Journée « Libération » des « otages » du 6 janvier

(Washington) Tout le monde attendait dans le noir et le froid.

Puis, quelques minutes avant 20 heures, une femme a vu passer une voiture. “Il y avait un homme avec une barbe, je pense que c’est Jake…”

Au lendemain de la grâce générale de tous les insurgés du 6 janvier 2021 décrétée par Donald Trump, il y avait encore mardi soir une vingtaine de détenus dans la prison de Washington. Mais personne ne savait quand ni comment les « graciés » seraient libérés.

Une centaine de sympathisants, webdiffuseurs, membres de familles et journalistes attendaient devant le centre de détention.

Ce n’était pas une fausse rumeur : Jake Lang, emprisonné depuis quatre ans, toujours en attente de procès pour agression sur des policiers du Capitole, avait été emmené dans une rue par les autorités pénitentiaires.

PHOTO JON CHERRY, REUTERS

Jake Lang, Bible à la main, a été accueilli mardi par ses partisans et ses proches alors qu’il quittait le centre de détention de Washington.

Il est désormais un homme libre.

L’homme de 29 ans a serré longuement dans ses bras son père, Nad Lang, un petit entrepreneur en plomberie de Pennsylvanie. “J’étais vraiment en colère contre mon fils quand j’ai découvert ce qui s’était passé”, a déclaré le père aux journalistes 15 minutes avant sa libération. Mais au bout de deux semaines, j’ai regardé les vidéos. Et on voit que la police les a attaqués. La police les a laissés entrer, ils les ont forcés coups de poing [poing-à-poing] »

PHOTO YVES BOISVERT, THE PRESS

Nad Lang, devant le centre de détention de Washington, attendant la libération de son fils Jake mardi

Pour lui, comme pour un grand nombre d’Américains, la justice fédérale a été politisée à l’encontre des personnes de bonne volonté.

Jake Lang, que l’on peut voir sur des vidéos en tenue de combat le jour du 6 janvier 2021, a multiplié les contestations devant les tribunaux. Il devait finalement être jugé en février pour voies de fait sur des policiers.

Tout cela est désormais effacé, par la grâce de Trump et, selon lui, de Dieu lui-même. Parce qu’il a trouvé Dieu en prison.

Bible en main, le jeune homme, qui promet de faire le tour des églises, a parlé tel un prophète.

« Hommes et femmes pacifiques, qui ont été attaqués et se sont défendus, alors que nous aurions pu fuir, nous avons maintenu nos positions dans la maison du peuple et nous nous sommes levés en hommes libres contre la tyrannie. Nous n’avons plus besoin de nous cacher, de ramper dans les recoins de Facebook et d’Instagram, nous avons X, nous avons Trump, nous avons Musk, nous sommes de retour !

« Président Trump, vous avez été guidé par Dieu, vous avez suivi son chemin comme les gouttes d’eau tombant une à une pour remplir patiemment le Grand Canyon, et se transformant en torrent… »

Trois autres détenus ont été libérés au même moment mardi soir à Washington, où sont incarcérés uniquement ceux en attente de jugement ou de condamnation.

Partout au pays, des condamnés ont été libérés des pénitenciers fédéraux, tandis que d’autres, déjà libérés, ont vu leur dossier effacé. Environ 1 000 personnes ont été reconnues coupables ou ont plaidé coupables pour diverses infractions liées à l’attaque du Capitole. Environ 400 autres personnes attendaient leur procès, tandis que d’autres étaient toujours recherchées par la police fédérale.

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PHOTO JASON ANDREW, ARCHIVES DU NEW YORK TIMES

Partisans de Donald Trump sur les marches du Capitole, le 6 janvier 2021

Tous ont été purement et simplement graciés, sauf 14 reconnus coupables des crimes les plus graves. Ils ont bénéficié d’une peine commuée et sont donc libres ou sur le point de l’être. Parmi eux, des chefs de milices comme les Oath Keepers ou les Proud Boys.

Mardi soir, il y avait des habitués aux veillées de soutien que j’ai vues cette année autour de la prison.

Mais il y avait aussi l’une des stars du complot mondial, Ivan Raiklin, ancien « Béret vert », les troupes d’élite de l’armée américaine, qui promet une nouvelle ère de châtiment pour ceux qui ont persécuté les « patriotes ».

«Je suis le secrétaire du Châtiment et la tour de guet de l’État profond», m’a-t-il dit. Il a une liste d’environ 1 400 personnes qui doivent affronter les foudres de la justice : procureurs, journalistes, officiers de haut rang, hommes politiques, etc. Le premier sur sa liste est le général Mark Milley, chef d’état-major sous Trump (mais qui a qualifié Trump de « fasciste”). Il mérite la peine de mort pour haute trahison, selon Raiklin.

« Je veux que justice soit rendue équitablement, selon nos lois, par un jury. »

Micki Witthoeft, l’un des fondateurs des veillées de soutien, était présent mardi soir. Elle n’attend que quelqu’un soit libéré. Sa fille, Ashli ​​​​Babbitt, est décédée ce jour-là. Pendant deux ans et demi, soir après soir, elle est venue apporter son soutien moral aux accusés et condamnés… et dire que sa fille n’était pas une criminelle.

«J’ai hâte de retourner à San Diego», m’a-t-elle dit.

PHOTO YVES BOISVERT, THE PRESS

Roger, qui diffuse chaque soir des émissions de soutien aux détenus depuis deux ans et demi, va retourner dans le Dakota du Nord maintenant que les insurgés ont été libérés.

Roger, un vétéran du Dakota du Nord, a déménagé à Washington pour être ici tous les soirs et pour diffuser les soirées de soutien sur le Web.

«Je me suis fait des amis, mais j’ai hâte de retourner dans le Dakota du Nord, je déteste cette ville», m’a-t-il dit.

Tandis que les familles des accusés et des condamnés triomphaient, ceux qui avaient subi l’assaut du Capitole se sentaient abandonnés par la nouvelle administration. D’ailleurs, la plupart des Américains désapprouvent ces grâces massives.

Michael Fanone, l’un des policiers du Capitole agressés le 6 janvier 2021, s’est dit « trahi par [son] pays », dans une interview avec CNN.

« Que vous ayez voté pour Trump pour telle ou telle raison, il n’en demeure pas moins que six individus m’ont agressé alors que je faisais mon travail, menacé ma vie et celle de ma famille et d’autres de mes collègues. Ils sont les champions de l’hypocrisie et prétendent soutenir l’ordre public. »

Et rappelons que Trump a annoncé sa candidature à Waco, au Texas, lieu hautement symbolique pour les milices antigouvernementales.

Mais en ce mardi soir froid à Washington, les « patriotes » se sont enfin sentis réchauffés par le gouvernement fédéral.

 
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