Par
Frédéric Jouvet
Publié le
22 janvier 2025 à 6h00
30 ans ont passé mais le souvenir reste douloureux. Christian Lecomte, habitant de Saint-Pavace (Sarthe), et Michel Rioux, originaire du Mans, ont souffert comme les autres habitants inondations importantes lors des inondations qui ont touché le département en 1995.
Aux dommages financiers s’ajoutent les dommages moraux lors de la catastrophe mais également liés aux anxiété voir le phénomène se répéter.
Leurs maisons inondées en 1995 : « on ne s’en est jamais remis »
Les inondations historiques de 1995 ont durement frappé certains habitants, dont Christian Lecomte. « La maison était habitable et nous n’y parvenions pas », se souvient-il. « Nous sommes restés deux mois sans y vivre. »
Ma femme et moi ne nous en sommes jamais remis. Vous possédez une maison, un terrain de 1 400 mètres carrés et vous vous retrouvez sur un matelas dans un logement qui vous est prêté.
Si une partie du dommage est matérielle, le choc psychologique était particulièrement violent. « On avait des diapositives avec des membres de la famille décédés qui disparaissaient au fil du temps », soupire Christian Lecomte.
Le souvenir est tout aussi vivace pour Michel Rioux dont la maison a été inondée dans le quartier de Pontlieue au Mans.
« Ma maison a été construite dans les années 1980 et a été surélevée. Les inondations n’ont touché que la partie basse mais de nombreux objets et murs ont été impactés. Il fallait tout refaire», rembobine celui à la tête de l’ADSPQI (association de défense des sinistrés des zones inondables).
Il y a le facteur psychologique, c’est difficile de se remettre sur pied, ça a un impact sur votre famille, vos enfants…
Le Manceau se souvient des coupures de gaz, d’eau et d’électricité. De son côté, il avait choisi de rester vivre dans sa maison par crainte d’éventuelles pillage.
-“C’était une crue qui a duré une dizaine de jours avec des séquelles durables” après le retrait de la crue.
Crainte de nouvelles inondations
Si 30 ans se sont écoulés, le spectre des inondations de 1995 n’est jamais loin. Chaque hiver, Christian Lecomte surveille montée des eaux et considère que l’urbanisation de la zone nord du Mans a accentué le phénomène. « Avant, les champs buvaient l’eau, maintenant l’eau vient d’en bas de nous. »
Le Sarthois, installé à Saint-Pavace en 1979, évoque un préjudice d’anxiété face à la peur de voir cet événement se répéter.
« Au-delà de l’impact financier, chaque année, je vois l’eau monter dans les champs derrière chez moi. Et je me dis que si ça dure, on est prêts à repartir”, souffle Christian Lecomte.
« L’hiver nous ralentit. Nous avons ceci peur climatique : est-ce que d’autres inondations arrivent ? », ajoute Michel Rioux.
De lourds dégâts financiers
Les inondations de 1995 ont également eu des conséquences sur valeur immobilière de la maison Christian Lecomte. Le Palvinéen indique que des études ont révélé que sa maison avait perdu 40 000 euros de valeur.
Plus récemment, un expert de Le Mans Métropole a réalisé un diagnostic gratuit dans le cadre du PPRI (Plan de Prévention des Risques Inondations). Le montant de 8 000 euros pour des travaux visant à protéger son domicile a été estimé.
“Nous avons évidemment perdu de l’argent et nous allons en perdre encore pour des travaux qui doivent nous protéger des inondations”, explique le propriétaire qui devrait avancer ces 8 000 euros.La rémunération peut aller jusqu’à 80 % dans le cadre de ce fonds Barnier. Il note : « Jusqu’à 80 % ne veut pas dire 80 % »
Une double peine pour Christian Lecomte qui, avec Michel Rioux et les autres membres de l’association, souhaite que les pouvoirs publics prennent à bras-le-corps la question de la prévention des risques d’inondation.
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