolu a annoncé mercredi soir que 79 personnes étaient mortes dans l’incendie de l’hôtel Grand Kartal à Kartalkaya, révisant à la hausse un précédent bilan de 76 morts.

Alors que 12 personnes restent hospitalisées mercredi soir, les médias turcs continuent d’énumérer les négligences qui ont conduit selon eux à ce très lourd bilan, dont l’absence d’alarme incendie.

“Il n’y a aucune excuse pour de tels décès en 2025”, a jugé mardi soir Özgür Özel, le leader du CHP, principal parti d’opposition turc, devant l’imposant hôtel à la façade noircie où avaient lieu les perquisitions. place mercredi pour retrouver d’éventuelles victimes, en pleine journée de deuil national.

Durant cette période de vacances scolaires en Turquie, des familles entières qui séjournaient dans cet établissement de luxe, situé à deux heures d’Ankara et à moins de quatre d’Istanbul, ont été décimées, surprises dans leur sommeil par les flammes et la fumée.

« Des flammes partout »

« Quand je suis arrivé, il y avait des flammes partout, on entendait des cris. […] J’ai vu une personne s’échapper par la fenêtre”, a déclaré à l’AFP Cevdet Can, directeur d’une école de ski de la station, se disant très “affecté” par la mort d’un nombre important d’enfants.

“J’ai perdu cinq de mes élèves”, a déclaré à l’AFP un moniteur de ski, Necmi Kepcetutan, lui-même ayant échappé aux flammes.

D’autres survivants ont dénoncé mardi l’absence d’alarme incendie et de portes coupe-feu dans l’hôtel Grand Kartal.

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PHOTO OZAN KOSE, AGENCE -

Un secouriste turc regarde par la fenêtre d’une chambre, à côté d’une fenêtre sur laquelle est attaché un drap.

Onze personnes, dont un adjoint au maire de Bolu, le chef des pompiers de la ville, le propriétaire du Grand Kartal, son directeur général et son chef électricien, ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête ouverte par le ministère de la Justice, qui lui a assigné six procureurs.

La direction de l’hôtel a exprimé “sa tristesse”, assurant “coopérer avec les autorités pour faire la lumière sur cet accident”.

L’établissement de luxe (plusieurs centaines d’euros la nuit) affichait pratiquement complet pendant ces vacances scolaires d’hiver en Turquie, avec 238 clients inscrits.

“Négligence”

Selon le ministère du Tourisme, l’hôtel avait été « contrôlé » par les pompiers en 2021 et 2024, mais plusieurs médias turcs ont affirmé mercredi que la dernière inspection remontait en réalité à 2007.

Le ministère et la municipalité d’opposition de Bolu se transmettent la responsabilité des certifications de conformité aux normes de sécurité.

L’agence étatique Anadolu a publié mercredi un document daté du 2 janvier, délivré par la municipalité de Bolu, attestant de la conformité d’un nouveau « café-restaurant » de 70 m2 aménagé à 4e étage de l’hôtel, où l’incendie s’est déclaré selon la presse turque.

Les autorités ont déclaré que l’incendie s’était déclaré mardi peu avant 3 h 30 (19 h 30, heure de l’Est) et que les pompiers étaient arrivés sur les lieux dans les 45 minutes. Mais des témoins et des survivants affirment que l’incendie s’est déclaré plus tôt.

“Ce n’est pas l’incendie, mais la négligence qui a causé la mort” des vacanciers, a jugé le quotidien progouvernemental Hürriyet.

Le ministre du Tourisme a démenti l’absence d’escaliers de secours, évoquée par certains survivants, affirmant que l’hôtel en possédait deux.

“J’ai vu des sorties de secours, mais je vous conseille de comparer celles des hôtels voisins à celles de cet hôtel…”, a déclaré à l’AFP un secouriste de l’Agence gouvernementale de gestion des catastrophes sous couvert d’anonymat. (AFAD).

 
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