Un petit scénario vaut parfois mieux qu’un long discours : ce mercredi Keolis, le délégué chargé de la gestion du réseau de bus et tramway Bisontin, a installé un de ses bus sur la place de la Révolution. L’objectif : permettre aux utilisateurs de prendre place aux commandes et de mesurer eux-mêmes l’importance des angles morts. Des silhouettes représentant des piétons et des cyclistes avaient été placées tout autour du véhicule. Des silhouettes immenses. Il est cependant impossible de les apercevoir dans les rétroviseurs, une fois assis au volant. « C’est choquant », résume Adam, un garçon de 13 ans, surpris de découvrir tout ce qui est caché aux yeux des chauffeurs de bus.
Cette opération de sensibilisation s’inscrit dans une campagne plus large, destinée au grand public. L’idée : rappeler les règles tout en évitant les « discours répressifs et/ou moralisateurs ». Résultat : des visuels mettant en scène un homme prénommé « Max » qui « manque parfois d’attention et de vigilance » et qui « ne respecte pas toujours la signalisation routière ».
Car, souligne Keolis, les incidents et accidents enregistrés sur le réseau sont très souvent le résultat du comportement de tiers. Concernant le tramway, toujours selon le délégué, « 98 % des accidents sont dus au non-respect des règles de sécurité » par les automobilistes, piétons et cyclistes, qui brûlent des feux rouges, traversent sans regarder ou même oublient qu’un tramway peut en cacher un autre. Soit 19 collisions en 2024.
En dessous de la moyenne nationale
Au total, en 2024, 230 incidents et accidents ont été enregistrés sur le réseau. 28 pour le tramway (qui cumule plus d’un million de kilomètres par an, souligne Laurent Sénécat, le directeur général de Keolis Besançon), 202 pour le bus (soit un accident tous les 22 700 km).
230, c’est plus qu’en 2023 – une année « exceptionnelle » selon Keolis – mais c’est encore « très en dessous de la moyenne nationale », souligne Laurent Sénécat.
Le directeur général de Keolis souligne surtout que, derrière les incidents et accidents enregistrés, il y a aussi tous les accidents évités, soit « près de 200 chaque année » concernant le tramway. Des non-événements pour piétons-cyclistes-automobilistes imprudents qui laissent pourtant des traces. Car le freinage d’urgence, s’il permet d’éviter une collision, peut entraîner des chutes à l’intérieur des bus et des tramways et donc des blessures. Des cas en hausse, soit, en 2024, 44 chutes enregistrées sur le réseau (35 dans les bus, 9 dans les tramways).
-Les collisions évitées laissent également des traces dans l’esprit des conducteurs. Laurent, qui témoigne dans l’une des vidéos mises en ligne sur le site Ginko, n’est pas près d’oublier le moment où une piétonne a soudainement traversé « à moins d’un mètre de son bus » : « J’ai dû freiner, très très très fort. ». Résultat : plusieurs blessés dans son véhicule.
Des drames évités de peu
Les accidents mortels sont rares (deux ces dix dernières années sur l’ensemble du réseau) mais les conducteurs ont tous en tête une situation qui aurait pu tourner au véritable drame. L’un d’eux raconte la collision à 40 km/h avec une personne en scooter qui, cachée jusqu’au dernier moment par un autre tramway, avait traversé devant son train. La victime a finalement repris conscience mais le conducteur se souvient encore de son corps allongé là et immobile.
« Chaque incident fait l’objet d’une analyse détaillée », souligne Keolis Besançon. Et les conducteurs sont tous « formés pour anticiper au mieux » les différentes situations. Il ne reste plus qu’à sensibiliser les autres usagers de la route. Deux autres journées d’action sont prévues : le 28 janvier au « carrefour de la République » et le 30 janvier à Chamars.
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