quand le réalisateur se confiait dans « Sud Ouest », en 1974

quand le réalisateur se confiait dans « Sud Ouest », en 1974
quand le réalisateur se confiait dans « Sud Ouest », en 1974

Calme, mesuré, le regard d’un philosophe tranquille… Comment penser que Bertrand Blier soit l’auteur d’un toast contestataire, baptisé « Les Valseuses », tellement hors des normes, même les plus révolutionnaires, que ce film est fait pour faire sourciller. des dents de tous les côtés…

Bertrand Blier (rappelons qu’il est le fils de Bernard) aime et admire son père, mais préfère la carrière d’auteur et de réalisateur à celle d’acteur. Il s’est d’abord distingué avec une expérience cinématographique sur la jeunesse, « Hitler, je ne sais pas », qui, par sa franchise et sa vérité crue, soulevait déjà quelques polémiques.

Par la suite, raconte-t-il, j’ai travaillé sur quelques projets de films qui n’ont pas abouti, mais en même temps j’étais passionné par mon deuxième métier, celui d’écrivain. J’ai donc publié « les Valseuses ». Le livre divise les critiques, et même certains lecteurs, en deux camps. Pas de demi-mesures. Nous sommes pour ou contre. Pour le film, ce sera sans doute la même chose.

Comme vous l’avez vous-même porté à l’écran, au moins vous êtes certain de ne pas avoir été trahi !

Je pense, en fait, que j’ai été fidèle à moi-même. Mais le cinéma est pourtant une autre vision, même si je n’ai pas eu à faire de transposition psychologique. Dans « Les Valseuses », tout est direct, instinctif, les personnages ne se prêtent pas à l’analyse. Personne non plus ne peut les revendiquer, et c’est pourquoi je ne dois attendre le soutien d’aucun groupe politique ou social.

Deux « crétins intelligents »

Les deux héros des « Valseuses », en effet, ne sont pas plus fascistes que gauchistes. Ils vivent le moment présent sans réfléchir, volent sans aucune notion de culpabilité, maltraitent les femmes sans aucune notion de pudeur, s’amusent au quotidien, ne pensent pas à refaire le monde. Ils sont odieux par leur comportement, désarmants par leur inconscience. C’est sans le savoir qu’ils sont peut-être les anarchistes les plus purs, ceux qui ne respectent rien ni personne, dérangent tout ce qui est organisé, et ne sont coupables de rien puisqu’ils ignorent la culpabilité.

Des gens stupides, commente Bertrand Blier, mais des abrutis intelligents, ce qui est énervant. Ils se jettent dans des situations incroyables, insupportables, parce que dans leur tête ça ne va pas. Si je filmais leur comportement avec un réalisme total, ce serait insupportable. Mais j’utilise l’humour. Ce n’est que par l’humour que l’on peut justifier des réactions injustifiables.

Jouez-vous aussi la carte érotique ?

Certainement pas. Il y a des scènes qu’on pourrait qualifier d’« audacieuses », mais elles sont anti-érotiques, une démystification totale de l’amour. C’est pour cela que le public féminin qui verra ce film m’inquiète. J’ai peur que les femmes soient choquées, car elles sont plutôt maltraitées.

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Même Jeanne Moreau ?

Surtout Jeanne Moreau. Mes personnages ne lui rendent pas service, pas plus qu’à Miou Miou, la fille qui, du début à la fin, sera leur victime, bien volontaire d’ailleurs.


Bertrand Blier et Jeanne Moreau.

CP

Attendez-vous beaucoup, semble-t-il, de Gérard Depardieu ?

Parce qu’il s’identifie de façon fantastique à son personnage libre et amoral, tout en un seul morceau, à la fois comique et inquiétant. C’est écrit pour lui. Ce sera un rôle majeur, un peu à l’image de ce qu’était « À bout de souffle » pour Jean-Paul Belmondo. Depardieu est unique, atypique, ne ressemble à personne. Je pense qu’il aurait été l’acteur idéal dans « Orange mécanique ». Son ami Patrick Dewaere n’est d’ailleurs pas mal non plus. Et puis, il faut remarquer un autre garçon, Jacques Chailleux, une sorte de Le Vigan, jeune, très drôle et une vraie bête de cinéma.

La mise en scène est-elle aussi libre que les personnages ?

Ce que je peux vous dire, c’est que ça bouge beaucoup, à la manière d’une véritable bande dessinée, avec des ellipses, des changements de décor continus, des séquences directes. Jamais d’action intermédiaire ; des personnages toujours en mouvement.

Votre prochain film sera-t-il du même esprit ?

J’ai développé un goût pour la littérature. Avant mon prochain film, je veux écrire un livre. Mais quand je refais des films, je veux que ce soit toujours agressif et picaresque, un peu comme « Butch Cassidy » et « The Kid ».

 
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