Ces débats, organisés au Parlement européen quelques heures seulement après la prestation de serment du président américain sous la coupole du Capitole, illustrent la douloureuse introspection dans laquelle est plongé le Vieux continent.
Depuis le scrutin de novembre, les dirigeants européens ne cessent d’affirmer que le retour de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale était cette fois bien attendu.
Tout comme ses menaces de « voler des emplois » aux pays alliés, de matraquer le continent avec des taxes douanières, de suspendre l’aide américaine à l’Ukraine ou de fermer la porte à l’Otan.
Mais face aux déclarations chocs du tempétueux septuagénaire et au soutien sans équivoque d’Elon Musk au parti d’extrême droite allemand AfD, certains députés dénoncent au contraire l’attentisme, voire la fébrilité de Bruxelles.
« Nous partageons beaucoup de choses avec les Américains, mais en même temps, il ne faut pas être naïf », prévient la centriste Marie-Pierre Vedrenne, du groupe Renew. « Nous ne devons pas nous laisser dicter nos actions par Donald Trump ou Elon Musk », plaide-t-elle auprès des journalistes.
“Quand les animaux ont peur, ils attaquent deux fois plus violemment”, renchérit la socialiste Laura Ballarin Cereza, “inquiète” de la réponse européenne aux offensives du président américain et patron du réseau social X, Elon Musk.
Sur ces questions, l’Europe est-elle capable de parler d’une seule voix ?
-C’est tout l’objet de ces débats à Strasbourg.
Mardi matin, une majorité d’eurodéputés critiqueront sans doute les « ingérences » de M. Musk en Europe. Après avoir comblé la campagne de Donald Trump de millions de dollars, l’homme le plus riche de la planète a pris fait et cause pour l’AfD en Allemagne et a organisé une conversation sur son programme avec la candidate du parti à la chancelière Alice Weidel, avant les élections de février.
De nombreux élus feront également pression sur la Commission pour qu’elle sanctionne le réseau social et son patron pour d’éventuelles violations de la puissante régulation européenne du numérique, la DSA.
Mais Donald Trump et Elon Musk, également patron de Tesla, suscitent également la fascination, voire l’adulation, de certains eurodéputés. Une dizaine d’entre eux se sont rendus à Washington pour participer dans le froid polaire aux festivités liées à l’investiture du républicain, tout comme la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
Les appels à plus de fermeté de la part de la Commission dans son application du « Digital Services Act » – qui pourrait exposer Elon Musk à de lourdes amendes – ont ainsi été fermement rejetés par l’extrême droite européenne.
“Nous sommes habitués à voir ce type de censure en Chine ou à Cuba”, s’est insurgé le porte-parole des Patriotes, Alonso De Mendoza Asensi. “C’est vraiment inquiétant de voir que cela se produit actuellement en Europe”, a-t-il dénoncé.