de l’autre côté du brouillard

de l’autre côté du brouillard
de l’autre côté du brouillard

En politique étrangère, Donald J. Trump privilégie une approche transactionnelle qui privilégie l’intimidation plutôt que la diplomatie. Il agit comme un pyromane dans les affaires ukrainiennes, gazaouies et taïwanaises. Dans un souci protectionniste, il a annoncé vouloir rompre les relations commerciales avec ses partenaires naturels. Il tient également un discours impérialiste digne du XIXe siècle contre le Groenland, le Panama et même le Canada.

En matière de politique intérieure, Trump envisage de réduire drastiquement les dépenses fédérales et ainsi saboter toute capacité d’action de l’État à intervenir en matière sociale. Il s’allie à l’élite libertaire (dont Elon Musk constitue l’incarnation suprême), il travestit la vérité et fait croire que le progrès passe nécessairement par une dérégulation tous azimuts (notamment en matière d’énergie ou d’intelligence artificielle). ). Surtout, son discours qui divise exacerbe les positions racistes, misogynes et anti-institutionnelles dans tout le pays et ailleurs dans le monde.

Nul doute que le monde post-Trump de 2029 (s’il ne reste pas au pouvoir par la force après cette date) sera plus inégalitaire et plus précaire. Quant au dérèglement climatique, mentionnons simplement que les inondations récurrentes, ou les incendies comme Jasper 2024 ou Los Angeles 2025, seront monnaie courante et laisseront les populations dans un désarroi encore plus grand, compte tenu du désengagement attendu des États et des compagnies d’assurance. . Les droits des minorités auront reculé. Les médias traditionnels n’auront probablement plus les moyens dont ils disposent aujourd’hui pour agir comme contre-pouvoir. Bref, janvier 2025 constitue le début du deuxième mandat de Trump à la présidence des États-Unis d’Amérique, mais aussi l’entrée dans un immense brouillard au-delà duquel le monde aura irrémédiablement changé.

De telles périodes de déclin et de déviations sont fréquentes dans l’histoire. L’humanité étant capable du meilleur comme du pire, tous les scénarios sont sur la table pour l’avenir du monde. Après Trump, rien ne garantit certes une lente agonie de l’espèce humaine, mais ni un retour automatique au progrès. De l’autre côté de ce brouillard épais, aux Etats-Unis comme ailleurs, la société civile doit être politiquement prête à formuler des alternatives ambitieuses au monde actuel et crier haut et fort son « refus global » d’un système qui condamne l’humanité dans les droits de l’homme.

Au fond, le premier quart du XXIe siècle s’est déroulé sous le sceau d’immenses revers dont Trump ne représente que l’aboutissement, et ce, au nom d’une nécessité de faire croître nos économies à tout prix. « Au refus global nous opposons l’entière responsabilité », écrivait l’artiste Paul-Émile Borduas en 1948 en référence à une société canadienne-française qui devait s’extirper du traditionalisme et relever les défis de la modernité.

De la même manière, les réponses à formuler dans notre monde contemporain devront se révéler aussi radicales et ambitieuses que peuvent l’être les positions de Trump et de ses partisans aujourd’hui. Cela suppose une redéfinition du concept de progrès pour refuser de l’associer à la productivité, à la croissance et à la destruction. Au-delà de 2029, il faudra créer des sociétés civiles fortes, dotées de lieux de délibération solides. Qui saura rassembler des personnes de tous horizons politiques. Qui saura élaborer des offres politiques cohérentes. Mais surtout, qui saura se mettre d’accord sur certains principes fondamentaux de sociétés qui veulent durer. À gauche comme à droite, il faudra reconnaître que le chemin vers le XXIIe siècle doit se faire dans le respect d’au moins deux principes fondamentaux : un objectif ambitieux de réduction des inégalités socio-économiques et la reconnaissance de l’urgence climatique.

-

Loin d’être une période de dormance pour l’engagement citoyen, la période 2025-2029 doit représenter cette période de gestation qui donnera naissance, de l’autre côté du brouillard, à un monde plus progressiste pour la décennie 2030 et au-delà.

Daniel Landry

Professeur de sociologie

Laflèche College, Trois-Rivières

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV comment « Le Monde » a traité les débats sur l’autorisation de l’avortement
NEXT Début d’incendie au magasin Trafic de Florenville, voiture en feu à Aubange